Égypte (1984-1985): Crise d'identité
Publié le 14/09/2020
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Égypte 1984-1985
Crise d'identité
Alors que les problèmes économiques, sociaux et de politique inté
rieure se sont accumulés sur les bords
du Nil, l'année 1984 et les premiers mois de 1985 ont été assez
favorables à la politique extérieure
égyptienne, puisque l'Égypte a commencé à sortir de l'isolem
ent diplomatique où elle était plongée à
l'intérieur du monde arabe.
On sait qu'après la signature du trait
é de paix israélo-égyptien et le sommet
arabe de Bagdad, en mars 1979, les relations diplomatiques entre Le Cair
e et les principales capitales
arabes avaient été interrompues, sauf avec trois États membres
de la Ligue arabe: la Somalie, le sultanat
d'Oman et le Soudan.
Déjà, en décembre 1983, il y avait eu la r
encontre-surprise entre le président
Moubarak et Yasser Arafat.
En 1984, on a assisté aux retrouvailles é
gypto-jordaniennes, avec la reprise
des relations diplomatiques et politiques entre Le Caire et Amman, puis
à la participation de l'Égypte à la
Conférence islamique de Sanaa, en décembre 1984.
Enfin, en mars 19
85, le président Moubarak,
accompagné du roi Hussein de Jordanie, s'est rendu à Bagdad, concr
étisant ainsi l'émergence d'un axe Le
Caire - Amman - Bagdad, même si l'Irak n'a pas encore rétabli ses
relations diplomatiques avec l'Égypte.
En même temps, les relations égypto-israéliennes, gelées dep
uis l'invasion du Liban en juin 1982, se sont
débloquées au début de 1985: l'Égypte ne désespérait d
onc pas de pouvoir récupérer prochainement
l'enclave touristique de Taba, proche d'Eilath, conservée par les Isr
aéliens après l'évacuation du Sinaï au
printemps 1982.
En revanche, la visite du président Moubarak aux É
tats-Unis, en mars 1985, s'est soldée
par un échec, le Raïs n'ayant pu obtenir l'aide économique et m
ilitaire qu'il attendait de Washington, soit
1,9 milliard de dollars sur l'ensemble des années fiscales 1985 et 19
86.
Une situation économique préoccupante
Or, la situation économique et financière de l'Égypte est deven
ue extrêmement préoccupante.
En effet,
depuis 1984, l'Égypte ne parvient plus à faire face à tous ses
engagements financiers.
Le déficit
budgétaire a doublé entre 1983 et 1984, atteignant approximativeme
nt le quart du produit national brut
en 1985.
La dette extérieure, qui s'élevait à 22 milliards de d
ollars en 1983, aurait atteint 30 milliards de
dollars en 1985, mais le service de la dette (35% des recettes d'export
ation du pays) est resté dans des
marges supportables, en comparaison avec la situation d'autres États
du tiers monde.
Le déficit commercial n'a cessé de s'accentuer, pour atteindre 7,1
milliards de dollars en 1983.
La moitié
des importations est constituée de produits alimentaires.
Cette dé
pendance alimentaire grandissante a
coûté à l'Égypte 4 milliards de dollars en 1984.
Au même
moment, les principales rentrées de devises ont
diminué ou stagné.
Ainsi, les apports des travailleurs égyptien
s dans les pays pétroliers de la péninsule
Arabique ont été de 2 milliards de dollars en 1984, un milliard de
moins qu'en 1983.
Les ventes d'armes
de l'industrie militaire avaient rapporté 1 milliard de dollars en 19
83 ; mais depuis 1984, le principal client
de l'Égypte, l'Irak, ne peut plus payer.
En même temps, les recett
es touristiques ont stagné autour de
600 millions de dollars, ainsi que les revenus procurés par le canal
de Suez (1 milliard de dollars en
1984), dont le trafic a été légèrement perturbé durant l
'été 1984 par l'affaire des mines flottantes dans la
mer Rouge.
Les principales recettes en 1984, les exportations pétrolières, on
t rapporté 2,5 milliards de dollars, un peu
plus que l'année précédente (2,3 milliards de dollars).
Mais,
si les exportations et la consommation
intérieure devaient se maintenir au niveau de 1985, les réserves p
étrolières seraient épuisées en 1995.
C'est pourquoi le gouvernement a envisagé la construction d'une gross
e centrale nucléaire.
La situation
financière de l'Égypte et la réticence des banques internationa
les à consentir des crédits commerciaux
non garantis risquent de compromettre sérieusement ce projet, qui int
éressait directement l'industrie
électronucléaire française, d'autant que Le Caire a accumulé
des retards de règlement considérables pour
payer les armes livrées par les États-Unis et la France, ses deux
principaux fournisseurs.
Les répercussions de cette inquiétante situation économique et
financière sur la vie quotidienne ont été
aggravées par une inflation galopante, proche de 40%, qui a touché
particulièrement les salariés et la
majorité du peuple égyptien dont les conditions de vie n'ont cessé
de se dégrader.
On estimait en 1985.
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