Espagne (1983-1984): Les promesses oubliées du PSOE...
Publié le 15/09/2020
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Espagne 1983-1984
Les promesses oubliées du PSOE...
Pour l'Espagne, la première année de gouvernement socialiste fut i
ncontestablement, en huit ans de
démocratie, la première sans traumatisme, sans drame, sans fait hi
storique marquant.
L'Espagne a
retrouvé, en 1983, une harmonie surprenante ; elle a travaillé, el
le a cessé d'analyser ses états d'âme,
bref, elle a fonctionné, hésitant entre la continuité et le cha
ngement, comme toute démocratie.
L'état de
grâce qui avait suivi le raz de marée socialiste aux élections
législatives du 28 octobre 1982 a fait long
feu.
Mais des sondages réalisés un an après accordaient encore
37% des intentions de vote à Felipe
Gonzalez.
Il est vrai que les socialistes espagnols n'avaient guère de challeng
ers: l'Union du centre démocratique
(UCD), après avoir dominé pendant cinq ans et demi la transition
démocratique, s'est dégonflée, telle une
outre vide d'idéologie et de programmes.
Le PCE n'en finissait pas de
se chercher et de se déchirer.
Et
l'Alliance populaire (conservatrice), malgré ses quelque 25% de voi
x, s'est cantonnée dans un créneau
néo-franquiste qui porte en lui ses propres limites.
Vainqueur aux lé
gislatives, puis aux municipales et aux
régionales, le PSOE s'est donc retrouvé, depuis la fin de 1982, se
ul maître à bord.
Ce qui lui a permis de
prendre quelques libertés avec son programme...
Ainsi, entre la promesse de limiter l'inflation et celle de résoudre
le problème du chômage, il a tranché en
faveur de l'austérité et d'un monétarisme digne de Margaret Tha
tcher.
De 14,5% en 1982, l'inflation est
en effet tombée à 12% sans que le PIB n'en souffre trop, puisque s
on taux de croissance s'est maintenu
autour de 2%.
Mais à quel prix! Dans ce pays où les hausses de sal
aires se négocient à l'avance, sur la
base de l'inflation prévue, elles ont été maintenues autoritair
ement à 1,5 point au-dessous de ce taux.
Pression fiscale accrue, baisse du pouvoir d'achat ont évidemment aug
menté le nombre des chômeurs qui
est passé de 1 200 000 à 1 900 000.
On était loin des 800 000 e
mplois en quatre ans promis par le
candidat Gonzalez.
Les syndicats, communiste et socialiste, ont relativement bien encaissé
les coups jusqu'à l'hiver.
Mais
l'annonce par le gouvernement d'une vaste "reconversion industrielle" a
rompu le consensus.
Au début de
1984, Felipe Gonzalez et son "super-ministre" de l'Économie et des Fi
nances, Miguel Boyer, devaient
affronter les critiques conjuguées du patronat, qui exigeait "une plu
s grande souplesse de l'emploi", et
des syndicats, qui multipliaient les grèves et les défilés.
Une authentique reconversion industrielle serait pourtant indispensable.
Déjà vétuste et artificiellement
maintenue par des aides de l'État à la mort de Franco, l'industrie
espagnole se concentrait en effet dans
les secteurs les plus touchés par la crise: sidérurgie, chantiers
navals, charbon, textile.
Malheureusement,
il semblait qu'au-delà des mots, cette "reconversion" n'était rien
d'autre qu'un plan draconien de
stabilisation de l'emploi, ne se traduisant que par des fermetures d'usi
nes comme à Sagonte ou des
"suspensions de contrats" comme aux Aciéries de Bilbao.
Mais pour faire avaler cette pilule amère, le gouvernement socialiste
avait un atout: la perspective de
l'adhésion à la CEE.
En 1983, en effet, le rêve a commencé à
se concrétiser.
Pour toute une série de
raisons - notamment dans l'espoir de faciliter un déblocage du conten
tieux sur le budget communautaire,
la France a levé son veto en décembre.
Il était prévu que le
s négociations entre Madrid et Bruxelles
aboutissent en septembre 1984 et que l'adhésion intervienne le 1er ja
nvier 1986.
Mais le réalisme dont le gouvernement espagnol a fait preuve face à
cette échéance était très sélectif.
Il
ne coûtait pas cher en effet de donner quelques coups de pied dans la
fourmilière industrielle dans la
mesure ou les chefs d'entreprise ont toujours été réticents à
l'idée de l'entrée dans le Marché commun.
En revanche, personne n'a encore pris la peine de préparer le secteur
agricole au grand bouleversement
qu'il devra subir.
Pour annoncer aux producteurs de lait et de viande -
qui représentent tout de même
48% de l'agriculture espagnole - que les surplus de l'Europe du Nord von
t bientôt les condamner à mort,
Felipe Gonzalez attendait sans doute sa réélection en 1986...
La poudrière basque.
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