En 1937 Georges Duhamel développait dans Défense des lettres une thèse qu'on peut résumer ainsi : Les « arts dynamiques » (radio, cinéma) nous entraînent dans leur mouvement et ne nous permettent ni de nous arrêter pour réfléchir, ni de revenir en arrière, ni même de choisir. Encourageant ainsi la passivité ils sont, à l'inverse de la lecture, un obstacle à une formation culturelle véritable. Expliquez et discutez cette idée. ?
Publié le 16/05/2020
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Sujet : En 1937 Georges Duhamel développait dans Défense des lettres une thèse qu'on peut résumer ainsi : Les « arts dynamiques » (radio, cinéma) nous entraînent dans leur mouvement et ne nous permettent ni de nous arrêter pour réfléchir, ni de revenir en arrière, ni même de choisir.
Encourageant ainsi la passivité ils sont, à l'inverse de lalecture, un obstacle à une formation culturelle véritable.
Expliquez et discutez cette idée.
Proposition de plan
Introduction
Il semble que toute innovation culturelle doive être toujours signalée d'une façon décisive par ceux-là mêmes qui parréaction ou frayeur s'attachent à la défense des anciennes formes : ainsi voyons-nous dans la Défense des lettres,ouvrage où Georges Duhamel expose des vues pessimistes sur la radio et le cinéma — devenus selon lui desmenaces pour la culture, abolissant la réflexion, la possibilité de réexamen, la liberté de choix, et favorisant lapassivité — l'indice le plus net d'une irrésistible ascension des « arts dynamiques ».
Tout en reconnaissant le bien-fondé des mises en garde de Duhamel, on est cependant amené à se demander si uneopposition où l'on fait de la lecture le domaine du choix et de la participation, donc de la culture, et où d'autre parton assimile l'utilisation des médias audiovisuels à la passivité, donc à l'inculture, n'est pas un schéma outré et sansvéritable fondement.
Première partie : explication
et arguments en faveur de la thèse de Duhamel
A.
Explication.
Le lecteur peut s'arrêter au cours de sa lecture, revenir en arrière, reprendre son livre le lendemain.
Il y a de sa partchoix, réflexion.
De ce fait la lecture est un véritable moyen de culture.
Au contraire, les arts dynamiques (arts du mouvement comme la radio ou le cinéma) nous imposent leur proprerythme; les auditeurs ou les spectateurs sont réduits à une pure passivité.
Il n'y a pas de choix, pas d'activité del'intelligence.
En ce sens il y a une incompatibilité entre l'attitude du consommateur des « arts dynamiques » et lesexigences de la culture, laquelle implique une réflexion personnelle.
« La machine insensible n'arrête pas et ne répète pas.
La réflexion semble incompatible avec les nouveaux moyensdonnés aux foules pour se faire une âme.
Le cinéma et la radio ne répètent pas.
Ils marchent, ils coulent, ils seprécipitent.
Je l'ai dit, ce sont des.
fleuves.
Et que charrient ces fleuves : un mélange détestable ou l'on rencontresouvent le pire et rarement le meilleur sans pouvoir les séparer (Duhamel, Défense des lettres).
B.
Un élément nouveau par rapport «21937, qui semble confirmer les craintes de Duhamel : LA TÉLÉVISION. L'importance prise par la télévision dans la vie de nos contemporains semble à première vue confirmer lesaffirmations de Duhamel.
a.
Télévision contrôlée par l'État :
Soit qu'il n'existe qu'une seule chaîne, soit qu'il existe un monopole, dans de nombreux pays l'État a le contrôle de latélévision : il s'agit plus d'« informer » au sens de « donner forme » à l'opinion que d'informer au sens de renseigner.Cette restriction du choix, qui s'ajoute à la restriction du choix inhérente à la nature de ce nouvel « art dynamique», n'est pas un facteur très propice à la vie intellectuelle.
b.
Fascination du petit écran :
On a constaté, surtout dans les débuts, une véritable fascination exercée par la télévision, d'où une certaineoblitération du sens critique.
Conclusion sur la première partie
Les mass-média, et en particulier ce que Duhamel appelle les « arts dynamiques », peuvent effectivement être unesource de dépersonnalisation et favoriser un conditionnement des masses — les sociologues parleraient de «massification » — plus qu'une véritable accession à la culture.
Deuxième partie : critique de cette thèse
A.
Remise en question de l'opposition LECTEUR) AUDITEUR-SPECTATEUR
L'opposition entre le lecteur (qui s'arrête pour réfléchir, revient en arrière, choisit) et le spectateur ou l'auditeur (quise contente d'absorber) est un peu outrée.
• Il y a aussi des lecteurs qui ont le respect sacré de la chose écrite; des boulimiques de la lecture; des gens quilisent d'une manière mécanique sans une véritable réflexion..
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