Égypte (2002-2003): Violentes confrontations entre la rue et le pouvoir
Publié le 14/09/2020
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Égypte 2002-2003
Violentes confrontations entre la rue et le pouvoir
La guerre menée en Irak par la coalition anglo-américaine au print
emps 2003 a accentué les fractures
sociales, politiques, géopolitiques et économiques de l'Égypte.
Elle a aussi fragilisé le pouvoir, déjà
écartelé entre l'encombrante tutelle de Washington et les exigence
s de la population – d'où l'attitude
ambiguë du président Hosni Moubarak.
Condamnant la guerre sans pour autant s'aligner sur l'alliance franco-ge
rmano-russe, ce dernier en a
rejeté la responsabilité sur le régime irakien.
Il a ainsi prov
oqué la colère de la rue, déjà exaspérée par
l'enlisement du conflit israélo-palestinien et révoltée par l'i
mpuissance des États arabes devant l'offensive
américaine.
Aux premiers jours de la guerre, les 20 et 21 mars 2003,
de violentes manifestations ont
éclaté dans le centre du Caire, en dépit de la reconduction, un
mois auparavant, de la loi d'urgence – en
vigueur depuis l'assassinat d'Anouar al-Sadate en 1981, elle interdit en
tre autres les manifestations à
l'extérieur des lieux clos.
Quelques milliers de manifestants s'en so
nt pris au pouvoir, qualifié de «lâche»,
«corrompu» et «liberticide», se heurtant violemment aux forc
es de l'ordre.
La capitale n'avait pas connu
pareils affrontements depuis les «émeutes du pain» de 1977.
La
répression sévère qui a suivi a été
condamnée par les organisations de défense des droits de l'homme.
Elles ont dénoncé les arrestations
par centaines et les brutalités policières (notamment sur deux dé
putés de l'opposition nassérienne,
arrêtés et battus en dépit de leur immunité parlementaire).
Succession stratégique
Ces tensions ont réveillé les interrogations sur la succession de
H.
Moubarak, au pouvoir depuis 1981.
En
septembre 2002, son fils cadet Gamal est devenu un pivot du Parti nation
al démocratique (PND), en
prenant en charge la direction politique du parti qu'il affirmait vouloi
r moderniser.
L'émergence de ce
banquier proche des milieux d'affaires américains a été perç
ue comme une tentative de resserrer des
liens distendus avec Washington, à l'heure où la Maison-Blanche re
définissait ses alliances au Proche-
Orient.
Ainsi, l'Égypte a fini par acquitter le militant des droits de l'homm
e égypto-américain Saad Eddine
Ibrahim, au centre d'un bras de fer judiciaire entre les deux pays à
compter de 2000.
Les cinquante
homosexuels arrêtés en 2001 et rejugés en 2003 par une cour civ
ile ont eu moins de chance : malgré les
pressions internationales, leur peine a été alourdie.
Une sévé
rité liée au retour aux valeurs traditionnelles
prôné par le gouvernement, pour contrer l'influence des islamistes
entrés au Parlement après les
législatives de 2000.
La popularité des Frères musulmans – u
n nouveau guide suprême, Ma'amoun al-
Hodeiby, a succédé à Moustapha Machour, décédé en nove
mbre 2002 – s'est accrue.
S'ils ont jusqu'alors
évité toute confrontation avec l'État, de nouvelles arrestation
s ont eu lieu dans leurs rangs au printemps
2003.
Au plan régional, l'Égypte est de moins en moins le centre de grav
ité géopolitique du Proche-Orient.
Autrefois médiateur privilégié du processus de paix israélo-
palestinien, le pays a été marginalisé par le
plan de paix arabe proposé par les Saoudiens lors du «sommet» a
rabe de Beyrouth en mars 2002.
À
compter de la fin 2002, il a accueilli au Caire des négociations entr
e factions palestiniennes pour l'arrêt de
la seconde intifada.
Mais celles-ci n'ont pas abouti avant le «sommet
» d'Aqaba (Jordanie) réunissant le 4
juin 2003 le président américain George W.
Bush, les Premiers mini
stres israélien, Ariel Sharon, et
palestinien, Mahmoud Abbas, pour tenter de relancer le processus de paix
.
Tenue à l'écart de ce
«sommet», l'Égypte a néanmoins accueilli (le 3 juin) à
Charm el-Cheikh une rencontre entre G.
W.
Bush
et ses alliés arabes pour tirer les conséquences de la guerre en I
rak.
Trois mois plus tôt, le 1er mars, au
même endroit, la Ligue des États arabes réunie pour son «som
met» annuel s'était montrée incapable de
surmonter ses divisions pour éviter la guerre.
L'économie fragilisée par la guerre en Irak.
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