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En quoi la psychologie infantile et la psychologie pathologique aident-elles à la connaissance de l'homme ?

Publié le 18/06/2009

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INTRO. — Les sciences psychologiques se bornèrent longtemps à l'étude de l'homme, entendons par là l'adulte occidental et normal. Avec les années, il fallut bien avouer que l'homme demeurait « cet inconnu «, dont parle A. CARREL. Dans les dernières décennies, l'Amérique, avec l'appareil scientifique et statistique qui la caractérise, se tournait vers l'adolescent suivie bientôt par l'Allemagne, l'Angleterre et la Suisse. La France à son tour entrait dans le mouvement. La pédagogie donnait naissance aux méthodes nouvelles : l'école active de MONTESSORI, DALTON, DECROLY. La psychanalyse découvrait de son côté l'infrastructure conscientielle de l'homme, dont les racines plongent dans la toute première enfance. Enfin les troubles internationaux de la précédente décade déclenchèrent dans de nouveaux pays une recrudescence d'êtres déséquilibrés très tôt dangereux pour les honnêtes gens : les jeunes délinquants. Ce fait redonne une vitalité exceptionnelle aux recherches psychologiques, les élargit à l'enfance et à l'anormalité. Nous pouvons nous demander en quoi la psychologie infantile d'abord, la psychologie pathologique ensuite, aident à la connaissance des hommes. Nous ajouterons enfin quelques réflexions sur la psychanalyse, qui, partant des données précédentes permet de synthétiser le sujet traité. I. -- LA PSYCHOLOGIE INFANTILE

A. — L'homme est un aboutissement. En effet, il ne peut se concevoir comme une entité fermée, une monade bien close dérivant dans le monde : on ne se passe pas de l'histoire et de la science encore moins. Les études récentes de psychogénétique décrivent au contraire la lente montée vers les radieux matins de la maturité par des étapes successives, difficiles souvent, nécessaires toujours. Chaque palier franchi apporte un moellon à la construction de l'adulte. Il faudrait ici retracer les processus de la croissance et des volumes ne suffiraient pas ! Sommairement nous pouvons dire : du chaos primitif où le bébé ne se distingue pas du monde, surgit peu à peu la conscience du « moi «. Avec la maturation des organes, la motricité apparaît. Qu'elle soit retardée ou déviée, ou encore incomplète, et l'adulte en conservera des traces indélébiles. Après le mouvement et l'action, l'adolescence marque l'apparition de l'affectivité, de la personnalité, en opposition fréquente avec le milieu. Entre temps, la conscience autonome, la volonté, la socialisation se construisent en des synthèses plus ou moins heureuses qui façonnent à tout jamais l'adulte. René HUBERT, dans La croissance mentale, étudie avec une rare profondeur les caractéristiques de chaque étape et leur retentissement sur l'achèvement de l'homme fait. Nous ajoutons avec Jean LAcroix : « dans l'adolescence, tout est là : instincts, tendances, appétits, intérêts, intuitions, impulsions, aspirations et inspiration «. Un faisceau de forces va se nouer qui dessinera, explicitera l'équilibre de la personnalité de demain. Mendousse attire notre attention sur la gravité et la résonance des premières expériences : « Il semble que dans la vie toutes les périodes initiales aient une importance exceptionnelle « (L'âme de l'adolescent).

« trouble affectif parental n'existerait point si n'existait d'abord un trouble affectif conjugal...

Pourtant, si impossibleque semble cette éventualité à ceux qui jugent du dehors, le trouble affectif conjugal remonte lui-même à d'autrescauses.

Comme le démontre une analyse objective du milieu, c'est à la propre enfance des parents qu'il fautremonter si l'on veut avoir le dernier mot de l'énigme.

» (Erreurs sur la personne)Nous nous empressons de souligner qu'il ne s'agit nullement de situations anormales ou morbides.

Beaucoup deparents se plaignent des difficultés qu'ils rencontrent dans l'éducation de leurs enfants.

J.-M.

DE BucK reconnaît àtravers l'adulte, père de famille, les traces et les influences durables de l'enfance qui continuent à se survivre encréant les difficultés du foyer.Ce dernier point de vue nous invite à considérer plus attentivement les données d'une franche anormalité dans laconnaissance de l'homme. II.

LA PSYCHOLOGIE PATHOLOGIQUE A.

- La notion d'anormalité, sa relativité. La distance du normal à l'anormal se franchit par degrés insensibles, sans solution de continuité; la différence est del'ordre du quantitatif et non du qualitatif.La caractérologie et la psychologie clinique affirment comme une loi générale et absolue la relativité de l'équilibreconscientiel.L'homme peut être plus ou moins actif dans la vie courante.

Qu'il devienne particulièrement inactif, et nous obtenonsle rêveur éveillé, le mythomane, pour finir parfois dans le suicide par indifférence à la vie.

Que nous ayons affaire àun suractif et nous risquons de rencontrer l'agité vulgaire, l'agressif avec ses fugues, ses vols ou ses attentats à lavie ou aux moeurs.Dans l'émotivité, même gamme à parcourir : un hyperémotif donne à un degré plus poussé un être déséquilibré,instable, hystérique ou, au contraire, le psychasthénique déprimé.

Un sous-émotif caractérisé peut être un cruel ouun pervers.

On voit l'intérêt que présentent les études pathologiques pour la connaissance de l'homme du communsitué quelque part sur une ligne qui peut le conduire à la prison ou à l'hospice. B.

- Le déséquilibre de notre époque. Nous vivons des temps qui confirment douloureusement ce caractère relatif de l'homme normal.

Sous la pression desévénements, bien des systèmes nerveux ne résistent plus.

La nervosité s'installe à demeure dans le foyer désertépar le travail du père et de la mère.

Les enfants poussent an long des rues et des ruelles sans direction morale etsans soleil...

Les plaisirs de la ville, avec le cinéma, la radio ou les revues, achèvent un psychisme déjà fragile ou enrévolte.

Le docteur François GOUST, dans L'adolescent dans le monde contemporain, achève notre description : «Alors ce sera la fuite, la fuite devant le réel, la fuite devant l'effort, la fuite devant la douleur, et cette formeintellectuelle de la fuite que l'on nomme du nom charmant de dilettantisme.

Cette fuite éperdue des êtres jeunes,nous l'observons chez les petits paranoïaques, ces schizoïdes de plus en plus nombreux, ces mythomanes qui vonten exode dans le rêve, ces instables, ces débiles de toutes sortes...A ce pessimisme foncier fait écho le docteur G.

Robin dans La guérison des défauts et des vices chez les enfants : «Le monde est la proie d'une schizophrénie collective, c'est-à-dire d'une maladie oh la discordance, la dissociation, larupture avec les réalités morales éprouvées, brise l'unité de l'individu et l'équilibre de son milieu.

» On voit commentles études psychopathologiques peuvent contribuer à la connaissance des hommes de notre temps.

Même normaux,nous nous expliquons mieux à la lumière de l'être anormal qui sommeille en chacun de nous.

Nous pouvons conclure :« La psychopathologie a été et reste pour la psychologie clinique la meilleure des écoles au point de vue techniquecomme au point de vue théorique ».

(Daniel LAGACHE, L'unité de la psychologie) III.

LA PSYCHANALYSE De plus en plus, la psychanalyse contribue à la connaissance des hommes.

Daniel LAGACHE, dans l'ouvrage déjàcité, souligne l'importance de cette science : « On trouve partout la psychanalyse dans les recherchesexpérimentales relatives à la conduite individuelle et à la psychologie sociale.

» (P.

19.) A.

Or, elle doit sa naissance à l'étude clinique des névroses.

Elle étudie des malades et utilise dans une large mesureles résultats de la,psychopathologie; elle éclaire même par ses analyses un grand nombre de cas restésincompréhensibles à la médecine classique. B.

Partant de ces données pathologiques, elle remonte vers l'origine du mal, qui se situe ordinairement dans lespremiers âges de la vie.

Et voici que l'on remet à nouveau sur le chantier la psychologie infantile.

Kate FRIEDLANDERprécise nettement : « C'est dans les événements de la petite enfance que se découvrent, les racines profondes destendances inconscientes qui dictent nos actes.

MARCAULT et Thérèse BROSSE, avant elle, écrivaient : « Lapsychiatrie, et en particulier la psychanalyse, ont montré le rôle causal que jouent les traumatismes psychiquesdans la première enfance par le milieu social initial, la famille et l'école, dans les conflits qui conduisent l'adulte dansles prisons on à l'asile.

» (L'éducation de demain, Félix Alcan, 1939, Introduction.)Ainsi donc la psychanalyse, prenant appui sur la psychologie pathologique d'une part, sur la psychologie infantile del'autre, s'avère maintenant en mesure de concevoir le psychisme humain normal.On peut élever des doutes sur la nature de l'homme ainsi redécouvert, mais il n'en demeure pas moins vrai quejamais l'homme n'a été compris plus profondément, que jamais explication ou connaissance de l'homme ria été plussatisfaisante, plus digne d'intérêt.. »

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