Emile Faguet estime que Les Essais sont à la fois « un livre pour les hommes du temps de Montaigne» et «un livre pour tous les temps». En vous aidant des pages des Essais que vous connaissez, vous préciserez le sens de ces deux formules, et, compte tenu du jugement que vous portez vous-même sur l'oeuvre de Montaigne, vous direz celle qui vous parait la plus pertinente.
Publié le 09/12/2021
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Son portrait est la note pittoresque du début des Essais : « C'est moi que je peins... » il se présente comme un homme simple avec qualités et défauts, « maladroit à la paume », « ayant des mains si grandes » qu'il ne peut tailler une plume lui-même... ; ce début est séduisant, réconfortant, et chacun se cherche des points communs avec lui. Le problème de l'éducation est resté d'actualité, mais le système trouvé par Montaigne ne peut être applicable qu'à un petit groupe d'aristocrates : un maître et un élève comme l'avaient proposé, avant lui, Rabelais" dans l'éducation de Gargantua, et après lui Rousseau dans l'Emile, ce qui prouve que des hommes de « tous les temps » s'en sont préoccupés... Ses idées religieuses et politiques, influencées par son époque, sont établies sous le signe de la liberté et l'indépendance : c'est une leçon à l'égard des courtisans, car lui a toujours su rester à l'écart, évitant ainsi les conflits. De là découlent ses idées de tolérance et il a applaudi à ce succès que représente pour' lui l'Edit de Nantes. Idées de tolérance, d'indépendance, de liberté, c'est ce que les hommes ont toujours cherché à conserver, quel que soit leur temps, mais peut-être spécialement au xvie siècle, à cause des troubles qui régnaient... Chez Montaigne, si les situations, les exemples diffèrent, le fond des idées reste très moderne. Son texte sur l'amitié demeure néanmoins l'un des plus beaux exemples de l'accord et l'harmonie entre deux âmes : une amitié avec Etienne de La Boétie, que Montaigne lui-même n'explique pas... « Parce que c'était lui, parce que c'était moi.
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«LES ESSAIS» DE MONTAIGNE, UN LIVRE POUR TOUS LES TEMPS
Emile Faguet estime que Les Essais sont à la fois « un livre pour les hommes du temps de Montaigne» et «un livrepour tous les temps».
En vous aidant des pages des Essais que vous connaissez, vous préciserez le sens de cesdeux formules, et, compte tenu du jugement que vous portez vous-même sur l'œuvre de Montaigne, vous direz cellequi vous parait la plus pertinente.
DISSERTATION RÉDIGÉE
Montaigne est un homme du xvie siècle.
Comme Rabelais, c'est un humaniste.
Il est considéré comme penseur plutôtque comme philosophe, en ce sens qu'il n'a pas établi un système précis, mais que ses idées dérivent de plusieursdoctrines dans lesquelles il a tiré ce qui lui paraissait être le meilleur.
Ce sont les périodes très diverses qu'il atraversées qui l'influenceront et le feront réfléchir sur des problèmes, nés de ses propres expériences.
Le titre deson œuvre lui-même en révèle la « substantifique moelle ».
« Essais » ne veut dire autre chose que « Expériences »et leçons tirées de ces expériences.Ses expériences sont si variées que l'on touche tous les problèmes.
Et Emile Faguet estime que Les Essais sont à lafois « un livre pour les hommes du temps de Montaigne » et « un livre pour tous les temps »...
Les deux formulessemblent en désaccord mais en réalité il semble que l'une englobe l'autre.Son œuvre est unique, un seul livre, et pleine de diversité.
Il est difficile de croire que c'est le même Montaigne dans« l'art poétique » où se révèle un style vif, si scintillant et si allègre, et où l'auteur rit du lecteur qui perd le fil deson idée que dans « Montaigne s'apprivoise à la mort » où, après son grave accident, il analyse avec minutie tousses sentiments, et ce qu'il a ressenti dans cet état de torpeur et de demi-coma ; si « l'art poétique » semble êtreun sujet anodin, celui de la mort est plus grave, et fait réfléchir les hommes, qui, de quelque époque soient-ils, sesont inquiétés de leur destinée.
.Montaigne répond à ce problème par une solution dénuée de tout stoïcisme : lameilleure façon de s'habituer à l'idée de la mort est d'y penser souvent.
D'ailleurs, lui, qui a été pendant quelquesjours si près de la mort, se rend compte que cet état est loin d'être désagréable.
Combien est douce cette torpeur !Mais voilà l'exemple d'un problème qui répond aux deux idées d'E.
Faguet : un problème de tous les temps, maisspécialement pour les « hommes du temps de Montaigne » qui vivaient une période assez troublée : celle desguerres de religion.
Son portrait est la note pittoresque du début des Essais : « C'est moi que je peins...
» il seprésente comme un homme simple avec qualités et défauts, « maladroit à la paume », « ayant des mains si grandes» qu'il ne peut tailler une plume lui-même...
; ce début est séduisant, réconfortant, et chacun se cherche des pointscommuns avec lui.
Le problème de l'éducation est resté d'actualité, mais le système trouvé par Montaigne ne peutêtre applicable qu'à un petit groupe d'aristocrates : un maître et un élève comme l'avaient proposé, avant lui,Rabelais" dans l'éducation de Gargantua, et après lui Rousseau dans l'Emile, ce qui prouve que des hommes de «tous les temps » s'en sont préoccupés...
Ses idées religieuses et politiques, influencées par son époque, sontétablies sous le signe de la liberté et l'indépendance : c'est une leçon à l'égard des courtisans, car lui a toujours surester à l'écart, évitant ainsi les conflits.
De là découlent ses idées de tolérance et il a applaudi à ce succès quereprésente pour' lui l'Edit de Nantes.
Idées de tolérance, d'indépendance, de liberté, c'est ce que les hommes onttoujours cherché à conserver, quel que soit leur temps, mais peut-être spécialement au xvie siècle, à cause destroubles qui régnaient...
Chez Montaigne, si les situations, les exemples diffèrent, le fond des idées reste trèsmoderne.
Son texte sur l'amitié demeure néanmoins l'un des plus beaux exemples de l'accord et l'harmonie entredeux âmes : une amitié avec Etienne de La Boétie, que Montaigne lui-même n'explique pas...
« Parce que c'était lui,parce que c'était moi...
» Une amitié vraie et enviable.
« Nature est un doux guide...
» résume un art de vivre facileet heureux : « Quand je dors, je dors, quand je danse, je danse,..
» Y a-t-il quelque chose de plus net et de plusvrai ?Montaigne n'a été ni épicurien, ni stoïcien.
Toutefois, il a adopté, puis rejeté ces deux doctrines philosophiques.
Il aformé sa philosophie personnelle, facile et ouverte à tous les esprits.
Et c'est parce qu'il a un caractère très soupleet un art de vivre simple et pacifique que l'on peut dire que Les Essais n'ont pas d'époque.
Ses idées nous semblentmodernes parce qu'elles sont essentiellement humaines, et applicables par tous « les hommes de tous les temps ».Et c'est aussi un livre pour les « hommes du temps de Montaigne » parce qu'ils étaient plus directement intéresséset qu'ils pouvaient méditer sur un point de vue de contemporain.
Les deux formules se fondent aisément en uneseule, car la seconde formule, « un livre pour tous les temps », comprend avant tout et principalement lescontemporains de l'auteur.
Si dans l'œuvre de Montaigne certains points paraissent difficiles à réaliser, tel son système d'éducation, et donnentdes idées politiques et religieuses actuellement dépassées, toute confession par exemple étant tolérée maintenant,son art de vivre est resté très moderne, tel « l'amitié » ou « Nature est un doux guide », grâce à sa souplessed'esprit et surtout à son humanité ; il est avant tout un homme qui met à la portée de tous, dans les sièclespostérieurs aux Essais, un système très humain.Peut-on penser que Les Essais comptent comme succès d'avoir inspiré Rousseau dans l'éducation (l'Emile), etVoltaire sur la tolérance (Affaire Calas ou de la Barre), deux des quatre grands philosophes du xviiie siècle ?.
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