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élément de correction pour une disserte sur la peau de chagrin: monde exténué

Publié le 01/05/2024

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« images qui s’y déploie. • La Peau de chagrin, la peinture d’une société à bout de souf e « L’invention d’une peau qui représente la vie.

« Conte oriental » , écrit Balzac dans son album Pensées, sujets, fragments : telle est l’intention initiale de La Peau de chagrin. Toutefois, l’auteur a très vite souhaité donner à son roman une in exion réaliste ; dans La Caricature du août , il le présente encore comme « un conte oriental », mais « fait avec nos mœurs, avec nos fêtes, nos salons, nos intrigues et notre civilisation ». L’idée de La Comédie humaine n’a pas encore jailli dans l’esprit du romancier, mais, au moment où il écrit La Peau de chagrin, il s’inscrit déjà dans une esthétique fondée sur l’exactitude documentaire et l’exhaustivité descriptive.

Ainsi, à travers La Peau de chagrin, Balzac désire se faire le peintre de la société de son temps.

Mais c’est une société malade qu’il prend pour modèle, et qu’il donne à voir – tout le roman, qui se présente comme le récit d’une lente agonie, est traversé et secoué par des images de déliquescence. > Le tableau d’un monde déliquescent Le roman de Balzac re ète l’atmosphère des années .

La jeunesse vit alors dans la nostalgie d’une grande époque révolue, celle de la Révolution française de et de l’épopée napoléonienne.

La Restauration ruine les ambitions.

Au lendemain de la Révolution de , pour réussir, l’Histoire ne sert plus à rien ; le héros que l’on réclame 9 8 7 1 fl fl 0 3 8 1 1 3 8 1 fl 1 0 1 3 8 1 1 0 3 1 8 Honoré de Balzac, Pensées, sujets, fragments, avec une préface de Jacques Crépet, Paris, Blaizot, . 9 1 1 11 Sujet : Peut-on lire La Peau de chagrin comme le tableau d’un monde exténué ? Éléments de correction L’intitulé du sujet renvoie d’abord, par l’emploi du mot « tableau », à la dimension picturale de La Peau de chagrin.

On résume souvent Balzac à son art consommé de la description.

Si le romancier s’est aussi voulu le peintre de son temps, il s’appuie en effet sur les détails enregistrés par son œil implacable, qui le rapproche de celui du peintre. Le tableau qu’il esquisserait dans La Peau de chagrin serait celui d’un monde « exténué » : l’adjectif renvoie à l’idée d’un amoindrissement, d’une fatigue extrême.

Ainsi, ce serait le spectacle d’une société à l’agonie que Balzac donnerait à voir à travers le roman de . Dès lors, plusieurs démarches sont possibles pour envisager le sujet.

Le candidat peut étudier la façon dont Balzac, à la manière d’un peintre, donne à voir la déliquescence qui frappe le monde social, dans toutes ses strates.

Il peut également s’intéresser aux solutions que le roman apporte face à cette corruption généralisée.

Le sujet permet ainsi de s’interroger sur l’esthétique balzacienne et sur la diversité des théâtre d’un « hideux spectacle ».

L’évocation de ce festin qui tourne à l’orgie vaut comme image du chaos d’une société en proie à un mal souterrain, que Balzac met à jour à travers un saisissant tableau : « Le tableau fut complet.

C’était la vie fangeuse au sein du luxe, un horrible mélange des pompes et des misères humaines, le réveil de la débauche, quand de ses mains fortes, elle a pressé tous les fruits de la vie, pour ne laisser autour d’elle que d’ignobles débris ou des mensonges auxquels elle ne croit plus. Vous eussiez dit la Mort souriant au milieu d’une famille de pestiférés […] ».

Toute la société est contaminée, comme le montre, au seuil du roman, la scène lors de laquelle Raphaël croise deux« misérables », un « jeune ramonneur » et « un vieux pauvre honteux, maladif, souffreteux », qui lui demandent tous deux l’aumône. Si le « monde » est malade, c’est à cause de la montée de l’individualisme qui caractérise la période de la Restauration et de la Monarchie de Juillet.

Dans une lettre à la marquise de Castries du octobre , Balzac explique que « La Peau de chagrin devait formuler le mal du siècle actuel, notre vie, notre égoïsme» .

Cet « égoïsme » s’incarne dans la gure de Fœdora, « la femme sans cœur », désignée explicitement à la n du roman comme l’allégorie d’une société où triomphent l’ambition personnelle et l’indifférence. > Le portrait d’un héros à l’agonie Raphaël de Valentin se présente comme l’emblème de ce monde à l’agonie.

À travers lui, c’est le portrait d’une génération en proie à l’immobilisme et au mal du siècle que dessine Balzac, celle des « enfants de la Révolution ».

Ce jeune homme plein de désirs et Philarète Chasles, « Introduction » à La Peau de chagrin, . fi , p. fi 2 9 - 5 1 9 3 8 6 1 9 1 0 6 9 1 fi 1 3 8 1 5 0 1 3 8 1 Honoré de Balzac, Correspondance, Paris Garnier, fl 2 3 2 3 n’est plus un héros historique, c’est l’argent.

Sous la monarchie de Juillet, régime sous lequel prennent place la rédaction et l’action de La Peau de chagrin, la France voit le triomphe des notables et des banquiers.

Dans l’ « Introduction » qu’il rédige pour le roman en , Philarète Chasles présente l’œuvre de Balzac comme « le spectacle d’une société rendant le dernier soupir sous des rideaux de pourpre, d’argent et de soie ». Cette ré exion renvoie évidemment à la fameuse scène du festin chez le banquier Taillefer.

L’épisode, qui se situe au début du roman, permet à Balzac de peindre pour la première fois la société de son époque, qui gure comme le lieu du paraître, du culte voué à l’or.

Organisé comme une pièce de théâtre, le festin est l’occasion pour l’aristocratie de l’argent d’étaler ses richesses.

Taillefer incarne le triomphe du capitalisme naissant ; mais l’auteur souligne les aspects inquiétants de son personnage, qui semble devoir sa fortune à une série de meurtres : « cet homme aurait tué, pendant la Révolution, un Allemand et quelques autres personnes qui seraient, dit-on, son meilleur ami et la mère de cet ami.

» De même, sa salle à manger qui présente d’abord un aspect « rassurant » devient, après une nuit de débauche et d’ivresse, le d’ambition est rendu malade par une société qui « méconnaît la grandeur de sa vie » et qui le mène à la débauche.

C’est pour ne pas « mourir à l’hôpital » que Raphaël choisit de mener la vie dissipée dont son ami Rastignac lui a vanté les mérites, comme il l’explique à Émile : « Selon lui, je devais aller dans le monde, égoïser adroitement, habituer les gens à prononcer mon nom.

[…] — Les imbéciles, s’écria [Rastignac] nomment ce métier-là intriguer, les gens à morale le proscrivent sous le mot de vie dissipée ; ne nous arrêtons pas aux hommes, interrogeons les résultats.

Toi, tu travailles : eh ! bien, tu ne feras jamais rien.

Moi, je suis propre à tout et bon à rien, paresseux comme un homard : eh ! bien, j’arriverai à tout.

» Mais contrairement à Rastignac, Raphaël « n’arrive pas à tout » en optant pour la dissipation ; c’est ruiné, en proie à des idées suicidaires, qu’il apparaît au début du roman.

L’acquisition du talisman, en lui permettant de réaliser tous ses désirs, lui redonne un sursaut de fortune et de santé.

Mais cette énergie se révèle presque immédiatement une énergie négative, qui se retourne contre le personnage et qui le voue à une existence maladive.

On pense au remarquable portrait de Raphaël qui ouvre la.... »

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