États-Unis (1980-1981): Ni reflux ni renaissance...
Publié le 15/09/2020
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États-Unis 1980-1981
Ni reflux ni renaissance...
L'économie américaine est entrée, depuis la fin des années 1
960, dans une période de déséquilibres
conjoncturels qui reflètent la crise profonde de son mode de croissan
ce.
Elle n'est cependant engagée ni
dans la voie d'un déclin inévitable, ni dans celle d'un redresseme
nt irréversible, même si une sortie
prochaine de la crise semble peu probable.
Des intérêts contradict
oires s'affrontent pour définir un
nouveau mode de croissance, dont aucun ne paraît pour l'instant domin
er.
Car, si les élections de
novembre 1980 ont clarifié certains aspects du rapport de forces poli
tique, les ambiguïtés demeurent - et
1981 ne paraît pas ouvrir une période très différente des pr
écédentes.
La récession
1980 est une année de récession, dans la mesure où le PNB a dim
inué.
Il ne s'agit pas là d'un
phénomène nouveau: contrairement à la plupart des pays europé
ens, les États-Unis connaissent des
fluctuations conjoncturelles brutales, et la récession de 1980 est la
huitième depuis la fin de la Seconde
Guerre mondiale.
Ce n'est pas le second choc pétrolier qui l'a provoquée: il l'a au
contraire différée et en a diminué
l'ampleur en accélérant un processus inflationniste.
La situation
énergétique était en effet, fin 1979, très
différente de ce qu'elle fut fin 1973.
Après être passée de
25% en 1970 à 50% en 1977, la part de la
consommation énergétique couverte par les importations s'est stabi
lisée, mais les quantités importées ont
augmenté en même temps que la consommation d'énergie.
Alors que
le premier "choc pétrolier" avait fait
passer la facture énergétique de 6,5 milliards de dollars en 1973
à 22 milliards en 1974, le second l'a ainsi
porté de 38 milliards en 1978 à 71 milliards en 1980...
Au cours d
es années précédentes, les intérêts
contradictoires des différents secteurs dominants ont empêché p
ar ailleurs la mise en oeuvre d'une
politique cohérente susceptible de diminuer la dépendance énerg
étique extérieure.
Le "décontrôle" des
prix intérieurs de l'énergie (leur alignement sur les niveaux de
prix du marché mondial) a été la seule
mesure possible.
Cet alignement sur des prix à l'origine très supé
rieurs, et de surcroît en hausse, a donc
provoqué une augmentation importante des prix intérieurs.
C'est cette augmentation des prix qui a accentué le processus inflati
onniste: dès 1966, le rythme de
croissance annuelle des prix de détail (qui oscillait depuis une diz
aine d'années aux environs de 2%) s'est
accéléré ; en 1980, on enregistrait un taux de 12,5%, le plus é
levé depuis 1947.
Cette hausse des prix a provoqué, à partir de fin 1979, des compor
tements de fuite devant la monnaie,
qui ont enrayé l'amorce de récession.
La croissance spéculative
et artificielle qui a alors marqué le début
de l'année a été brutalement interrompue par le durcissement de
la politique monétaire.
Elle a provoqué
au second trimestre une chute de l'activité économique d'une rare
ampleur, avant de reprendre au
moment du relâchement pré-électoral de la politique économiq
ue.
Au-delà donc de mouvements à très court terme assez chaotiques,
le PNB s'est abaissé de près de 1% en
1980: c'est là la première phase d'une récession qui devait se
poursuivre pendant une partie de l'année
1981.
Cette phase peut se résumer, pour les travailleurs américain
s, en quelques chiffres.
Entre janvier et
décembre, le pouvoir d'achat du salaire hebdomadaire moyen s'est abai
ssé de 2,5%.
Le nombre des
chômeurs est passé de 6,4 à 7,8 millions, soit d'un taux de 6,2
% à 7,4% en moyenne et avec de grandes
disparités: à la fin de l'année, le taux de chômage était
de 6,5% pour les Blancs et de 14% pour les
Noirs.
Dans les pays étrangers, principalement européens, l'évolution
de l'économie américaine a entraîné la
dégradation des paiements extérieurs et la récession.
La balanc
e courante des États-Unis s'est en effet
rééquilibrée en 1980, malgré le poids de la facture énerg
étique: d'une part, à cause de la forte croissance
de l'excédent des échanges de produits manufacturés (résult
at de la sensible poussée des exportations
américaines) ; d'autre part, en raison de l'important rapatriement d
es profits tirés des investissements à
l'étranger.
La hausse des taux d'intérêt, pratiquée par les
États-Unis presque toute l'année, a contraint.
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