En quoi la princesse de Clèves apparaît-elle comme une héroïne tragique ?

« Demande d'échange de corrigé de monja elodie ( [email protected] ). Sujet déposé : En quoi la princesse de Clèves apparaît-elle comme une héroïne tragique? Extrait du tome 3.

Après la découverte de la jalousie, causée par la lecture d'une lettre que la princesse croit adressée à M.

de Nemours, l'héroïne vient devivre un moment de grâce, "une joie pure et sans mélange qu'elle n'avait jamais sentie", en passant plusieurs heures avec le duc à la réécriture de cettelettre.

mais ici, retour sur soit et introspection.

c'est avec des monologues intérieurs que Mme de Lafayette a inauguré la tradition du roman d'analyse.cette fois, ce sont la raison et la conscience morale qui parlent, et le personnage se voit cruellement confronté à ses actes, à sa résponsabilité et à sondevoir.pb: en quoi la princesse de Clèves apparaît-elle ici comme une héroïne tragique? I.

la princesse de Clèves s'interdit de se laisser aller à la passion et s'efforce de rester maîtresse d'elle même.1-le vocabulaire de le réflexion emprunte d'abord à celui de la perception, en prenant le sens d'une perception intellectuelle basé sur la lucidité : "regarda""lui ouvrir les yeux".

sinon, nous trouvons à 4 reprises le verbe penser, puis "se reconnaissait", "trouvait", "fut étonnée". 2-le passage est extrêmement bien construit pour rendre compte de la rigueur de la réflexion de l'héroïne:-le début du 2éme paragraphe est centré sur la jalousie,qui lui ouvre de nouvelle perspectives sur l'avenir de sa passion : "elle avait ignoré jusqu'alors / ellen'avait encore point commencé à craindre", "impression qu'elle n'avait jamais eues".

"de n'avoir point encore pensé".-enfin , le passage au discours direct montre ses interrogations pour la suite, les résolution qu'elle veut prendre: anaphore de "veux-je", "il faut".cette progression montre bien la logique de l'analyse de la princesse : la découverte successive à la fois d'elle même et des conséquences morales de sesactes. 3-Sa conscience morale."se défendre d'aimer M.

de Nemours" - "veux-je manquer à M.

de Clèves? veux-je me manquer à moi même et veux-je enfin m'exposer aux cruels repentirs?"M'arracher de la résolution, et passa tout le soir chez elle".on voit bien que le souci de Mme de Lafayette est de montrer ici la lucidité et la rigueur morale de la jeune femme, et le fonctionnement parfait de sa raisonanalytique (qui ne pourra malheureusement rien contre la force de sa passion). II.

En effet, Mme de Clèves ne peut échapper à son amour.1-les souffrances causées par la passion.

Elle est associé à l'inquiétude("inquiétude mortelles ", "craindre", "défiance"), la souffrance ("cuisantesdouleurs", "mortelles douleurs"), la trahison ("tromper", "être trompée", "manque à" "craindre qu'il en aimât une autre"), la honte ("si peu digne d'estime","cruels repentirs" ("veux je me manquer à moi même?"). 2-L'amour, pour l'héroïne, apparaît comme une force invincible ("je suis vaincue et surmontée par une inclination qui m'entraîne malgré moi"), qui défie lavolonté (cf.les interrogation sur le verbe vouloir, comme si la racine même de sa personnalité et de son libre arbitre était atteinte), malgré la lucidité.

cf sesrésolutions "il faut " souligné par l'anaphore.ce monologue pose clairement les questions ou dilemmes auxquels va être confrontée la princesse : comment lutter contre sa passion? doit-elle avouer sapassion à son mari? va-t-elle prendre le risque de s'exposer aux douleurs de la jalousie?-->comme dans une tragédie, la rencontre de la passion et de la lucidité confronte l'héroïne à différents dilemmes :-conserver sa dignité et l'estime des autres mais renoncer à l'être aimé / perdre sa dignité et son honneur mais conserver l'être aimé.

ce dilemme estencore plus cruel dans la mesure où elle ne peut garder l'estime de sont amant qu'en refusant de céder à son amour.-accepter l'amour mais s'exposer aux souffrance de la jalousie / se protéger de la passion mais renoncer à l'amour ("veux je enfin m'exposer aux cruelsrepentis et aux mortelles douleurs que donne l'amour?")-mais aussi dans la façon de lutter : se protéger de la passion en l'avouant à son mari mais en prenant le risque de lui faire du mal (" peut être lui ferai je lemal, t a moi même aussi, de les lui apprendre")--> Mme de Lafayette prend soin déjà ici de justifier les deux décisions majeures de son héroïne : l'aveu à son mari et le renoncement final. 3-Mme de Lafayette laisse paraître dans son roman une conception pessimiste de l'être humain, inspirée du jansénisme.

dans se passage, malgré la luciditéet sa recherche sincère de vérité et de rigueur morale, l'héroïne est parfois victime de sa mauvaise foi (phrase "elle trouva qu'il était presque impossiblequ'elle put être contente de sa passion" suggère que ses scrupules moraux peuvent avoir aussi comme source la crainte de l'échec de sa passion), et ellese montre de toute façon trop faible pour lutter contre sa passion et est réduite a la fuite.

pour les jansénistes, l'homme n'est que le jouet de ses passions etse révélé incapable de libre arbitre, ce que constate douloureusement la princesse:"je fais aujourd'hui tout ce que j'ai résolu hier".la nature humaine est marquée par la fragilité et l'inconstance qui rendent tout sentiment éphémère : "il étaitpeu vraisemblable qu'un homme comme Monsieur de Nemours, qui avait toujours faits paraître tant de légèreté parmi les femmes, fut capable d'unattachement sincére et durable".

l'être humain semble donc voué au péché ou au malheur.Mme de Clèves se voit donc prisonnière d'un piège tragique qui l'entraînera soit dans la trahison soit dans le renoncement, donc dans une forme de malheur. Ccl : cette plongée dans la conscience du personnage renforce le côté tragique du roman : la lucidité fait la grandeur mais aussi le malheur des personnagequi découvre, trop tard, à la fois leur impuissance et les souffrances causées par la passion.-->volonté de Mme de Lafayette d'atteindre la vérité de l'être.

regard pessimiste sur la condition humaine. Sujet désiré en échange : Quels rapports les lettres d'un roman épistolaire entretiennent-elles avec l'art du portrait ?. »