Emilian Ivanovic Pugacev1742 ?

« Emilian Ivanovic Pugacev 1742 ?-1775 Aussi célèbre que Razin, fut le chef de la révolte paysanne qui faillit renverser les Romanov.

Il naquit dans une pauvre famille cosaque du Don, entré au service à dix-sept ans, il servit bravement contré la Prusse, les Turcs, le raskol en Pologne.

Il y acquit des connaissances militaires utiles.

Révolté par la discipline pour avoir été fouetté, il se heurta à l'intransigeance administrative quand, malade, il demanda sa retraite.

Fuyard, deux fois incarcéré, il s'évada ; réfugié au raskol, puis en Pologne, il en rentra sous un faux passeport pour s'installer à Simbirsk.

Arrêté à nouveau pour avoir tenté d'entraîner au Kuban les cosaques du Jaïk mécontents, il s'échappa de la prison de Kazan.

Lié avec le raskol de l'Irghiz, il eut l'idée de se faire passer pour Pierre III, donnant pour preuves d'anciennes cicatrices baptisées “ signes du tzar ”.

Il rassembla des troupes, s'empara de fortins au Jaïk, l'opération de pillage tournant vite à la vengeance sociale avec l'exécution systématique d'officiers et de fonctionnaires.

Se joignirent à lui ouvriers des usines de l'Oural, allogènes irrités de la politique de russification : Bachkirs, Tatars, Mordves, Ceremis paysans de Russie centrale.

La plèbe urbaine l'attendait même à Moscou ; le clergé local, souvent favorable, l'accueillait avec honneur à l'entrée des villes et villages.

Pugacev avait alors trente ans : de taille moyenne, de belle prestance, mais vieilli par les épreuves, il avait les yeux perçants, un peu effrayants. Tout en lui donnait une impression d'autorité.

Très intelligent mais totalement illettré, il fut un meneur d'hommes et un bon organisateur : instaura la discipline au sein de son armée disparate, créa un gouvernement avec un “ collège des guerres ”, fit rédiger des manifestes proclamant l'abolition du servage et des impôts, le don de la terre et la liberté du culte.

Il a incarné ce “ tzar des gueux ” attendu du peuple.

Ses troupes commirent des atrocités, mais Pugacev s'efforça personnellement de rendre la justice sans inutile cruauté.

Il s'empara de Saratov, Kazan, s'attarda à tort devant Orenburg au lieu de marcher sur Moscou.

L'arrivée des troupes régulières, des renforts venus de Pétersbourg amenèrent sa défaite.

Privé de ses collaborateurs, il fut livré par des cosaques désireux de se racheter quand il gagnait le Don. On l'emmena à Moscou dans une cage de bois.

Enchaîné, il fit preuve d'un courage indomptable face aux insultes de Panin comme plus tard sous la torture et lors de son exécution en janvier 1775.. »