Edmond DE GONCOURT écrit, dans la préface des Frères Zemganno (1879) : Le réalisme, pour user du mot bête, du mot-drapeau, n'a pas l'unique mission de décrire ce qui est bas, ce qui est répugnant, ce qui pue. Il est venu au monde aussi, lui, pour définir dans de « l'écriture artiste » ce qui est élevé, ce qui est joli, ce qui sent bon, et encore pour donner les aspects et les profils des êtres raffinés et des choses riches : mais cela en vue d'une étude appliquée, rigoureuse et non co
Publié le 09/12/2021
Extrait du document
A. Situer la citation Dégagez sommairement les grandes étapes du réalisme. BALZAC n'est qu'un précurseur. Le réalisme proprement dit commence avec « le réalisme de 1850 », une sorte de daguerréotype littéraire qui vise à la plus rigoureuse exactitude et rejette le style, mot de convention selon CHAMPFLEURY. Avec FLAUBERT (qui refusa toujours l'épithète) et les frères GONCOURT, le réalisme se fait artistique et conquiert ses lettres de noblesse. Mais ces derniers, puis, et surtout, ZOLA entraînent le réalisme dans la voie du naturalisme, qui se soucie non seulement de description, mais de connaissance, est imbu de la méthode expérimentale, et s'attache aux aspects les plus sombres du réel. Le roman naturaliste sera très attaqué et, en 1887, après la publication de la Terre, de ZOLA, le Manifeste des Cinq dénoncera l'immondice de la littérature zoliste. Cette protestation au nom de la dignité de l'art, nous la trouvons déjà en 1879 dans cette préface des Frères Zemganno. En effet, après la mort de son frère Jules en 1870, Edmond, retiré dans son grenier d'Auteuil, ne tarde pas à évoluer vers une manière nouvelle, qui est exprimée ici. Il s'agit en gros d'appliquer la méthode naturaliste à la peinture des milieux raffinés. Lectures : a) Des ouvrages illustrant ce que condamne GONCOURT : le meilleur exemple serait sans doute l'Assommoir, de ZOLA, qui, en 1877, a fait beaucoup de bruit. Mais songer aussi à BALZAC (la description de la pension Vauquer dans le Père Goriot) ou même à FLAUBERT (l'opération du pied-bot par Charles Bovary). Des ouvrages illustrant sa thèse : on pourrait lire Chérie, d'Edmond DE GONCOURT, et l'opposer à Nana, de ZOLA. Il ne faut pas oublier que ce dernier, après le Manifeste des Cinq, s'est essayé au conte joli (le Rêve, 1888). D'autres réactions contre le naturalisme : en particulier celles de HUYSMANS, disciple rénégat, dans A rebours, dont la préface est très importante (1884). Des ouvrages posant le problème du réalisme : les Faux-Monnayeurs, de GIDE (le journal d'Édouard), et l'Homme révolté, de CAMUS.
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Edmond DE GONCOURT écrit, dans la préface des Frères Zemganno (1879) : Le réalisme, pour user du mot bête, du mot-drapeau, n'a pas l'unique mission de décrire ce qui est bas, ce qui est répugnant, ce qui pue.
Ilest venu au monde aussi, lui, pour définir dans de « l'écriture artiste » ce qui est élevé, ce qui est joli, cequi sent bon, et encore pour donner les aspects et les profils des êtres raffinés et des choses riches : maiscela en vue d'une étude appliquée, rigoureuse et non conventionnelle et non imaginative, de la beauté,une étude pareille à celle que la nouvelle école vient de faire en ces dernières années de la laideur...
Lesuccès du réalisme est là, seulement là, et non plus dans la canaille littéraire.
Vous commenterez et discuterez, le plus largement possible, cette définition du réalisme dans le roman.
Préparation de la dissertation
A.
Situer la citation
Dégagez sommairement les grandes étapes du réalisme.
BALZAC n'est qu'un précurseur.
Le réalisme proprement dit commence avec « le réalisme de 1850 », une sorte de daguerréotype littéraire qui vise àla plus rigoureuse exactitude et rejette le style, mot de convention selon CHAMPFLEURY.
Avec FLAUBERT (qui refusa toujours l'épithète) et les frères GONCOURT, le réalisme se fait artistique et conquiert ses lettres denoblesse.
Mais ces derniers, puis, et surtout, ZOLA entraînent le réalisme dans la voie du naturalisme, qui se soucienon seulement de description, mais de connaissance, est imbu de la méthode expérimentale, et s'attache auxaspects les plus sombres du réel.
Le roman naturaliste sera très attaqué et, en 1887, après la publication de la Terre, de ZOLA, le Manifeste des Cinq dénoncera l'immondice de la littérature zoliste.
Cette protestation au nom de la dignité de l'art, nous la trouvons déjà en 1879 dans cette préface des Frères Zemganno.
En effet, après la mort de son frère Jules en 1870, Edmond, retiré dans son grenier d'Auteuil, ne tarde pas à évoluervers une manière nouvelle, qui est exprimée ici.
Il s'agit en gros d'appliquer la méthode naturaliste à la peinture desmilieux raffinés.
Lectures : a) Des ouvrages illustrant ce que condamne GONCOURT : le meilleur exemple serait sans doute l'Assommoir, de ZOLA, qui, en 1877, a fait beaucoup de bruit.
Mais songer aussi à BALZAC (la description de la pension Vauquer dans le Père Goriot) ou même à FLAUBERT (l'opération du pied-bot par Charles Bovary).
Des ouvrages illustrant sa thèse : on pourrait lire Chérie, d'Edmond DE GONCOURT, et l'opposer à Nana, de ZOLA.
Il ne faut pas oublier que ce dernier, après le Manifeste des Cinq, s'est essayé au conte joli (le Rêve, 1888).
a.
D'autres réactions contre le naturalisme : en particulier celles de HUYSMANS, disciple rénégat, dans A rebours, dont la préface est très importante (1884). b.
Des ouvrages posant le problème du réalisme : les Faux-Monnayeurs, de GIDE (le journal d'Édouard), et l'Homme révolté, de CAMUS. c.
Citations
CÉZANNE : La nature, j'ai voulu la copier, je n'arrivais pas; j'ai été content de moi lorsque j'ai vu que le soleil était quelque chose qu'on ne pouvait pas reproduire.
HUYSMANS : Le naturalisme est condamné à se répéter, à se rabâcher, à piétiner sur place.
B.
Le plan
Le plan vous est indiqué par la fin de l'intitulé.
Commentez (c'est-à-dire expliquez, mettez en lumière) la conceptiond'E.
DE GONCOURT.
Ensuite — deuxième point —, examinez sa valeur, ses limites, etc.
Introduction
Le roman n'a jamais cessé d'osciller entre le rêve et la réalité.
Quand il se veut « réaliste », il se voit souventcontraint, pour trouver le vrai, de négliger le beau.
L'esprit cultivé, l'esprit « artiste » s'insurgent instinctivementcontre .
une telle conception.
Et tout le drame d'un écrivain comme Edmond DE GONCOURT réside dans cetteopposition : il s'est appliqué, avec son frère, à peindre les aspects maladifs ou morbides de l'existence; il a soutenule mouvement naturaliste à ses débuts; mais, devant cette floraison de romans qui s'intéressent à ce qui est bas, àce qui pue, il éprouve des répugnances de délicat.
Homme de salon, esthète raffiné, amateur de bibelots et d'artjaponais, admirateur fervent de Watteau, qui, selon lui, commence l'artiste moderne, il remet en honneur le point devue du goût.
Il se propose de s'appliquer non plus à l'étude du laid, mais à l'étude de ce qui est élevé, de ce qui estjoli.
GONCOURT entend rester fidèle aux méthodes et à l'esprit de la nouvelle école, mais l'engager dans une voiedifférente de celle de la canaille littéraire.Cette conciliation de l' « esprit réaliste » et de l' « esprit artiste » pose au fond tout le problème du roman réaliste,.
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