Égypte (2003-2004): Difficiles médiations diplomatiques
Publié le 14/09/2020
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Égypte 2003-2004
Difficiles médiations diplomatiques
L’Égypte a essayé de défendre en 2003-2004 un rôle de lea
der régional de plus en plus contesté.
Après
l’échec, en février 2003, du «sommet» de la Ligue arabe à
Charm el-Cheikh, où le président égyptien
Hosni Moubarak n’est pas parvenu à imposer une position commune po
ur empêcher la guerre en Irak, Le
Caire s’est fixé un nouvel objectif : fédérer le monde arabe
autour d’un programme de réformes
démocratiques concurrent du projet américain de «Grand Moyen-Or
ient».
Martelant que «les recettes
toutes faites imposées de l’extérieur ne marchent pas», l’
Égypte a proposé des réformes graduelles et
respectueuses des traditions religieuses et culturelles des pays arabes.
H.
Moubarak a multiplié les
consultations début 2004, notamment avec l’Arabie saoudite, la Jor
danie et la Syrie, dans le but de
présenter un texte commun lors du «sommet» 2004 de la Ligue ara
be, initialement prévu à Tunis le 29
mars.
Mais l’assassinat par Israël du chef spirituel du Hamas pale
stinien, Cheikh Ahmed Yassine, une
semaine avant la rencontre, ainsi que des divergences entre pays arabes
ont poussé la Tunisie à reporter
le «sommet», qui s'est finalement tenu le 22 mai.
Auparavant c’
est donc les mains vides que H.
Moubarak
a effectué sa deuxième visite aux États-Unis depuis l’éle
ction de George W.
Bush, qu’il a rencontré le 12
avril dans son ranch du Texas.
L’Égypte a également essuyé un camouflet sur le dossier isra
élo-palestinien, puisque le président
américain a apporté son soutien au Premier ministre israélien A
riel Sharon au lendemain de son entretien
avec H.
Moubarak, qui l’avait pourtant mis en garde contre le projet
Sharon de retrait unilatéral de la
bande de Gaza.
Le Caire préconisait un retrait coordonné avec l’
Autorité palestinienne et s‘inscrivant dans
le cadre de la «feuille de route» du quartet (États-Unis, Unio
n européenne, Russie, ONU).
L’Égypte a
tenté de relancer le processus de paix en 2003.
H.
Moubarak a demandé
au chef des services de
renseignements, le général Omar Suleiman, d’essayer de convainc
re les groupes armés palestiniens
d’accepter une trêve, mais aussi d’aider à la réorganisat
ion des services de sécurité de l’Autorité
palestinienne.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ah
med Maher, a pour sa part effectué une
visite symbolique à Jérusalem en décembre 2003.
Son homologue i
sraélien Sylvan Shalom s’est, lui,
rendu au Caire en mars 2004.
Les relations entre les deux pays se sont c
ependant tendues après
l’assassinat de Cheikh Yassine ; H.
Moubarak a annulé la participa
tion de l’Égypte aux cérémonies
organisées en Israël pour les vingt-cinq ans du traité de paix
de Camp David.
Gages d’assouplissement du régime
Sur le plan intérieur, le régime a donné quelques timides signe
s d’ouverture après la répression brutale
des manifestations au début de la guerre en Irak (printemps 2003) :
création d’un Conseil indépendant
des droits de l’homme, nouvelle loi sur la presse abolissant les pein
es de prison pour les journalistes, ou
encore réduction du domaine de compétence des cours de sûreté
de l’État, des tribunaux militaires créés
pour lutter contre le terrorisme, mais récemment utilisés pour jug
er des opposants ou des homosexuels.
Ces mesures n’ont pas convaincu les défenseurs des droits de l’
homme, qui réclamaient l’abolition de
l’état d’urgence (en vigueur depuis l’assassinat du prés
ident Anouar al-Sadate en 1981), la fin de la
torture dans les commissariats, mais surtout une réforme de la Consti
tution instaurant l’élection
présidentielle au suffrage universel direct.
Le débat sur la succe
ssion de H.
Moubarak (76 ans) a en effet
été relancé en novembre 2003 par le malaise dont a été vi
ctime le président en pleine allocution
télévisée, puis par les rumeurs autour de l'opération d'une
hernie discale en juin 2004 en Allemagne.
Le
raïs n’avait toujours pas annoncé s’il briguerait un cinquiè
me mandat de cinq ans en 2005 (par
référendum populaire, après avoir été désigné candi
dat unique par le Parlement) et n’avait pas de
successeur désigné.
Lors d’un discours prononcé le 1er janvi
er 2004, il a exclu toute transmission du
pouvoir à son fils cadet, Gamal Moubarak, en charge de la direction p
olitique du Parti national
démocratique (PND, au pouvoir).
Les Frères musulmans (islamiste
s), principale force d’opposition du
pays, se sont, quant à eux, dotés d’un nouveau guide suprême
en janvier 2004.
Mehdi Akef (75 ans) a
succédé au défunt Ma’amoun al-Hodeiby, qui avait lui-même
pris la suite de Moustapha Machour en
novembre 2002..
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