Effet Fronde Grand Oral
Publié le 04/03/2024
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«
ASTRO-PHYSIQUE : LA FRONDE GRAVITATIONNELLE
Résumé
Les grandes agences spatiales qui lancent des sondes à travers le Système solaire utilisent une
technique maintenant bien maîtrisée qui est celle de l’assistance gravitationnelle.
Cette dernière
permet à un engin soit de prélever de l’énergie d’origine gravitationnelle à une planète à proximité
de laquelle il va passer afin d’accélérer pour atteindre plus rapidement une cible plus lointaine soit
de lui restituer cette énergie afin de ralentir suffisamment pour se satelliser autour de cette planète.
On montre dans cet article que ce phénomène est à rattacher au problème de mécanique céleste
bien connu des trois corps et qu’un tel transfert d’énergie n’est possible que parce la planète à
proximité de laquelle l’échange se produit est en mouvement autour du Soleil.
Introduction
L'exploration du Système solaire à l'aide de sondes nécessite depuis ses début en 1958 - passage de
Luna 1 (URSS) à proximité de notre satellite naturel – de disposer de lanceur puissant capable de
donner à la charge utile l’impulsion nécessaire pour parvenir à destination.
Les conditions pour
atteindre cet objectif dépendent essentiellement de l’objet visé et de la masse de la sonde envoyée
en mission.
Or, encore aujourd’hui et malgré les progrès réalisés dans la conception et la
fabrication des lanceurs, on ne dispose pas toujours des moyens techniques et/ou financiers pour
parvenir rapidement au but visé.
Illustrons ces difficultés avec l’exemple de la mission
BepiColombo lancée récemment en direction de Mercure.
Même si cette planète se rapproche
quelquefois à moins de quatre-vingt huit millions de kilomètres de la Terre, il faut savoir qu’il est
plus facile en temps et en énergie d’atteindre Jupiter, qui se trouve pourtant à plus de six-cents
millions de kilomètres de nous.
Les lois de la mécanique céleste impliquent en effet qu’il est moins
coûteux de voyager vers les planètes extérieures de notre Système solaire que vers celles situées
plus proches du Soleil.
Le billard cosmique : quelques rappels de mécanique céleste
Dans le Système solaire les objets tournant autour du Soleil obéissent en première approximation1
aux trois lois de Johannes Kepler (1571–1630) qui s’énoncent ainsi :
Première loi : Chaque planète décrit, dans le système héliocentrique, une ellipse dont un des foyers
est occupé par le Soleil.
Deuxième loi : La droite qui joint le Soleil à une planète balaie des aires égales pendant des
intervalles de temps égaux.
1
Les lois de Kepler font l’approximation, pour une planète quelconque, de négliger l’influence gravitationnelle des
objets autre que le Soleil pour décrire son mouvement.
1
Par exemple, sur la figure ci-dessus, la planète met le même temps pour faire le trajet P1P2 que pour
faire le trajet P3P4.
Troisième loi : Le carré de la période de révolution T d’une planète est proportionnel au cube du
demi-grand axe2 a de l’ellipse, la constante de proportionnalité étant identique pour toutes les
planètes d’un même système planétaire.
T 32 = cste
a
Ces lois, découvertes empiriquement par Kepler à partir des relevés de position de la planète Mars
réalisés par Tycho Brahé (1546–1601), ont été justifiées ultérieurement par les lois de la
mécanique d’Isaac Newton (1642–1727) appliquées au Système solaire dans lequel les planètes se
déplacent sous l’action des forces d’interaction gravitationnelle entre chacune d’elles et le Soleil.
r
r
FP / S = −FS / P
L’intensité de ces forces est donnée par l’expression suivante :
F = G.
mS.mP
avec
d2
d : HP
mH : masse du Soleil = 2.1030kg − mP : masse de la planète
G : constante de la gravitation universelle avec G = 6,67.10-11 unité SI
Bien évidemment ces différentes lois s’appliquent également pour décrire les interactions
gravitationnelles et les mouvements qui en découlent dans les systèmes planète/satellite (naturel ou
artificiel).
2
La période de révolution est le temps T nécessaire à la planète pour parcourir complètement son orbite.
Le demigrand axe a d’une orbite est égal à la moitié de la distance entre l’aphélie (point de l’orbite le plus distant du Soleil) et
le périhélie (point de l’orbite le plus proche du Soleil).
2
Pour notre étude en relation avec l’envoi de sondes pour explorer d’autres objets du Système solaire
à un moindre coût énergétique et avec satellisation éventuelle autour de l’objectif, il nous faut
connaître :
r
• La vitesse vLP : C’est la vitesse, mesurée dans le référentiel planétocentrique, qu’il faut
donner à l’engin pour l’arracher à l’attraction de la planète considérée depuis sa surface et
qu’on appelle vitesse de libération.
r
• Les vitesses v : C’est la vitesse, mesurée dans le référentiel héliocentrique, de la Terre
PH
et de la planète visée.
On l’appelle vitesse orbitale.
r
• La vitesse v : C’est la vitesse, mesurée dans le référentiel planétocentrique de l’objectif,
SP
qu’il faut donner à l’engin pour que ce dernier se satellise en fin de parcours.
On l’appelle
vitesse de satellisation.
La valeur de cette dernière est variable selon l’orbite choisie autour
de la planète cible mais elle doit être inférieure à la vitesse de libération.
Le tableau suivant présente deux de ces différents éléments pour quelques planètes inférieures et
supérieures de notre Système solaire :
VPH (km/s)
vLP (km/s)
Mercure
47,9
4,2
Vénus
35,0
10,4
Terre
29,8
11,2
Mars
24,1
5,0
Jupiter
13,1
59,5
Pour simplifier l’étude on considérera par la suite que :
• les orbites des différentes planètes sont circulaires, ce qui est proche de la réalité puisque
leur excentricité e est, pour la plupart, très faible.
• les orbites des différentes planètes sont toutes dans le même plan qui est celui de
l’écliptique.
• La masse des planètes est négligeable devant celle du Soleil et nous aurons toujours
l’approximation (mH + mP) ≈ mH avec mH : masse du Soleil et mP : masse de la planète.
Envoi d’une sonde terrestre vers une planète : orbite d’Hohmann
L’envoi d’une sonde depuis la Terre vers une planète peut se faire selon de nombreuses trajectoires.
Ces dernières vont se distinguer par deux caractéristiques : la durée du voyage et le coût
énergétique.
Sur ce dernier point une des trajectoires les plus économiques et certainement la plus
simple est l’orbite de transfert de Hohmann3, qui est tangente aux orbites de départ et d’arrivée.
C’est celle qui minimise la dépense d’énergie nécessaire pour passer de la Terre à la planète visée.
Le schéma ci dessous illustre le cas d’un transfert selon une orbite d’Hohmann entre l’orbite de la
planète P2, distante de r2 du Soleil, et l’orbite de la planète P1, distante de r1 du Soleil.
Elle permet
donc de passer d’une première orbite circulaire à une deuxième en utilisant uniquement deux
manœuvres de courte durée consommant le moins d'énergie possible.
On applique d'abord un
r
changement de vitesse ∆v tangentiellement à la trajectoire circulaire de départ pour changer
2
3
Walter Hohmann (1880-1945) était un ingénieur allemand passionné d'astronautique.
Avec le russe Constantin
Tsiolkovski (1857-1935), l’américain Robert Goddard (1882-1945) et l’austro-hongrois Hermann Oberth (1894-1989)
il fait partie des pionniers de cette discipline.
Son ouvrage écrit en 1925, « L'atteignabilité des corps célestes », est le
premier texte où l’on rencontre le concept d'orbite de transfert.
3
l'orbite en une ellipse d'apogée r2 et de périgée r1.
Au périgée, on applique un changement de
r
vitesse ∆v , toujours tangentiellement à l'orbite, pour circulariser l'orbite à un rayon r1.
1
On peut montrer à l’aide de considérations énergétiques4 que le module de la vitesse héliocentrique
r
v d’une sonde (S) parcourant une orbite elliptique – ici celle de Hohmann - est donnée, en
SH
n’importe quel point, par l’expression suivante :
vSH = G.mH .(2 r − 1 a)
avec r : distance sonde-Soleil et a : demi-grand axe de l’orbite de transfert d’Hohmann qui vaut,
d’après le schéma, (r1 + r2)/2.
Prenons maintenant l’exemple d’une sonde que l’on souhaite envoyer, depuis la Terre (planète P2),
en direction de Mercure (planète P1) selon une orbite de transfert d’Hohmann.
On sait qu’il faut tout
d’abord l’extraire du puit gravitationnel terrestre.
Pour l’étude suivante on va considérer que ceci
est fait et que la sonde s’est placée sur une orbite solaire accompagnant notre planète dans sa ronde
r
dans le Système solaire à la vitesse héliocentrique de 29,8 km/s.
Sa vitesse v est alors celle d’un
SH
objet parcourant l’orbite d’Hohmann passant à son aphélie et dont nous noterons le module vSH2.
On a alors :
r = r2 = 150.109 m
a = (r1 + r2)/2 = ½.(58 +150).109 m = 104.109 m
r
En parvenant au niveau de Mercure v est celle du périhélie de l’orbite d’Hohmann.
Son module
SH
sera noter vSH1.
Dans ce cas
r = r1 = 58.109 m
Après calcul nous obtenons :
vSH2 = 22,3 km / s
vSH1 = 57,6 km / s
4
La démonstration de cette expression est donnée en annexe.
4
Au départ, après être sortie du puit de potentiel gravitationnel de la Terre, la sonde possède sa
vitesse héliocentrique vTH de 29,8 km/s.
Pour qu’elle emprunte l’orbite de transfert il faut la freiner
jusqu’à....
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