Égypte 1993-1994: Entre libéralisation et islam radical
Publié le 14/09/2020
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Égypte 1993-1994
Entre libéralisation et islam radical
La réélection, le 11 juillet 1993, par l'Assemblée du peuple (
441 voix sur 454) du président Hosni
Moubarak pour un troisième mandat de six ans, confirmée le 4 octob
re par référendum - 96,28% des
voix selon le ministère de l'Intérieur, alors que les Frères mu
sulmans et, dans l'opposition légale, le Parti
du travail, les nassériens et le Rassemblement progressiste avaient a
ppelé à voter "non" -, tout comme la
reconduction de Atef Sidqi au poste de Premier ministre - qu'il a occupé
sans interruption à partir de 1987
- au sein d'un gouvernement quasi inchangé ne traduisaient pas tant l
a stabilité du régime que la
prolongation d'un statu quo fondé sur deux options qui menacent d'app
araître comme de plus en plus
contradictoires: alignement sur l'Occident, avec, en particulier, une ap
plication stricte des directives du
FMI (Fonds monétaire international); poursuite de l'affrontement av
ec les organisations de la mouvance
islamiste "radicale"
Les conséquences de la dérégulation économique
La signature, en septembre 1993, d'un troisième accord avec le FMI, q
ui a rendu possible l'annulation
d'une deuxième tranche de la dette égyptienne - 21,5 milliards de
dollars contre plus de 54 milliards à la
veille de la guerre du Golfe (1991) - a sanctionné les mesures drac
oniennes mises en oeuvre pour la
"dérégulation" de l'économie.
Les efforts ont en effet abouti à
la réduction du déficit budgétaire à 4% du
PIB en 1993-1994 (il a baissé de 50% par rapport à 1990) via la
diminution drastique des subventions à
l'électricité, aux produits pétroliers, aux tickets de chemin d
e fer...
(3,4% du PIB, soit 2,9 milliards de
livres égyptiennes pour l'exercice 1993-1994, contre 6,4% et 6,1 mill
iards pour 1992-1993);
l'abaissement de l'investissement public de 12,4% du PIB en 1990 à mo
ins de 8% pour l'exercice 1993-
1994; la poursuite de la politique de baisse des salaires réels (-24
% en cinq ans); la libéralisation du
commerce extérieur, la baisse du tarif douanier et la poursuite de la
réduction des distorsions du système
des prix (la plupart des denrées et services - dont l'électricité
, le carburant...
- ont atteint au minimum
80% des prix mondiaux).
Les effets en ont été, pour une partie des indicateurs macro-éc
onomiques, positifs en 1993: réduction de
l'inflation à 9,7%; du déficit commercial à 15% grâce, essen
tiellement, à la baisse des importations
(-12%) et en dépit du recul des exportations (-6,5%).
Celui-ci s'
est trouvé largement compensé par l'aide
extérieure, en particulier américaine (2,3 milliards de dollars)
, avec pour résultat une balance des
paiements excédentaire (4 milliards de dollars) pour la troisièm
e année consécutive.
L'alignement des prix
payés aux producteurs de blé au niveau des marchés mondiaux a e
ntraîné, en moins de deux ans, une
spectaculaire réduction de la dépendance alimentaire: 5,5 millions
de tonnes de blé importées en 1993,
contre 7,8 millions en 1990, alors même que la population s'est accru
e de près de 4 millions sur la même
période pour atteindre 60 millions d'habitants.
L'amélioration de ces indices économiques ne traduisent cependant
pas une situation enviable.
Le revers
de la médaille en a en effet été la réduction du taux de cro
issance (1,3% en 1993, contre 2,3% en 1991)
et une aggravation du chômage qui a dépassé 20% de la populatio
n active.
C'est ce qui, pour une part, a
pu expliquer le quasi-blocage des privatisations qui constituaient le se
cond volet des accords avec le FMI.
La principale raison semble cependant avoir été l'inquiétude de
s investisseurs quant aux conditions
d'exploitation des "privatisables", à cause notamment des engagements
demandés aux repreneurs de ne
pas procéder à des licenciements massifs.
Les seules privatisation
s "significatives" intervenues en 1993
ont été celles des usines d'embouteillage des firmes Coca-Cola et
Pepsi-Cola.
Pouvoir et islamistes, l'impasse?
En engageant, à l'été 1991, un affrontement ouvert avec les isl
amistes "radicaux" qui, après avoir
multiplié à partir de 1986-1987 les attentats contre les coptes, a
vaient commencé à s'en prendre aux
touristes, le pouvoir égyptien espérait certainement en finir rapi
dement avec ceux-ci.
Deux ans plus tard,.
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