Espagne (1986-1987): Le monopole des socialistes
Publié le 15/09/2020
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Espagne 1986-1987
Le monopole des socialistes
En 1986, année de l'entrée de l'Espagne dans le Marché commun,
le PSOE - Parti socialiste ouvrier
espagnol - a entamé sa seconde législature et commencé à se
trouver dans une position paradoxale: tout
en poursuivant le démantèlement des structures franquistes - avec,
par exemple, la nomination, pour la
première fois, d'un civil à la tête de la police -, il apparaî
t comme un nouveau parti unique tendant à
occuper une situation de monopole dans tous les secteurs de la vie publi
que.
L'opposition, faible et
divisée aux Cortes, a désormais tendance à emprunter des voies
parallèles: mouvement des étudiants,
des ouvriers agricoles d'Andalousie, grande grèves ouvrières, ré
volte des musulmans de Melilla.
Conforté par sa victoire à l'arraché lors du référendum d
u 12 mars 1986 sur le maintien de l'Espagne
dans l'OTAN, le président du gouvernement, Felipe Gonzalez, décida
it, dès le printemps, d'avancer au 22
juin - en plein coeur du Mundial de football à Mexico qui passionne l
'opinion - les élections législatives
prévues pour l'automne.
Les Espagnols, en effet, ont perdu leur enthousiasme pour les socialiste
s et surtout pour Felipe Gonzalez.
Le PSOE, qui avaient promis en 1982 la création de 800 000 postes de
travail, n'a réussi qu'à en perdre
un million de plus.
Son revirement sur l'OTAN - demandant aux Espagnols
de voter pour le maintien de
l'Espagne dans l'Organisation après en avoir, des années durant, p
rôné le retrait - a bouleversé nombre
d'électeurs, principalement socialistes.
On lui reproche surtout son
style de gouvernement, l'absence de
communication avec la population, le peu de démocratie au sein du par
ti et sa mainmise sur tous les
postes de responsabilité.
La consultation du 22 juin a permis à Felipe Gonzalez de conserver la
majorité absolue, avec 184 sièges
sur 350, mais il a perdu un million de voix, ce qui ne l'a pas empêch
é, paradoxalement, de renforcer
encore son hégémonie.
A gauche, en effet, le PC espagnol, victime de deux scissions - dont cel
le de son leader historique,
Santiago Carrillo - n'a pas réussi à capitaliser les sept millions
de "non" au référendum sur l'OTAN.
Il est
passé de quatre sièges à huit.
A droite, la Coalition populaire
de Manuel Fraga Iribarne a stagné à 25%,
perdant tout espoir de devenir le challenger du PSOE.
Battu cinq mois pl
us tard aux élections régionales
basques, Fraga a démissionné de toutes ses fonctions le 2 décem
bre.
La seule surprise des législatives du 22 juin aura été la remon
tée spectaculaire de l'ancien chef du
gouvernement de la transition, Adolfo Suarez, à la tête d'un nouve
au parti, le Centre démocratique et
social.
Populiste, tiers mondiste au besoin, il a obtenu dix-neuf siè
ges - il en avait deux précédemment -
et le CDS est devenu le quatrième parti politique national.
La vie po
litique espagnole, déséquilibrée par
l'atomisation et l'impuissance de l'opposition, s'est donc retrouvée
coupée des aspirations authentiques de
la société.
Cependant, les élections européennes, régionales et communales
du 11 juin 1987 ont battu en brèche le
monopole du PSOE: s'il a obtenu 28 des 60 sièges espagnols au Parleme
nt de Strasbourg, il a perdu la
majorité absolue dans les conseils municipaux d'un certain nombre de
grandes villes (dont Madrid) et
dans six des treize parlements régionaux à renouveler.
Le prix de l'entrée dans la CEE
Les préoccupations ont été, en 1986, essentiellement d'ordre é
conomique: entrée dans la CEE le 1er
janvier, en même temps que le Portugal, l'Espagne a vécu son nouve
au statut avec enthousiasme, mais
au prix d'une austérité renforcée qui a fini par venir à bou
t de la paix sociale et du fameux sens des
responsabilités des Espagnols de l'après-franquisme.
L'introduction de la TVA - bien qu'elle n'ait fait, en gros, que remplac
er plusieurs taxes préexistantes -,
l'afflux de produits étrangers sur le marché, se sont ajoutés à
l'inflation encore élevée (8%) et à un taux.
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