Est-il vrai que seul l'individu pense ?
Publié le 10/12/2021
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Elle peut désigner plus particulièrement l'activité intellectuelle, l'activité réfléchie de la raison qui organise un ensemble d'intuitions (la pensée étant alors l'activité de connaissance par le moyen de règles logiques et de concepts) et c'est en ce sens que nous l'entendrons ici. Il s'agira de c que l'esprit imagine ou conçoit, des opinions et des jugement. Descartes, à ce propos, évoque le fait que nous avons la connaissance de la pensée avant d'avoir celle du corps, et quela connaissance de la pensée est moins douteuse que celle du corps : « Or, afin de savoir comment la connaissance que nous avons de notre pensée précède celle que nous avons du corps, et qu'elle est incomparablement plus évidente, et telle qu'encore qu'il ne fût point nous aurions raison de conclure qu'elle ne laisserait pas d'être tout ce qu'elle est, nous remarquerons qu'il est manifeste, par une lumière qui est naturellement en nos âmes, que le néant n'a aucunes qualités ni propriétés qui lui soient affectées, et qu'où nous en apercevons quelques-unes il se doit trouver nécessairement une chose ou substance dont elles dépendent. Cette même lumière nous montre aussi que nous connaissons d'autant mieux une chose ou substance, que nous remarquons en elle davantage de propriétés; or, il est certain que nous en remarquons beaucoup plus en notre pensée qu'en aucune autre chose, d'autant qu'il n'y a rien qui nous excite à connaître quoi que ce soit, qui ne nous porte encore plus certainement à connaître notre pensée. Par exemple, si je me persuade qu'il y a une terre à cause que je la touche ou que je la vois : de cela même, par une raison encore plus forte, je dois être persuadé que ma pensée est ou existe, à cause qu'il se peut faire que je pense toucher la terre, encore qu'il n'y ait peut-être aucune terre au monde; et qu'il n'est pas possible que moi, c'est-à-dire mon âme, ne soit rien pendant qu'elle a cette pensée; nous pouvons conclure le même de toutes les autres choses qui nous viennent en la pensée, à savoir, que nous, qui les pensons, existons, encore qu'elles soient peut être fausses ou qu'elles n'aient aucune existence. » Est-il vrai que seul l'individu pense? Le sujet, en tant qu'unité d'une communauté, a-t-il une activité intellectuelle absolument solitaire ? Quelle est la nature de la pensée, est-elle purement individuelle ou peut-elle être collective ? I. La plupart des gens pensent que la pensée est un phénomène absolument individuel, dans la mesure où chaque individu est différent des autres individus, comme le rappelle d'ailleurs Max Stirner dans L'unique : « Personne n'est mon semblable, ma chair n'est pas leur chair, ni ma pensée leur pensée.
On pourrait croire que penser est l'activité la plus individuelle possible, et pourtant, on des expressions telles que « penser ensemble à quelque chose « ou « faire partager ses pensées « signale qu'en fait, la pensée n'est peut être pas une activité purement solitaire. Mais avant tout, il faut définir les termes de pensée et d'individu. Le substantif « individu « est issu du latin « individuum « qui signifiait indivisible, atome. Ce terme qualifie aujourd'hui toute entité autonome qui ne peut être ni partagée ni divisée sans perdre les caractéristiques qui lui sont propres. En biologie, l'individu est une être vivant indivisible doté d'une unité intérieure et d'une solidarité fonctionnelle entre ses parties. L'individu, qu'il s'agisse d'un être humain ou de toute autre espèce, bénéficie d'une relative autonomie par rapport à son milieu ambiant et par rapport aux autres individus de la même espèce. Il est une réalité unique et singulière. Dans notre cas, il s'agira d'un sujet considéré en tant qu'unité dans une communauté. C'est en ce sens que Cournot entend le terme individu dans cet extrait du Traité de l'enchaînement des idées traitant de la place des particularités individuelles dans l'histoire : « Non seulement les individualités humaines vivent et meurent; mais encore ces agrégations vivantes qu'on appelle des races, des peuples, des nations, avec tous les organismes, vivants aussi, qu'elles ont la vertu de produire, en fait de langues, d'arts, de poésie, d'institutions de toutes sortes, sont nées, ont péri, ont parcouru toutes les phases de la vie dans un espace de temps où les autres types vivants avaient acquis une fixité au moins relative. Donc, nous ne nous trouvons plus dans ce cas où les particularités individuelles se compensent, s'effacent, disparaissent à la faveur du grand nombre des individualités et du long laps de temps. L'individualité, le fait particulier, avec ce qu'il a de privativement caractéristique, est ce qui fixe et ce qui doit fixer notre attention. Donc, nous ne sommes plus dans les conditions ordinaires de la science qui en général fait et doit faire abstraction des individus : donc, nous nous trouvons en pleine histoire, en face de toutes les singularités de la destinée. « Le substantif pensée est issu du latin « pensare « qui est le fréquentatif de « pendere «, verbe signifiant peser, prendre. L'extention de cette notion est très variable. Il peut s'agir de la faculté de penser, de la totalité de la vie psychique (consciente ou inconsciente). Donc, au sens large, la pensée est l'activité psychique dans son ensemble, de tout ce que l'âme éprouve, connaît ou ressent. L'expression « penser à « une personne ou une chose marque l'intentionnalité de la pensée vers un objet. « Pensée « peut aussi désigner la seule conscience. Elle peut désigner plus particulièrement l'activité intellectuelle, l'activité réfléchie de la raison qui organise un ensemble d'intuitions (la pensée étant alors l'activité de connaissance par le moyen de règles logiques et de concepts) et c'est en ce sens que nous l'entendrons ici. Il s'agira de c que l'esprit imagine ou conçoit, des opinions et des jugement. Descartes, à ce propos, évoque le fait que nous avons la connaissance de la pensée avant d'avoir celle du corps, et quela connaissance de la pensée est moins douteuse que celle du corps : « Or, afin de savoir comment la connaissance que nous avons de notre pensée précède celle que nous avons du corps, et qu'elle est incomparablement plus évidente, et telle qu'encore qu'il ne fût point nous aurions raison de conclure qu'elle ne laisserait pas d'être tout ce qu'elle est, nous remarquerons qu'il est manifeste, par une lumière qui est naturellement en nos âmes, que le néant n'a aucunes qualités ni propriétés qui lui soient affectées, et qu'où nous en apercevons quelques-unes il se doit trouver nécessairement une chose ou substance dont elles dépendent. Cette même lumière nous montre aussi que nous connaissons d'autant mieux une chose ou substance, que nous remarquons en elle davantage de propriétés; or, il est certain que nous en remarquons beaucoup plus en notre pensée qu'en aucune autre chose, d'autant qu'il n'y a rien qui nous excite à connaître quoi que ce soit, qui ne nous porte encore plus certainement à connaître notre pensée. Par exemple, si je me persuade qu'il y a une terre à cause que je la touche ou que je la vois : de cela même, par une raison encore plus forte, je dois être persuadé que ma pensée est ou existe, à cause qu'il se peut faire que je pense toucher la terre, encore qu'il n'y ait peut-être aucune terre au monde; et qu'il n'est pas possible que moi, c'est-à-dire mon âme, ne soit rien pendant qu'elle a cette pensée; nous pouvons conclure le même de toutes les autres choses qui nous viennent en la pensée, à savoir, que nous, qui les pensons, existons, encore qu'elles soient peut être fausses ou qu'elles n'aient aucune existence. « Est-il vrai que seul l'individu pense? Le sujet, en tant qu'unité d'une communauté, a-t-il une activité intellectuelle absolument solitaire ? Quelle est la nature de la pensée, est-elle purement individuelle ou peut-elle être collective ?
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