« Écrire, si ça sert à quelque chose, ce doit être à ça : à témoigner. A laisser ses souvenirs inscrits, à déposer doucement, sans en avoir l'air, sa grappe d'oeufs qui fermenteront. » En vous appuyant sur votre expérience de lecteur vous commenterez et éventuellement discuterez cette opinion de l'écrivain contemporain J.-M.G. Le Clézio exprimée dans L'Extase matérielle.
Publié le 15/05/2020
Extrait du document
«
« Écrire, si ça sert à quelque chose, ce doit être à ça : à témoigner.
A laisser ses souvenirs inscrits, à déposerdoucement, sans en avoir Pair, sa grappe d'œufs qui fermenteront.
» En vous appuyant sur votre expérience delecteur vous commenterez et éventuellement discuterez cette opinion de l'écrivain contemporain J.-M.G.
Le Clézioexprimée dans L'Extase matérielle.
situer le sujet
On remarque d'abord, le ton retenu, un peu dubitatif de J.-M.G.
Le Clézio :
« Écrire, si ça sert à quelque chose, ce doit être à ça...
» L'auteur ne semble pas très sûr de cette fonction, ou plusexactement, pas très sûr que la littérature serve à quelque chose.
On retrouve ici l'aversion des parnassiens pour «l'utile », pour le pragmatisme.
On sait aussi que Baudelaire détourne la poésie « d'un enseignement quelconque » : elle n'a pas pour but de «perfectionner les mœurs » ou de démontrer quoi que ce soit d'utile...
Elle n'a d'autres buts qu'elle-même.
Depuis le xixe siècle, la mission de la littérature a connu un regain d'activité avec des œuvres « engagées ».
Même si sa fonction était subversive, le surréalisme, curieusement, s'inscrit dans cette lignée.
J.-M.G.
Le Clézio, avec quelque réticence, se propose de définir la fonction de « l'écriture ».
L'écriture, terme intéressant parce qu'il se place non du point de vue de « l'objet achevé », le livre, mais dans laperspective de l'œuvre en train de se faire, dans la perspective de l'écrivain.
recherche des idées
1.
« Témoigner...
laisser ses souvenirs inscrits.
»
• Le Clézio retrouve, d'une certaine manière, la plus ancienne fonction de récriture : conserver des souvenirs, àtravers les temps, au-delà de la tradition orale.
• Il s'agit de vaincre « l'oublieuse mémoire » selon la belle formule de Jules Supervielle.
a) Témoigner sur soi.
Deux directions :
— soit les confessions romantiques où l'âme se confie.
Effusion du cœur et du sentiment, littérature lyrique ;
— soit l'auteur décrit une expérience qu'il juge exceptionnelle (par exemple : L'homme qui marchait dans sa tête,Patrick Segal).
Ce qui compte alors, c'est l'apprentissage face à des événements marquants, l'apprentissage de lavie et de sa dureté.
b) Témoigner d'une époque, d'un milieu.
Dans ce cas, on apprend par des documents bruts quelle fut la vie quotidienne des hommes.
(Les mineurs dansGerminal de Zola ; la Restauration chez Balzac.) Tout un monde dans ses moindres détails :
— costume,
— habitat,
— moyens de transport, est donc recréé.
2.
« Déposer doucement, sans en avoir l'air, sa grappe d'œufs qui fermenteront.
»
• Il est intéressant de noter la délicatesse de l'expression.
On dit facilement que la littérature contemporaine aime lechoc et l'éclat.
Ici, il y a, au contraire, une discrétion propre peut-être aux très grands auteurs, aux classiques, àJulien Green...
à Le Clézio.
• Le public n'accepte pas rapidement certains témoignages.
Ainsi, comme nous le verrons dans la discussion, leshommes se sont fait une certaine image du poète : il parle de la nature, de la beauté d'un pays...
et l'on necomprend pas qu'il parle de son temps et de la violence.
• La phrase de Le Clézio fait aussi intervenir la notion de postérité.
L'image de la fermentation suppose que l'œuvre n'est pas immédiatement comprise.On pense, évidemment, à Stendhal qui estimait ne devoir être compris que cinquante ans après sa mort.
L'écrivain.
»
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