En quoi la science est-elle le prolongement de la connaissance vulgaire ?
Publié le 15/05/2020
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INTRODUCTION
A) — On admet souvent, en souvenir de la théorie Platonicienne et Spinoziste plus ou moins bien entenduesdes degrés de la connaissance, une hiérarchie assez factice ou la connaissance vulgaire atteindrait les faits, lascience leurs rapports et la philosophie les principes dont procèdent ces rapports.B) En réalité toute connaissance comporte trois démarches ; distinguer, coordonner, subordonner, auxquellescorrespondent dans l'ordre sensible des perceptions des -expériences et des habitudes -dans l'ordrescientifique des faits, des lois, des théories.
Pourquoi ce « changement de clé ? » (expression musicale inspiréepar Cournot).
I — DES PERCEPTIONS AUX FAITS SCIENTIFIQUES
A) — La vie sensitive, dans l'espace et dans le temps, milieux discriminateurs, se partage naturellement enépisodes, où se mêlent d'ailleurs dès le plus jeune âge, et notamment à la faveur du langage, des élémentsintellectuels : ces épisodes perceptifs sont des faits qu'on peut du reste comparer et décomposer à l'infini (laguerre, une campagne, un combat, un mouvement de.
troupe, etc...)
B) — Mais de tels épisodes, puisque susceptibles d'être reconnus par la mémoire a) à supposer qu'on les aitVécus soi-même, faute de quoi une critique historique doit être instituée b) n'ont pas d'état signalétique qui lessitue nettement parmi les autres et permette tine reconnaissance intellectuelle.
C) — Cette caractérisation individuelle est rendue.
possible par la mesure qui, à condition de choisir une unitésuffisamment petite et des facteurs suffisamment nombreux, ne laisse subsister rien d'indiscernable.
A cetégard la science- est une classification universelle qui « situe » tout dans tout (ex.: anthropométrie).
II — DES RAPPORTS EMPIRIQUES AUX LOIS SCIENTIFIQUES
A) - On peut accorder à la connaissance vulgaire des « jugements d'expérience » reliant deux faits entre eux(le soleil échauffe la pierre).
B) — Mais ces jugements expriment seulement un fait composé dont la raison échappe et qui n'a dès lors a) nigénéralité (le soleil peut une autre fois refroidir) b) ni même identité intellectuelle (il pourrait aussi bien avoirrefroidi cette fois-là).
Aussi le pur empiriste note-t-il sans s'émouvoir des faits d'apparence contradictoire(Magendie).
C) — Au contraire, la loi met en relation a) des cas abstraits dont l'identité et dès lors la résistance à lacontradiction est comparable à celle des notions géométriques -b) et sous sa forme la plus parfaite desvariations quantitatives (ex.: v = gt) qui permette t de distribuer en séries parallèles des phénomènesprimitivement di perses ; la loi est donc à la fois universelle (détermination intégrale) et générale (utilisationindéfinie).
III — DES HABITUDES AUX THÉORIES
A) — Malgré l'objection de principe, des expériences accumulées finissent par constituer une expérience, ausens général et mental du mot, c'est à dire une sorte de sagesse empirique qui se traduit par des « véritéspremières » telles que les proverbes en énoncent.
B) — Mais elle pèche à la fois par excès d'orgueil et d'humilité a) d'orgueil parce qu'elle est individuelle et prendvolontiers an ton sentencieux et sermonneur, b) d'humilité parce qu'elle se réduit à une espèce d'immense faitcomposé qu'un dressage méthodiquement inverse pourrait renverser.
C) — La science au contraire nous laisse entrevoir une sorte d'unification des choses par la loi suprême del'esprit qui est l'identité : toutes les théories reviennent à cette affirmation 'que des apparences changeantesmanifestent un principe identique.
CONCLUSION
La science est une assimilation rationnelle, un point de vue sous lequel les données de la connaissance vulgairene peuvent pas ne pas être, une réduction de la contingence à la nécessite.
Elle a d'ailleurs ses limites..
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