Du Contrat Social Livre I Chapitre 3 (commentaire)
Publié le 17/05/2020
Extrait du document
«
Ce texte est un extrait d'une œuvre philosophique intitulée Du contrat social.
Elle a été écrite par Jean-JacquesRousseau en 1762 et a joué un rôle majeur dans la modernité et particulièrement dans la philosophie politique ; elle aaffirmé le principe de souveraineté du peuple .Dans l'extrait étudié l'auteur veut montrer, par un raisonnement parl'absurde, que la force ne peut être une autorité légitime.Ce texte soulève plusieurs interrogations notamment sur la manière de garder le pouvoir uniquement par la force, etsi cela est juste de reconnaître le rapport de force comme étant un rapport de droit.Le passage de ce chapitre s'articule en deux étapes ; il commence par expliquer sa thèse en définissant les termesde l'expression « droit du plus fort » afin de montrer en quoi la force ne peut être légitimement un droit, en quoi elles'oppose au droit ; ensuite il la démontre en expliquant pourquoi le droit du plus fort ne peut garantir la stabilité.
Dès la première ligne du texte , Rousseau introduit sa thèse .Elle sous-entend que « force » et « droit » sont deuxtermes opposés .Il dit que celui qui domine ne pourra pas toujours exercer son pouvoir s'il ne trouve pas un moyende prouver à son peuple que l'exercice de son pouvoir est légitime ; c'est-à-dire qu'il est fondé en justice, en équitéet non le contraire.
Ainsi , « l'obéissance » serait transformée en devoir car elle apparaitrait comme une loi à laquellele peuple se soumet pour son bien .
Si il n'est pas capable de faire cela il ne pourra pas gouverné à long terme ( « être toujours le maître ») .De la ligne 2 à 4 , l'auteur tente d'expliquer l'expression « droit du plus fort » sansparvenir à quelque chose de logique .D'après lui , ce droit est acquis car c'est ce qui a toujours été dicté.Cependant cela n'est pas justifié car la force est une « puissance physique » et non morale donc la force ne peutavoir un effet morale .Cela étant dit , un peuple ne se soumet à l'autorité non pas parce qu'il est d'accord avec lefait qu'on lui retire ses droits mais parce qu'il y est obligé .Par conséquent le peuple est obligé de se soumettre à laforce mais il ne s'agit pas ici de respecter une loi volontairement comme on le ferai pour un devoir (l.4 à7).Dans le second paragraphe, l'auteur prouve sa thèse grâce à un raisonnement par l'absurde.
Celui-ci consiste àdémontrer la vérité d'une proposition en prouvant l'absurdité d'une autre.Nous le voyons à partir de la ligne 8 à la ligne 12 où il met en évidence l'instabilité qu'il y a en ayant comme principe« le droit du plus fort ».En effet , si l'on considère que la force confère un droit , un pouvoir , alors celui quideviendra plus puissant que celui qui domine déjà prendra alors le pouvoir .Il en déduit que celui qui détient lepouvoir n'impose sa domination à ceux qui la subissent qu' aussi longtemps qu'il demeure le plus fort .Aussitôt quel'on montre un signe de faiblesse , celui qui est soumis à cette force peut prendre le dessus (l.10 : « Sitôt qu'onpeut désobéir impunément , on le peut légitimement, et puisque le plus fort a toujours raison, il ne s'agit que de faireen sorte qu'on soit le plus fort .
»).Rousseau conclut son raisonnement en disant, à la ligne 13 jusqu'à la ligne 14 (jusqu'à « obligé »), que pour s'imposer, la force n'as pas besoin du droit .L'obéissance est une contrainte qui enlèvetoute liberté alors que le droit est une liberté que l'on choisit de prendre ou pas .De surcroît , le droit n'ajoute rien àla force car celle-ci relève d'une « puissance physique » et le droit d'une puissance morale , l'association de cesdeux termes est donc contradictoire .
Après avoir approfondi cette thèse, certains points restent tout de même obscure comme celui qui suit :commentun peuple peut accepter d'être dominé alors qu'il a la possibilité de se révolter contre l'autorité ?Là réside le mystèrede l'obéissance civile … D'ailleurs , plusieurs pensées vont dans ce sens en particulier celle de la Boétie qui s'étonneque « Tant d'hommes, tant de bourgs , tant de nations endurent quelques fois un tyran seul qui n'a puissance quecelle qu'ils lui donnent ; qui n'a pouvoir de leur nuire sinon qu'ils ont pouvoir de l'endurer, qui ne saurait leur faireaucun mal , sinon qu'ils aimaient mieux le souffrir que de lui contredire » Discours de la servitude volontaire .
Eneffet nous jugeons d'avoir un chef que l'on désignera comme étant le plus raisonnable : c'est le principe d'unedémocratie, c'est-à-dire que le peuple élit son représentant parmi plusieurs candidats et celui qui obtiendra le plusde suffrage lors de l'élection.
Ainsi le peuple entretient cette notion du « droit du plus fort » car c'est lui qui la meten place inconsciemment .Nous pouvons également proposer une explication à ce comportement qui n'est autre quele peuple a besoin d'une personne qui les gouverne pour maintenir l'équilibre de la société car si on leur donne tropde liberté, chacun ferait ce que bon lui semble et il risquerait d'oublier de ce qui est vraiment bien.
Cela aurait pourconséquence une mauvaise organisation de la société et entrainerai même à la chute de celle-ci comme cela a étéle cas en 1981 en URSS, lorsque Gorbatchev a tenté de sauver le système politique en accordant plus de liberté aupeuple.
Pour conclure , nous considérerons que la thèse énoncée par Rousseau dans ce chapitre est acceptable : la forcene peut faire droit , mais il arrive que nous utilisons « le droit du plus fort » pour prendre certaines décisions et quenous acceptons d'en être victime..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Chapitre 2 du livre IV du Contrat social
- Explication chapitre 8 contrat social rousseau
- Commentaire d'un extrait des Essais de Montaigne, livre III chapitre 6
- J.J. ROUSSEAU, Du contrat social: Le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître (commentaire)
- Rousseau - Résumé et commentaire des livres I et II : le contrat social et la souveraineté