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Espagne (1992-1993): Nouvelle chance pour Felipe Gonzalez

Publié le 15/09/2020

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« file:///F/dissertations_pdf/0/451156.txt[15/09/2020 14:08:51] Espagne 1992-1993 Nouvelle chance pour Felipe Gonzalez Le 6 juin 1993, les Espagnols ont décidé de donner une nouvelle ch ance à leur Premier ministre depuis 1982, Felipe Gonzalez.

Contre toute attente, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) a remporté pour la quatrième fois consécutive les élections législatives.

Il es t vrai qu'il a perdu la majorité absolue dont il bénéficiait au Parlement depuis 1982 mais, avec 38,6% des suffrage s exprimés et 159 sièges sur 350, il est resté la première force politique du pays.

Le Premier ministre a promis un gouvernement d'ouverture, qui accueillerait un groupe important de personnalités indépendant es.

Il s'est également déclaré partisan d'accords avec d'autres formations, en particulier les nationalistes bas ques et catalans.

Il a enfin annoncé qu'il renouvellerait le PSOE après les vacances d'été.

Pourquoi F.

Gonzalez a-t-il triomphé là où ses camarades franç ais avaient échoué deux mois plus tôt (ils ont connu une véritable déroute aux législatives de mars)? La première explication tient à son prestige personnel, de loin supérieur à celui de son parti.

Aux yeux de neu f millions d'Espagnols, il est resté l'homme providentiel et irremplaçable.

Pendant toute la campagne é lectorale, il a su faire passer un message de changement dans la continuité.

Le changement, c'était l 'entrée dans les rangs socialistes du juge Baltasar Garzon, un spécialiste de la lutte contre le terrorisme , le trafic de drogue et la corruption; la continuité, c'était lui, F.

Gonzalez.

Une seconde explication est à rechercher dans la peur ressentie par l es Espagnols.

Peur d'une droite encore identifiée à la dictature franquiste par une grande partie des plus de trente-cinq ans - ce qui est une injustice à l'égard de Jose María Aznar, le leader du Parti populaire (PP), qui a su recentrer la droite espagnole et la convertir aux valeurs démocratiques et européennes .

Peur de la nouveauté, de la relève, de l'alternance.

Comme le dit un dicton espagnol: "Mieux vaut un mauvais que l'on connaît qu'un bon qu'on ne connaît pas." Paradoxalement, en votant pour la gauche, les Espagnols ont fait un choix conservateur.

Succès d'un homme plus que d'un parti Les analystes politiques, les instituts de sondage et, bien sûr, Jose María Aznar, s'attendaient à voir se répéter, de l'autre côté des Pyrénées, la sanction inf ligée aux socialistes français.

A la fin de l'été 1992, alors que l'Exposition universelle de Séville faisait encore l'actual ité après la clôture des jeux Olympiques de Barcelone, plusieurs coups de massue se sont en effet abattus sur les Espagnols: l'économie est entrée en récession, de nombreuses entreprises nationales et ét rangères ont fermé leurs portes, le chômage s'est envolé et la peseta avait été dévaluée e n septembre.

Le "miracle espagnol" des années quatre-vingt révélait brutalement sa fragilité.

L'euphorie a fait place à une profonde dépression.

Les Espagnols o nt découvert qu'ils avaient vécu collectivement et individuellement au-dessus de leurs moyens.

Ils ont ra massé les miettes d'or de la croissance mondiale sans mettre à profit cette période de "vaches grasses" pour construire solide et compétitif.

La boulimie consommatrice, la spéculation immobiliè re et financière ont absorbé une grande partie de la manne tombée du ciel.

Le 12 avril 1993, F.

Gonzalez décidait de tout miser sur une seule ca rte: le Parlement fut dissout et des élections législatives anticipées convoquées pour le 6 juin. Affaibli par plus de dix ans passés au palais de la Moncloa, sa résidence officielle, impuissant face à un chôma ge qui dépassait 20% de la population active, F.

Gonzalez était de plus resté à la tête d'un parti discrédité par l'"affaire Filesa", un scandale dévoilé grâce à la ténacité d'un juge, Marino Barbero. Le fantomatique cabinet d'études Filesa a secrètement touché des pots-de-vin des sociétés qui voulaien t passer ces contrats avec les municipalités socialistes.

Pourtant, le discrédit collectif des socialistes n'a touché que fa iblement l'image personnelle de leur chef.

Refusant de considérer la bataille perdue, F.

Gonzalez s'est lancé dans l'arène, défendant son bilan comme un lion et attaquant durement son rival J.

M.

Aznar.

Les Espagnols oseraient-ils désavouer. »

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