Espagne (1995-1996): Coalition inédite droite-autonomies
Publié le 15/09/2020
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Espagne 1995-1996
Coalition inédite droite-autonomies
Les élections législatives anticipées, fixées par Felipe Gon
zález au 3 mars 1996 ont conduit à la victoire le
Parti populaire (PP, droite) de José-María Aznar.
Si ce résul
tat n'a pas créé la surprise, la victoire a été
courte à l'inverse de ce que prédisaient les sondages: le PP est p
assé pour la première fois devant le
PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol) de F.
González, dans des é
lections législatives, mais avec un
avantage de 300 000 voix seulement (38,85 % des voix et 156 sièges a
u Parlement, contre 37,48 % des
voix et 141 sièges) sur son adversaire.
Lors des mêmes électio
ns, le PP a obtenu la majorité absolue au
Sénat avec 132 de 256 sièges de sénateurs (111 élus par les
urnes et 21 par les parlements autonomes).
En revanche, la majorité absolue au Parlement étant de 176 sièg
es (sur un total de 350), le PP ne pouvait
gouverner seul et le chef du gouvernement devait être investi avec le
soutien d'une alliance de partis.
Les
seuls partenaires possibles étaient les partis nationalistes comme le
Parti nationaliste basque (PNV) de
Xabier Arzallus ou la Coalition canarienne; parmi eux le seul mouvement
que l'arithmétique rendait
indispensable était Convergence et Union (CiU), le parti catalan de
Jordi Pujol (16 sièges au Parlement).
Cette situation a placé J.-M.
Aznar dans une position très déli
cate du fait même des thèmes et du
déroulement de la campagne électorale contre le PSOE.
Elle repré
sentait cependant aussi une certaine
logique et pourrait se révéler une chance historique pour le pays.
Crispations de campagne
L'hégémonie du PSOE dans la vie politique espagnole - il était
au pouvoir depuis décembre 1982 - était
menacée depuis le début des années quatre-vingt-dix.
Le pays a
dès lors été en campagne électorale
quasi constante depuis 1993, campagne qui s'est nettement intensifiée
à compter des élections
municipales et des autonomies de 1995.
Dès lors, les arguments excess
ifs et les amalgames n'ont pas
manqué.
C'est ainsi que le PSOE a sans cesse oeuvré pour assimiler
le PP au franquisme, lui reprochant
d'avoir un programme "occulte" et diffusant dans la campagne officielle
un film vidéo dans lequel J.-M.
Aznar apparaissait en noir et blanc, déformé, dans un paysage dé
solé.
De son côté J.-M.
Aznar a utilisé
tous les scandales récents touchant le PSOE et a centré sa critiqu
e sur le marchandage des intérêts
nationaux au profit de ceux des Catalans (défendus par CiU), auquel
le chef du gouvernement avait été
contraint pour se maintenir au pouvoir, à partir de juin 1993.
La campagne du PP, notamment en Catalogne, a donc été très crit
ique à l'égard du désir des Catalans de
se distinguer des autres autonomies, de la priorité accordée à
leurs intérêts propres, notamment
financiers, et de la personne même de J.
Pujol.
La sanction semble bi
en en avoir été un score plus faible
que prévu dans la communauté.
Il paraissait dès lors particuliè
rement acrobatique pour les deux parties
de s'entendre après les élections, le PP prenant la place du PSOE,
CiU conservant sa position d'arbitre et
Jordi Pujol sa situation parfois qualifiée de "vice-présidence".
Les critiques de la campagne ont moins porté sur l'autre allié du
PSOE, à savoir le PNV.
Cependant,
l'actualité de l'année, dans laquelle le mouvement terroriste ETA
(Euskadi ta Askatasuna, "le Pays basque
et sa liberté") a pris une place importante et sanglante, a contribu
é à mettre en avant une opposition
fondamentale entre le PP et le PNV sur ce sujet.
L'action de l'ETA et de
la mouvance nationaliste basque
s'est en effet radicalisée en 1995-1996.
Le mouvement basque a mené
tout d'abord une stratégie de
tension constante au Pays basque par le biais de destructions de symbole
s de l'État, d'attaques,
d'émeutes menées par des membres du mouvement Jarrai (mouvement d
e jeunesse d'Herri Batasuna
considéré comme la branche politique légale d'ETA).
Par ailleu
rs l'ETA a commis plusieurs assassinats de
personnalités respectées et notamment, le 14 février 1996, d'un
grand professeur d'Université, juriste et
intellectuel espagnol, ancien président du Tribunal constitutionnel,
Francisco Tomas y Valiente.
Cette
actualité crispée a fourni au PP des arguments pour soutenir sa co
ndamnation de la politique basque du
PSOE en la matière, notamment des "réinsertions" de militants de l
'ETA et des efforts de négociation avec
le mouvement.
De façon générale, la crispation de la vie politique et les blo
cages qui en avaient résulté ont sans doute.
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