En quel sens la connaissance scientifique peut-elle être considérée comme un désenchantement du monde ?
Publié le 16/05/2020
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Introduction La connaissance scientifique semble avoir pour vocation d'expliquer les phénomènes naturels et les faitssociaux par des méthodes à la fois rationnelles et expérimentales.
A cette fin, elle met en œuvre des règles delogique et des instruments d'observation et de mesure qui lui assurent maîtrise et possession des champs qu'elle viseà connaître objectivement.
C'est pourquoi historiquement (Max Weber) et psychologiquement (Gaston Bachelard), lascience commence là où la saisie du réel se veut méthodique et rationnelle, par opposition aux approches traditionnellement intuitives, mystiques et non raisonnées de la réalité.
Littéralement, l'on peut s'autoriser à affirmerque la science se traduit par un « désenchantement » du monde.
Que penser alors de la représentation du monde élaborée par la connaissance scientifique ? Ce monde oùles phénomènes deviennent prévisibles par la connaissance des lois, et où les hommes ont prise sur leur futur grâceà des techniques d'action rationnelles, demeure-t-il à la mesure des désirs et des élans spirituels qui ont nos saisinos âmes d'enfants tout autant que les sociétés humaines d'antan, entourées d'êtres surnaturels et appliquées à seconcilier des puissances mystérieuses pour conjurer le destin et solliciter de la nature des grâces particulières ? Plan1- La nostalgie des temps préscientifiques2- Comment la science désenchante ce monde d'antan3- Charmes et sortilèges du monde de la science Développement 1 – La nostalgie des temps préscientifiques a) Face à la nature, l'esprit humain se comporte spontanément comme s'il avait affaire à des forces subjectivesdotées d'un projet, d'une intention.
Ainsi Auguste Comte définit-il l'état théologique ( Cours de philosophie positive , 2e leçon), caractéristique des religions premières (ou traditionnelles, par exemple l'animisme).
On notera égalementque les métaphysiques grecques ne sont pas non plus exemptes de cette « intentionnalité » prêtée aux êtresnaturels : les « causes finales » d'Aristote ( Métaphysique ) constituent en effet l'une des quatre causes essentielles à l'explication des phénomènes.Les contes et les légendes populaires d'antan nous mettent ainsi en présence d'un univers « enchanté », où seproduisent des effets miraculeux par le pouvoir de formules sacrées et d'interventions surnaturelles.
C'est le mondeirrationnel et magique de Merlin l'Enchanteur et des romans de Chevalerie, qui nourrira les déconvenues de DonQuichotte avant que Descartes ne rejette, au nom de la rationalité mathématique, cet univers trompeur despaladins de son enfance ( Discours de la Méthode , 1ère partie, 1637). b) Le monde « enchanté » est ainsi le monde qui précède l'avènement de la science : en Occident, dans lacomplicité que les Grecs entretenaient avec la nature environnante –et quelle que soit la part progressivementconquise par la rationalité sur les croyances irrationnelles, c'est en somme l'univers des mythologies, qui peuplent lemonde environnant d'esprits invisibles, et qui prêtent à des dieux et à des héros des pouvoirs infinis tout à faitétrangers aux possibilités de la compréhension rationnelle ; hors de l'Occident, les sociétés longtemps dites« primitives » (du moins selon le modèle évolutionniste) entretiennent également cette non différenciation entre lenaturel et le surnaturel (v.
Mircea Eliade, Aspects du Mythe ) c) Le point commun à ces formes d'enchantement du monde naturel, le monde des « contes de fées », en Occidentcomme en Orient (pensons à la magie des Contes des Mille et Une Nuits ) est l'interprétation de tout phénomène comme une opération magique (v.
La Flûte enchantée de Mozart, 1791).
La raison elle-même, dans ses premiers tâtonnements, donne lieu à des interprétations métaphysiques de la nature.
Alors même que l'Europe inaugure ladémarche scientifique, celle-ci demeure en grande partie dans « l'enchantement », en raison du recours à des« causes » métaphysiques.
Outre Aristote, dont nous avons évoqué plus haut le recours aux « causes finales »,Descartes et ses successeurs (Malebranche, Leibniz, au XVIIe siècle) ne seront pas avares de recours à deshypothèses « métaphysiques » (les preuves de l'existence de Dieu, la fondation du « Cogito ») pour construire lascience sur une « métaphysique de la nature ».
Des thèses que le positivisme d'Auguste Comte associe également,sous la dénomination d' « âge théologique », à cet « enchantement du monde » dont la science va détruire lamagie.
2- Comment la science désenchante ce monde d'antan a) Cet enchantement du monde que constituent les approches magico théologiques traduit les façons dont leshommes se laissent subjuguer et fasciner par les charmes de la nature, qui provoquent en eux crainte ou admiration.Aussi le « désenchantement » réside-t-il d'abord dans la dénonciation de l'attitude magico religieuse commesuperstition.
L'argument a ses antécédents bien avant les révolutions scientifiques modernes : dans l'Empire romain,l'épicurien Lucrèce ( De rerum natura , 1er siècle av.
J-C) associe sous le terme de « religio », religion et superstition pour dénoncer les mystifications auxquelles donnent lieu les craintes et les terreurs éprouvées par les hommes faceà la mort, à la maladie, aux épidémies et aux tremblements de terre ; il appelle les hommes à se contenterd'explication purement naturelles (la science épicurienne instaure une physique atomiste, purement matérialiste) ;au début du XVIIe siècle, peu avant l'avènement du mécanisme cartésien, Francis Bacon dénoncera toutes les.
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