En quel sens peut-on dire d'une oeuvre d'art qu'elle est vraie? (plan)
Publié le 05/02/2023
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«
En quel sens peut-on dire d'une œuvre d'art qu'elle
est vraie?
plan indicatif
introduction
·,
Nous disons d'une œuvre.
d'art, d'un tableau, d'une sculpture, etc., qu'élle .est fausse lorsque sa signature, par
exemple, est fausse.
Mais un faux tabJe·au, une fausse
sculpture· peuvent_.
être de véritables œuv_res d'art.
Qu'est-ce.
alors qu'une véritable œuvr� d'art? Est-ce une
œuvre d'art dont.on peut dire qu'elle est vraie?· Mais en
quel(s) sens ?
1 1 vérité d'imitàtion ?·
�) Position réâliste {naïve}
e:,L'art imite la nature.
Une œ;vre .d'� s�; d�nc vraie
dans la mesure où elle reproduira fidèlement son sujet, où
·-
elle sera ressemblante (cf.
les observations : « Les cou
leurs de �e tableau sont vraies », ou, à propos d'un por
trait, « On dirait qu'il va parler�r » ).
•· Mais il est rare que l'art ne vise qu'à reproduire pure
ment et simplement la réalité.
Et même lorsqu'il y pré
tend, le peut-il vraiment ? L'hyperréalisme contemporain
témoigne de cette impossibilité, bien plus, que cette tenta
tive.
est- un non-sens, toute perception de la réalité en
étant une interprétation.
De manière générale, ainsi que
l'a souligné P.
Francastel, une· ,œuvre d'art n'est pas un
double de la réalité, ·c'est un signe, c'est-à-dire un système
de formes et de couleurs répondant à des conventions
collectives (cf.
Peinture et société, coll.
' idées/arts).
b) La critique platonicienne : l'art n'est qu'illusion
• C'est dans la mesure où l'art se tourne vers la réalité
sensible que, pour Platon, il ne saurait atteindre à la
vérité non plus, par conséquent, qu'à la vraie beauté.
• Platoµ· rattache en effet sans ambiguïté la beauté au
Bien (cf.· Philèbe, 65 a : « Saisissons-le [le Bien] sous trois
Idées : beauté, proportion, vérité »).
La beauté dénote
ainsi la perfection, c'est-à-dire à la fois une et une autonomie (teleon kaï ikanort).
Elle appar
tient donc au « réellement réel », à' l'èfre vrai, au
domaine du Même, c'est-à-dire au monde des Idées, à
!'Intelligible.
•· Dans ces conditions, il ne saurait y avoir de véritable
beauté dans le monde sensible, mais seulement un simu
lacre de beauté, puisque Je sensible n'est que· le simulacre
�de l'li:Jtelligible.
Et l'artiste qui� contrairement au philosophe, tourne son regard vers le sensible, et non vers les
Idées;,ne peut produire qu'un simulacre de simulacre.
De
plus,· l'àrtist'e ne cherche pas à connaître .son objet, se
contentant de le représenter non tel qu'il est mais tel qu'il
lui apparaît.
Ainsi l'art est-il «, bien éloigné du .vrai» (cf.
République, �.
597 e et suivant) et les artistes ne �l:>nt-ils
que des illusionnistes (i/Jid., 602�c)� notamment les pein
tres.
et les poètes..
(Remarquons que ·si Platon s;intéresse
tant à la musique, c'est grécisément par:ce que êelle-ci
n'imite· pas le sensible, mais ré\'.èle des idéalités, des rapports mathématiques).
2 l exprimer la vérité du réel ?
a) Hegel.
• Pour Hegel, cependant, il ne revient pas à l'artiste,
mais au seul philosophe de se tourner vers l'idée, c'est-à
dire ·le concept .: « Un art ou une poésie qui débutent par
l'idéal sont toujours suspects, car l'artiste doit puiser non
dans le réservoir des abstractions générales, mais dans
celui de la vie, !'.art ayant pour-tâche d'exprimer, non des
pensées, comme la philosophie, mais des formes extérieu
res réelles» (Esthétique, coll.
Champs, I, p.
354).
Certes,
ces formes extérieures réelles sont celles dans lesquelles se
manifestent les idées.
Mais précisément l'artiste saisit ces
dernières en tant que formes matérielles, concrètes, et
non en tant qu'ldées abstraites comme le fait le philoso
phe.
L"artiste _évolue dans le monde de l'individuel, du
singulier, le philosophe dans celui du général, de l'univer
sel.
Non pas- que ce qu'exprime l'artiste n'ait pas une
signincation, ·u_ne valeur et une vérité universelles, mais il
ne peut l'exprimer qu'à travers des images particulières,
(C'est la raison pour laquelle l'artiste doit savoir observ�j
exactement le réel, s'y intéresser ei le «.
recueillir» dans
sa mémoire.) De fait l'artiste exprime, tout comme le phi
losophe, quoique d'.une autre manière, le « vrai en soi».
Car ce que l'œuvre d'art « doit exprimer avant tout, c'est.
la vérité et la rationalité du réel représenté.
Cette rationa
lité du sujet choisi par l'artiste ne doit pas seulement être
présente dans sa conscience et le stimuler, mais il doit, à
force de réflexion, en avoir entrevu le fond de vérité et lé
caractère essentiel >� (id., p.
355).
•· Ainsi l'art n'est-il pas le règne 9e....
»
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