Espagne (2003-2004): L'onde de choc du 11 mars
Publié le 15/09/2020
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Espagne 2003-2004
L'onde de choc du 11 mars
Le 11 mars 2004, à 7 h 39, dix bombes explosaient dans des trains de
banlieue approchant de Madrid.
Le
bilan de l’attaque terroriste la plus meurtrière qu’ait jamais
connue l’Europe occidentale était de près de
200 morts et 2 000 blessés.
L’attentat a eu des répercussions p
rofondes sur la vie politique espagnole,
dont la première a été l'alternance inattendue consécutive a
ux élections législatives du 14 mars.
L'attentat a, dans un premier mouvement assez partagé dans le pays, é
té attribué au mouvement basque
d'action armée ETA (Euskadi ta askatasuna – «Le Pays basque et
sa liberté»).
Mais, dans les quelques
jours précédant le scrutin, les éléments de l'enquête se
sont orientés vers la mouvance islamiste et ont
finalement permis d'arrêter ou d'identifier les principaux auteurs de
l'attentat comme étant liés au Groupe
islamique combattant marocain (GICM), déjà impliqué dans les
attentats de Casablanca, et supposé
travailler pour le compte du réseau international Al-Qaeda.
Le gouver
nement a cependant continué de
soutenir par tous les moyens que l'ETA demeurait le principal suspect.
L
e chef du gouvernement José
Maria Aznar et sa formation, le Parti populaire (PP), ont dès lors
été critiqués avec virulence par
l'opposition et disqualifiés aux yeux d'une bonne partie de l'opinion
.
L'attentat semblait une conséquence
directe de l'engagement de l'Espagne aux côtés du président amé
ricain George W.
Bush dans la guerre
en Irak et, à ce seul titre, mettait en péril la continuité du
pouvoir du PP.
La tentative de manipulation de
l'information qui est dès lors apparue clairement destinée à ma
intenir les chances de succès électoral n'a
fait qu'amplifier le mouvement.
«Télescopage» des terrorismes
J.
M.
Aznar avait fait de la lutte contre l'ETA une de ses priorités
absolues et c'est aussi pour ce motif qu'il
était solidaire de la «guerre contre le terrorisme» des État
s-Unis.
Le «11 mars» illustre, au-delà de la
manipulation gouvernementale, un «télescopage» des terrorismes.
Il est probable, tout d'abord, que
l'attention portée au mouvement basque faisait du pays un maillon fai
ble du point de vue du terrorisme
international.
De ce fait, la réorganisation de la lutte antiterroris
te sur le territoire espagnol devient une
nécessité.
Par ailleurs, la réaction de l'ensemble des Espagnol
s à cet attentat est liée à une culture
politique marquée par la coexistence de la démocratie et de l'ETA,
ainsi que par le rejet, depuis la fin du
franquisme, de la violence politique.
L'ampleur de la mobilisation au le
ndemain du «11 mars», avec entre
8 et 12 millions de manifestants, soit près du tiers de la population
, est dans la continuité de celles qui
faisaient suite aux attentats du mouvement basque depuis quelques anné
es, et alliait dans sa
condamnation tous les terrorismes.
L’exonération du mouvement basque ne semblait d’ailleurs pas de
voir améliorer sa perception dans la
société espagnole.
Le malaise suscité par l’éventualité
que l’attentat du 11 mars soit son œuvre a été
particulièrement fort au Pays basque, contraignant l'ancien chef du p
arti Batasuna (vitrine politique de
l'ETA, interdit depuis 2002) et finalement l’ETA à démentir et
à condamner fermement cet acte.
L’attentat
tout comme cette condamnation ont semblé rendre encore plus insupport
ables la poursuite de la lutte
armée et sa justification, même implicite.
Malgré ces évé
nements et malgré de nouvelles et très
importantes arrestations et saisies d’armes en France en avril 2004 (
187 arrestations avaient déjà eu lieu
en 2003), l’ETA n’a pas fait la déclaration d’une trêve
définitive.
La disparition de l’organisation semble pourtant attendue au Pays bas
que, où le chef du gouvernement
autonome, Juan José Ibarretxe, estime que le mouvement armé est un
obstacle majeur à l'adoption du
plan portant son nom et qui vise à réviser le statut actuel du Pay
s basque et à en faire un quasi-État
associé à l’État espagnol.
Ce projet a cependant été r
ejeté par le PSOE (au pouvoir) comme il l’avait été
par le PP, et le résultat des élections législatives au Pays ba
sque a confirmé que la moitié des électeurs y
votait pour les partis non nationalistes hostiles à ces propositions.
Alors que les sondages accordaient une avance assez confortable au PP un
e semaine avant le scrutin
législatif du 14 mars 2004, son chef de file Mariano Rajoy, désign
é fin août puisque J.
M.
Aznar ne se
représentait pas à un troisième mandat, n’a recueilli que 37
,6 % des suffrages (148 sièges).
La majorité.
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