Égypte (1983-1984): Fragilité
Publié le 14/09/2020
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Égypte 1983-1984
Fragilité
Le président égyptien, Hosni Moubarak, a réussi en trois ans de
pouvoir - ce qui fut un tour de force - à
maintenir l'Égypte dans une situation de relative stabilité.
Mais,
pris entre des exigences contradictoires,
soumis aux pressions du "clan Sadate", il a dû et devra dans le futur
naviguer serré pour contourner ces
difficultés.
A commencer par celles liées à la situation économique, qui ont
marqué l'année 1983.
Sur le plan
économique, "l'ère" Moubarak s'est concrétisée par l'adoptio
n d'un plan quinquennal (1981-83/1986-87),
le second dans l'histoire de l'Égypte.
Sans remettre fondamentalement
en cause l'"infitah" (l'ouverture
économique) décrétée par le président Sadate en 1974, le
plan a voulu en corriger les "abus" en mettant
l'accent sur les investissements productifs.
La progression annuelle du PNB devrait atteindre 8% par an.
L'agricultur
e, jusque-là négligée, connaîtrait
une croissance de 3,7% (contre 2% jusqu'alors).
L'ensemble des investi
ssements augmenterait de
manière substantielle avec une part plus grande de capitaux privés
(24% contre 17% en 1980).
Dans
l'industrie, le secteur d'État, avec 75% de la production, est resté
l'épine dorsale du système.
Le
gouvernement a dressé, pour la première année de mise en oeuvre
du plan, un bilan positif: 335
nouveaux projets, pour une valeur de deux milliards de livres égyptie
nnes, ont été adoptés (alors que
l'objectif était de un milliard).
L'Égypte a drainé d'importants capitaux du Golfe, dont certains on
t été investis dans l'industrie.
Le pays a
ainsi réussi à stabiliser plus ou moins ses ressources financiè
res provenant du pétrole, du canal de Suez
et du tourisme.
Après une chute due aux incertitudes nées de l'ass
assinat d'Anouar El Sadate (octobre
1981), les envois de fonds des Égyptiens à l'étranger - une de
s quatre ressources principales du pays -
ont augmenté de 53%.
Enfin, l'exportation d'armements a rapporté p
lus d'un milliard de dollars, devenant
ainsi une des principales sources de revenus (et de devises!).
En dépit de ces redressements, la situation économique en 1983 est
restée précaire.
Avec 20 milliards de
dollars de dettes, Le Caire a dû rembourser chaque année 1,8 milli
ard - ce qui correspond à 25% des
exportations ou à 80% de l'aide américaine annuelle.
Le déficit
budgétaire pour 1983-1984 a atteint 6
milliards de dollars alors que celui de la balance des paiements courant
s - malgré une décrue - est resté à
1,4 milliard.
L'inflation réelle a varié entre 30 et 40%.
Mais ce tableau de la
situation économique serait incomplet si
l'on n'évoquait pas la grande misère du peuple égyptien dont le
s conditions de vie se sont dégradées de
jour en jour, et les inégalités criantes dans la répartition de
s revenus et de la consommation.
Les 5% de
familles les plus riches ont absorbé en 1983 22% du revenu national,
alors que les 34% les plus pauvres
n'en ont perçu que 11%.
2,3% des Égyptiens ont englouti 34% de la
consommation nationale, alors que
33% des citadins et 44% des ruraux vivaient en dessous du seuil de la pa
uvreté.
Dans ces conditions, le Rais égyptien a dû faire face à un diff
icile dilemme.
Il a dû contracter de
nouveaux prêts auprès des organismes internationaux, et a donc eng
agé depuis la fin de l'année 1983
des négociations avec le FMI.
Or celui-ci a posé une condition: la
diminution draconienne des 2,5 milliards
de dollars de subsides distribués annuellement par l'État égypt
ien pour financer les produits de première
nécessité (pain, sucre, etc.).
Mais les récentes émeutes d
u Maroc et de Tunisie, celles du Caire en janvier
1977 - qui avaient suivi l'adoption de telles mesures - sont restées
dans toutes les mémoires.
Malgré les
pressions des sadatiens et de tous les profiteurs de l'"infitah", le gou
vernement a reporté sa décision à
après le 27 mai 1984, date des élections législatives.
Des élections mouvementées
La situation en politique intérieure a été dominée par la pr
éparation et la tenue de ces élections, les
premières depuis l'assassinat du président Sadate.
L'instauration
de la proportionnelle, une plus grande.
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