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En quel sens Taine a-t-il pu dire que l'Histoire de France de Michelet est « l'épopée lyrique de la France » ?

Publié le 09/12/2021

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du fait de l'importance des événements, quand par exemple ils décident de la vie et de la mort de notre pays (la délivrance d'Orléans par Jeanne d'Arc), b. du fait des personnages qui prennent part à ces événements et dont Michelet fait sentir le caractère sublime (Jeanne d'Arc, faible enfant « au corps délicat et tendre, intrépide dans les combats, et en même temps bonne, douce, charitable »), ou auxquels il prête une grandeur d'un caractère terrible (Thuriot « violent, audacieux, sans respect humain, sans peur ni pitié... dont la parole tue la Bastille et tue Robespierre ») ; II. Michelet introduit dans son Histoire de France un élément imaginatif, par lequel il anime d'une vie surnaturelle: a. soit des hommes transformés en symboles, et qui, de ce fait, accomplissent des actions qui tiennent du prodige (le grand Ferré, symbole du peuple du xive siècle, bon géant, « simple et brute encore, impétueux, aveugle, demi-homme et demi-taureau... qui charpente l'ennemi de sa hache, prend chaud à la besogne, boit froid et se couche pour mourir » ; b. soit des choses brutes, comme nos côtes de Bretagne battues par une mer sans merci, et comme cette mer elle-même « anglaise d'inclination, qui brise nos vaisseaux, ensable nos ports », comme le Rhône, emporté ainsi qu'un « taureau qui a vu rouge », et comme nos vieilles cathédrales, où Michelet ranime le culte du moyen âge et auxquelles il prête une vie mystérieuse. III. Cette épopée est en même temps lyrique, en ce sens que Michelet y exprime sa sensibilité toujours frémissante, en lui donnant pour objet: a) tel ou tel acteur de son épopée : la côte de Brest, dont l'aspect « sinistre .et formidable» l'épouvante; la Provence dont il aime les caprices, les passions, les colères ; le paysan du xive siècle, qu'il évoque du fond des temps, souillé, défiguré, misérable, et auquel il crie sa tendresse avec des larmes ; la Bastille, symbole du despotisme et qu'il exècre, etc.

« En quel sens Taine a-t-il pu dire que l'Histoire de France de Michelet est « l'épopée lyrique de la France » ? Le mot de Taine signifie :1.

que l'Histoire de France de Michelet a tous les caractères d'une épopée consacrée à l'histoire de notre pays ;2.

qu'en outre elle est lyrique par les sentiments personnels que Michelet y a mis.On se rappellera que l'épopée se définit par un caractère narratif, par la grandeur de l'action et des personnages quiy prennent part, enfin par un élément merveilleux ou surnaturel. I.

L'Histoire de France de Michelet est l'épopée de la France en ce sens : 1.

qu'elle raconte la vie de notre pays, vu « comme une âme et comme une personne » et suivi dans son existencependant près de deux mille ans à travers mille aventures : des ennemis qui l'envahissent, des sauveurs qui le tirentde l'abîme, des oppresseurs qui le font gémir, un 14 juillet qui le délivre, etc., toujours près de périr et ressuscitanttoujours ;2.

que ce récit a presque toujours un caractère de grandeur, a.

du fait de l'importance des événements, quand par exemple ils décident de la vie et de la mort de notre pays (ladélivrance d'Orléans par Jeanne d'Arc), b.

du fait des personnages qui prennent part à ces événements et dont Michelet fait sentir le caractère sublime(Jeanne d'Arc, faible enfant « au corps délicat et tendre, intrépide dans les combats, et en même temps bonne,douce, charitable »), ou auxquels il prête une grandeur d'un caractère terrible (Thuriot « violent, audacieux, sansrespect humain, sans peur ni pitié...

dont la parole tue la Bastille et tue Robespierre ») ; II.

Michelet introduit dans son Histoire de France un élément imaginatif, par lequel il anime d'une viesurnaturelle: a.

soit des hommes transformés en symboles, et qui, de ce fait, accomplissent des actions qui tiennent du prodige(le grand Ferré, symbole du peuple du xive siècle, bon géant, « simple et brute encore, impétueux, aveugle, demi-homme et demi-taureau...

qui charpente l'ennemi de sa hache, prend chaud à la besogne, boit froid et se couchepour mourir » ; b.

soit des choses brutes, comme nos côtes de Bretagne battues par une mer sans merci, et comme cette mer elle-même « anglaise d'inclination, qui brise nos vaisseaux, ensable nos ports », comme le Rhône, emporté ainsi qu'un «taureau qui a vu rouge », et comme nos vieilles cathédrales, où Michelet ranime le culte du moyen âge et auxquellesil prête une vie mystérieuse. III.

Cette épopée est en même temps lyrique, en ce sens que Michelet y exprime sa sensibilité toujoursfrémissante, en lui donnant pour objet: a) tel ou tel acteur de son épopée : la côte de Brest, dont l'aspect « sinistre .et formidable» l'épouvante; laProvence dont il aime les caprices, les passions, les colères ; le paysan du xive siècle, qu'il évoque du fond destemps, souillé, défiguré, misérable, et auquel il crie sa tendresse avec des larmes ; la Bastille, symbole dudespotisme et qu'il exècre, etc.. b) et particulièrement la France, qu'il plaint dans ses deuils, qu'il admire dans ses sacrifices, qu'il quitte avecdouleur, son livre fini, après quarante années de travail et qui, par l'amour qu'elle lui inspire, communique à sonépopée sa véritable unité morale. Conclusion : Ainsi compris, le mot de Taine fait découvrir dans Michelet un grand poète en prose, l'égal (ou peu s'en faut) de Victor Hugo.

Il est vrai que ses qualités poétiques ont souvent nui à l'exactitude et à l'impartialitéqu'on est en droit de demander à un historien ; mais c'est d'elles qu'il tient le don de vie grâce auquel il a pu, danscertaines parties de son œuvre, réaliser si bien cette « résurrection intégrale du passé » qu'il assignait pour but àl'histoire.. »

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