En quoi les mouvements sociaux contemporains reflète-t-il les changements économiques et sociaux ?
Publié le 17/10/2021
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«
Corrigé dissertation
En quoi les mouvements sociaux contemporains reflètent-ils les transformations économiques et
sociales ?
I.
Les transformations économiques et sociales ont contribué à un déclin des conflits du travail
1.
Les mutations du travail et les changements de valeurs…
La structure de la population active s’est modifiée
Le mouvement de salarisation de la population active s’est poursuivi depuis la fin des années 1960
(doc.
2 : « généralisation du salariat »), avec à la fois une tertiarisation et une hausse des qualifications qui ont
amené à la diversification du salariat (doc.
2) :
- baisse importante de la part des ouvriers qui, en France en 2002, ne représentent plus que 31 % des actifs contre
près de 40 % en 1969 ; alors qu’ils étaient encore à cette date, la catégorie numériquement (et de loin) la plus
importante, ils sont aujourd’hui devancés par les employés (doc.
1).
- forte hausse des cadres et PIS, dont la part a plus que doublé de 1969 à 2002 et des professions intermédiaires
dont le poids a été multiplié par 1,5 sur la même période (doc.
1).
Cette évolution résulte des exigences croissantes
de qualification liées notamment au progrès technique.
Le déclin des ouvriers s’accompagne ainsi du développement des couches moyennes salariées et d’une féminisation
de la population active.
Ces mutations de la population active se sont accompagnées depuis les années 1980 de la montée du chômage et
de la précarité de l’emploi : apparition d’un chômage de masse et multiplication des emplois précaires qui touchent
en particulier les jeunes, aussi bien dans la Fonction Publique que dans les emplois privés.
En France, les contrats vacataires représentent 13,6 % des emplois publics en 2003 contre 2 % en 1982 ; parmi les
15-29 ans employés dans la Fonction publique, 40 % sont sous contrat précaire, soit un % 5 fois plus élevé qu’en
1982.
Les contrats précaires dans le privé ont eux aussi fortement progressé, atteignant 11,5 % des emplois en
2003, et environ 1/4 des emplois occupés par les 15-29 ans (doc.
3).
Parallèlement, on assiste à une montée de l’individualisme.
Dans les sociétés contemporaines, les
individus tendent à s’affranchir des contraintes traditionnelles, des tutelles qui, auparavant, réglaient leurs
comportements, leur dictaient leur mode de vie et leurs opinions .
Chacun affirme la liberté de ses choix de
vie, revendique d’agir conformément à ses convictions (doc.
2).
Dans le domaine du travail, les nouveaux modes de gestion de la main-d’œuvre ont tendu à individualiser la
relation de travail : individualisation des carrières, des promotions, des rémunérations.
2.
… ont conduit à un certain recul de la conflictualité du travail
Selon l’analyse marxiste , les sociétés capitalistes sont traversées par un rapport de domination des capitalistes
propriétaires des moyens de production sur les ouvriers contraints de vendre leur force de travail pour subsister.
Dans ces sociétés bipolaires, le conflit central est la lutte des classes opposant les dominants aux dominés qui
luttent contre l’exploitation dans la sphère du travail, sur des enjeux économiques comme la hausse des
salaires, la baisse des cadences, la diminution de la durée du travail… Elle est portée par la classe ouvrière
organisée syndicalement .
Or, les mutations du travail depuis une trentaine d’années semblent bien avoir provoqué un net recul de ce
type de conflits .
Ce déclin est visible dans la baisse du nombre annuel de jours de grèves : autour de 4
millions dans les années 70, plus de 10 fois moins dans la période récente.
Ainsi, en 2004, il n’y a eu qu’environ
200 000 jours de grèves (doc.
4).
Cette évolution traduit la perte de capacité des syndicats à mobiliser les
salariés pour défendre leurs intérêts professionnels.
Les conflits du travail portés par les syndicats ont en effet été contrariés par les changements de la
population active : ceux-ci ont effrité les sources traditionnelles de recrutement des syndicats (plus
d’emplois tertiaires, plus de femmes, plus de salariés dans les PME…= autant de catégories en expansion peu
enclines à adhérer à des syndicats construits sur la référence à l’ouvrier masculin de la grande industrie).
Mais ce recul de la conflictualité s’explique aussi par l’affaiblissement des salariés dans le rapport de force
face aux employeurs du fait du chômage et de la précarité .
La fragilisation des salariés les moins qualifiés
les pousse au « repli sur soi », les espoirs d’amélioration par l’action collective s’amenuisent, la crainte de
l’avenir pour soi-même ou pour ses enfants détournent de la mobilisation… : pour reprendre le raisonnement
d’ Olson, les mutations du travail ont accru les coûts de l’action collective tout en réduisant ses
avantages .
En même temps, la multiplication des statuts dans l’entreprise (salariés sous CDD, intérimaires, salariés
des sous-traitants… à côté des CDI) brise le collectif de travail et affaiblit les solidarités basées sur le
partage de la même condition.
L’individualisation de la relation de travail met les salariés en concurrence
les uns avec les autres et est peu propice à l’action collective..
»
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