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Épilogue juste la fin du l’onde

Publié le 08/06/2024

Extrait du document

« 1 Louis.

– Après, ce que je fais, je pars. Je ne revins plus jamais.

Je meurs quelques mois plus tard, une année tout au plus. 5 Une chose dont je me souviens et que je raconte encore (après, j’en aurai fini) : c’est l’été, c’est pendant ces années où je suis absent, c’est dans le Sud de la France. Parce que je me suis perdu, la nuit dans la montagne, je décide de marcher le long de la voie ferrée. Elle m’évitera les méandres de la route, le chemin sera plus court et je sais qu’elle passe près de la maison où je vis. La nuit aucun train n’y circule, je ne risque rien et c’est ainsi que je me retrouverai. À un moment, je suis à l’entrée d’un viaduc immense, il domine la vallée que je devine sous la lune, et je marche seul dans la nuit, à égale distance du ciel et de la terre. Ce que je pense (et c’est cela que je voulais dire) c’est que je devrais pousser un grand et beau cri, un long et joyeux cri qui résonnerait dans toute la vallée, que c’est ce bonheur-là que je devrais m’offrir, hurler une bonne fois, mais je ne le fais pas, je ne l’ai pas fait. Je me remets en route avec seul le bruit de mes pas sur le gravier. 10 15 20 25 Ce sont des oublis comme celui-là que je regretterai. Juillet 1990 Berlin. Extrait de Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 1999. Intro-possible / Louis part de chez les siens sans avoir pu avouer son secret.

La maison, lieu du huis-clos familial, garde en son sein le non-dit de sa mort.

Dans la piè ce, J.-L.

Lagarce choisit de terminer le texte sur un épilogue qui fonctionne comme une prosopopé e, Louis parlant depuis sa mort (« Je meurs quelques mois plus tard », p.

105) ; il raconte le souvenir estival d’un cri qu’il n’a pas poussé , et qu’il regrette.

Nous sommes obligé s de constater l’enjeu trè s autobiographique de ce souvenir d’é té si l’on se ré fè re au Journal de l’auteur, qui rapporte cette anecdote dans le premier tome : « Longue marche la nuit de Anduze à Saint-Jean du Gard, dans la montagne, les forêts de minuit à 3 heures du matin.

/ Un long moment sur la vieille voie ferrée, à travers un long tunnel et ensuite sous les étoiles, dominant la vallée dans la nuit, sur un pont ». Présentation du passage Ce passage correspond à l’un des monologues de Louis.

Situé aprè s le drame en lui-mê me, il a lieu quelques mois plus tard, « une année tout au plus ».

Il semble que Louis parle depuis sa tombe ; il raconte le souvenir estival d’un cri qu’il n’a pas poussé , et qu’il regrette. Problématique : En quoi cet épilogue apporte-t-il une fin éclairante au drame familial qui a précédé ? Premier mouvement : La mort de Louis Du début à « une année tout au plus.

», p.105. L’épilogue s’ouvre sur une prosopopée é noncé e au présent à valeur de futur proche, comme l’induit l’adverbe de temps « Après ».

Les phrases sont inhabituellement brè ves, ce qui confè re un effet dramatique au propos, et d’autant plus dramatique que les actions s’enchaı̂nent : « je pars.

/ Je ne reviens plus jamais.

Je meurs.

» Deuxième mouvement : Le souvenir De « Une chose dont je me souviens » à « du ciel et de la terre.

», p.

106. Louis raconte alors un souvenir, qu’il se remé more comme à lui- mê me.

L’adverbe « encore » peut signifier à la fois « que je raconte une fois encore.... »

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