E.L.1 : « L’entrée en scène de Julien Sorel », Le rouge et le Noir, Stendhal

« E.L.1 : « L’entrée en scène de Julien Sorel », Le rouge et le Noir, Stendhal Introduction Présenter l’auteur : Stendhal est le pseudonyme que se choisit Henri Beyle, écrivain de la première moitié de XIXe siècle, né à Grenoble en 1783 et mort à Paris en 1842.

Il a participé à l’épopée napoléonienne, notamment la campagne d’Italie, mais aussi la campagne de Russie.

Puis il commence à écrire des récits de voyage, des essais : De l’Amour (1822), Racine et Shakespeare (1823) où, avant Hugo, il critique le théâtre classique.

Ainsi il s’inscrit dans le tout jeune mouvement romantique.

Présenter l’œuvre : Cependant Le Rouge et le Noir paru en 1830, est aussi un roman précurseur du réalisme.

Stendhal veut décrire « La vérité, l’âpre vérité » comme le souligne l’épigraphe du début du roman sous-titré « Chronique du XIXe siècle ».

D’ailleurs pour rédiger ce roman il s’inspire de faits divers qui ont défrayé la chronique l’année précédente : l’affaire Berthet et l’affaire Lafargue.

Présenter le passage : Le passage étudié est situé vers la fin du chapitre 4 de la première partie.

Avant cela le narrateur nous a présenté la ville de Verrières, les personnages secondaires, notamment M.

de Rênal, le maire, qui a demandé au père Sorel si son fils Julien voulait devenir le précepteur de ses enfants.

Le vieux Sorel se rend donc à la scierie où est censé travailler Julien qui n’a pas encore été présenté au lecteur.

Projet de lecture : Comment Stendhal présente-t-il son héros, quel portrait original fait-il de Julien Sorel ? Mouvements du texte : 1) L’arrivée du père Sorel à l’usine (ligne 1 à 10) 2) L’altercation entre le père et le fils (ligne 11 à 28) Explication linéaire : 1) L’arrivée du père Sorel à l’usine : a) Le père Sorel et ses fils aînés (l1-5) : ● L1 : Nous sommes à la fin du chapitre 4 et pour le moment Stendhal n’a pas encore présenté son héros, ce qui crée un certain suspense .

On sait qu’il est le fils d’un artisan de Verrières, un charpentier : « le père Sorel ».

A la ligne 1 le narrateur adopte le point de vue du père Sorel : « il ne vit » (l2), « il l’aperçut » (l6).

Celui-ci arrive à « son usine », Julien est ainsi situé dans son milieu social, sans être pauvre, il vient d’un milieu populaire.

D’ailleurs son père n’est pas appelé monsieur mais « père Sorel » et plus loin « vieux Sorel » : appellations campagnardes, alors que le héros est désigné par son prénom « julien » qui l’individualise, le singularise.

Le père est caractérisé par « sa voix de stentor » qui d’emblée met en valeur sa puissance physique. ● L2-3 : Stendhal recule encore le moment de présenter son personnage principal, il décrit d’abord les frères aînés de Julien.

Ils ne sont pas individualisés, ils sont présentés à la 3 ème pers du pluriel , en groupe, et dans leur rapport avec leur père : « ses fils aînés ».

Eux aussi se caractérisent par leur force brute : « espèce de géants », « lourdes haches », « copeaux énormes » = bûcherons => champ lexical de la scierie.

+ ils assument une tâche à l’intérieur de l’usine : « équarrissaient les troncs de sapins » (ils enlèvent l’écorce des troncs avant de les débiter en planches) mais ce verbe a un autre sens : il appartient au vocabulaire de la boucherie et signifie enlever la peau d’un animal.

Ceci les fait apparaître comme les ogres des contes de fées…On a d’ailleurs plusieurs éléments symboliques qui donnent à ce passage l’aspect d’ un conte : avec des bûcherons, des géants, des ogres… ● L3-5 : Ils n’entendent pas leur père à cause du bruit et parce qu’ils sont concentrés sur leur travail : « tout occupés à suivre exactement la marque noire tracée sur la pièce de bois » ce qui symbolise le fait qu’ils suivent les traces de leur père. => ce sont les doubles de leur père (// milieu social + physique + symbolique). »