Économie et société en France depuis la fin de la dernière guerre : les années soixante-dix marquent-elles une rupture ?

« L'économie et la société française ont connu de profonds changements depuis la fin de la dernière guerre mondiale.Certains s'inscrivent dans un processus qui semble poursuivre, malgré les aléas de la conjoncture, un mouvementgénéral.

Ainsi l'observation des indicateurs montre que le pays a échappé à une vraie crise démographique.

Leschiffres de la population connaissent un accroissement continu.

Certes, la fin du baby-boom, au milieu des annéessoixante, a conduit la fécondité sous le seuil du renouvellement des générations et accentué le vieillissementdémographique, mais le mouvement se révèle progressif et n'empêche pas la population active de continuerd'augmenter également.Les conditions matérielles de vie des Français se sont, dans le même temps, notablement améliorées.L'augmentation des salaires, forte jusque dans les années soixante-dix, s'est bien ralentie depuis mais le pouvoird'achat des plus faibles a continué de progresser de manière appréciable.

Les éléments du confort domestique sontplus nombreux et ils se sont sans cesse modernisés.

La population, par ailleurs, n'a cessé de voir son état sanitaireet son niveau scolaire progresser.Il n'en est pas moins vrai que l'économie française a reçu durement les coups de la « crise » des années soixante-dix qui, à plus d'un titre, constitue bien une rupture.

Les taux de croissance de la richesse nationale se sont trèsfortement et brutalement ralentis, tout en restant dans la durée positifs, en même temps que les conditions de laproduction de cette richesse se modifiaient en profondeur.

L'économie a exclu du marché du travail un nombrecroissant de personnes qui, en vingt ans, est monté à plus de 3 millions.

Alors qu'elle avait été, depuis la guerre,fortement créatrice d'emplois, elle ne parvient pas à régler aujourd'hui le déséquilibre entre la demande et l'offre surun marché du travail où la précarité augmente.

Certains spécialistes, examinant cette situation « explosive » au-delà de la conjoncture, proposent un regard particulier sur la rupture: selon eux, il est nécessaire de réfléchir enprofondeur sur la notion de travail, qu'il faudrait désormais découpler de celle d'emploi.. »