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DOSTOÏEVSKI CRIMES ET CHÂTIMENTS exposé

Publié le 03/11/2022

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« DOSTOÏEVSKI CRIMES ET CHÂTIMENTS ● Vie de l’auteur: Dostoïevski fut un grand auteur russe, admiré notamment pour son roman Crimes et Châtiments, publié en 1866.

Dostoïevski a vécu lui-même une véritable “vie romanesque” qui a notamment inspiré son oeuvre littéraire: Dostoïevski est épiléptique depuis son enfance, il a connu une période d’addiction sévère aux jeux, il a fait l’objet d’une condamnation à mort commuée en séjour au bagne en Sibérie, et son père a été tué par ses propres serfs. Dostoïevski est l'incarnation par excellence de l’âme russe, empreinte de sentimentalité religieuse qui imprègne le regard porté sur l’existence, avec un rapport spécifique à la démesure.

Dans ses œuvres, et plus particulièrement dans Crimes et Châtiments, ses personnages sont obsédés par une idée fine sur laquelle ils n’ont pas un regard clair; Dostoïevski les étudie à la manière d’un “psychologue des profondeurs”.

Crimes et Châtiments importe les objets d’étude de prédilection de son auteur: son oeuvre est polarisée entre d’une part une logique rationnelle et d’autre part un emportement passionnel: une opposition entre modernité et tradition, sainteté contre criminalité, liberté contre déterminisme et obéissance, affaires intrafamiliales (les pères contre les “étudiants”):un univers conflictuel, tout en tension est instauré.

L’univers romanesque de Dostoïevski détient ses propres codes, qui se reflètent particulièrement dans cette oeuvre: une temporalité très lente est instaurée, avec de longues scènes, utilisant une logique spatiale de combinaison: les personnages se déplacent d’un domicile à l’autre et leurs entrevues sont combinées en fonction des informations qui parviennent aux personnages, avec peu de description physique, ce qui contraste avec la tradition romanesque occidentale.

Crimes et Châtiments relève du mélodrame, avec des types de personnages un peu spéciaux: un étudiant en droit, violent, avec une femme comme figure de “sainte”.

Dans Crimes et Châtiments, un véritable dialogue conceptuel s’élabore entre les personnages: il s’agit de la valeur d’une vie, celle de la vieille usurière, un “pou” selon Raskolnikov. ● Résumé de l’oeuvre: Rodion Raskolnikov, un ancien étudiant en droit, vivant dans la misère et la pauvreté, vit de manière solitaire et taciturne.

Après avoir appris que sa soeur allait se sacrifier en se mariant avec un homme riche qu’elle n’aime pas, il nourrit un profond sentiment de rengaine.

Mis au contact d’une usurière vile et perfide qui lui a pris la montre de son père en gage pour une bouchée de pain ; il décide de l’assassiner, de la dépouiller de son argent, et de faire quelque chose d’utile avec.

Il la tue mais la sœur de la prêteuse sur gage arrive à ce moment-là, et il l’assassine aussi alors qu’elle semble plutôt se situer du côté de la sainteté.

Son meurtre n’est pas commun, il se transforme donc en double homicide.

Le procureur va chercher à savoir si Raskolnikov est bien l’assassin présumé.

Une rédemption va lui être offerte par Sonia, une prostituée, en échange de son aveu du double homicide.

Raskolnikov se dénonce alors, sur l’instigation de Sonia, dont il est amoureux, pour alléger sa conscience.

Il est alors condamné au bagne.

La rédemption s’opère alors grâce au triomphe de l’amour, de la foi et du pardon. → Selon Dostoïevski, la justice accomplit-elle correctement sa mission? L’enjeu juridique et philosophique de l'aveu prend ici toute son épaisseur : le meurtrier, pour alléger sa conscience, se force à dire ce qui est indicible, mais l'aveu permet-il de soulager son esprit, comment et où avouer? L'institution judiciaire est-elle capable de mener le coupable à prononcer l'aveu ? Quelle valeur morale et judiciaire a cet aveu ? La nécessité de l'aveu chez Dostoïevski met en avant une justice où tout se dit, où même l'indicible est prononcé. I. L’enjeu du consentement à l’aveu dans Crimes et Châtiments: ● Le meurtre de la prêteuse à gage donne la subtile apparence du meurtre parfait, sans témoin, qui ne laisse aucune trace.

Le juge Porphyre, pourtant, est persuadé de la culpabilité de Raskolnikov, dont le comportement étrange encourage de plus en plus ses soupçons.

Un jeu subtil d'attaque et d'esquive s’opère entre les deux personnages lors de leurs rencontres.

Le juge décide dans un premier temps d’enquêter de manière informelle, en masquant les soupçons qui sont les siens sur Raskolnikov.

Alors qu’il fait mine de discuter avec le jeune étudiant sur ses idées nihilistes (sur lesquelles nous reviendront plus tard), il engage un interrogatoire qui ne dit pas son nom.

Ce doublejeu, cette quête masquée de l’aveu et de l’information, atteint son paroxysme - lors de la première discussion - lorsque le juge demande à Raskolnikov (pour le piéger) : « puisque vous êtes allé voir l'usurière, vous souvenez-vous s'il y avait des peintres qui travaillaient à l'étage au-dessous ? ».

Cette manière de procéder est contraire à la philosophie même de l’aveu, qui doit reposer sur une volonté propre et personnelle de son auteur.

Un aveu qui reposerait sur des manoeuvres dolosives perd de sa valeur.

Le consentement de l’auteur de l’aveu, consentement libre et éclairé, est un préalable à la validité de ce dernier. ● De prime abord, l'aveu de Raskolnikov semble extorqué par Porphyre: sa pression exercée sur l'étudiant pour lui faire "dire", conformément à sa vision d'une codification de la justice, réduit considérablement la véritable volonté de Raskolnikov.

Par conséquent, la part de consentement du héros Raskolnikov ne constitue pas la clé de voûte de son aveu.

Néanmoins, alors que la justice essaie à toute force d’acquitter l’étudiant, en mettant le crime sur le dos de la société, Raskolnikov éprouve lui-même le besoin de faire cet aveu pour se racheter en accomplissant sa sentence. ● Sonia, prostituée, constitue une médiatrice qui joue un rôle crucial dans le passage à l’aveu de Raskolnikov.

C’est sa relation avec Raskolnikov qui incite ce dernier à se dénoncer.

Un passage marquant est le moment de la lecture de la résurrection de Lazare dans la Bible, lorsque Raskolnikov se rend chez Sonia pour la première fois. Suite à cette lecture, Raskolnikov est au bord de l’aveu: sa langue est prête à se délier, mais il n’y parvient pas.. Lorsque Raskolnikov parvient enfin à prononcer son aveu, Sonia a ainsi permis de rendre possible l’aveu public. Double aveu: Raskolnikov va aussi déclarer sa femme à Sonia et lui avouer son amour à l’instant où sa mère meurt à Pétersbourg, qui n’est parvenue à comprendre la motivation de l’acte de son propre fils. II.

La valeur de l’aveu : entre pression extérieure et cheminement intérieur ● Le véritable aveu de Raskolnikov n’est pas juridique, mais il s’agit intrinsèquement d’un aveu de nature philosophique, à portée métaphysique. ● Scène où Raskolnikov confesse son crime à Sonia: l’explication primaire de son geste est un argument financier: il évoque notamment son souhait de protéger sa mère et sa sœur Dounia, prêtes à se sacrifier pour lui en organisant un mariage avec un homme . Mais cette explication est aussitôt avortée par un geste révélateur de Raskolnikov, qui cache son argent sous une pierre et qui ne parvient pas à jouir de son butin: il ne parvient pas à activer: il détient le fructus, mais se sent incapable et illégitime d’utiliser ce droit.

Son désir de justice est alors ravivé en lui lorsqu’il écoute le récit de Marmeladov, un fonctionnaire ivre qui lui déballe sa vie à lui peu avant son crime, et qui lui raconte qu’il éprouve l’envie irrationnelle de « boire » les vêtements de ses enfants et les revenus de Sonia, qui se prostitue pour aider sa famille.

Raskolnikov, face à ce discours désarmant, éprouve un profond sentiment d’affliction. ● La découverte d’un article qu’a publié Raskolnikov lorsqu’il était étudiant en droit, dans lequel celui-ci développe une théorie qui invite à remettre en question la culpabilité des hommes qui sont responsables de crimes mais qui l’ont réalisé par abnégation, par accomplissement spirituel, par une rédemption.

Dans son article universitaire, Raskolnikov dévoile qu’il faudrait se sentir capable de les faire pardonner parce que ce destin améliore la condition humaine des hommes.

Il s’agit d’un véritable plaidoyer au grand meneur de foules, Napoléon, auquel s’identifie le héros. ● Il convient de revenir sur l’idéologie du personnage pour comprendre la valeur et la signification de son aveu.

Raskolnikov a sa propre vision de la justice et de la morale. Celui-ci, profondément nihiliste, considère qu’il existe deux sortes d’hommes : d’une part, la plupart des hommes, les plus nombreux, ceux qui appartiennent à la race des fidèles (aux règles établies).

Puis ceux qui appartiennent à la race des sur-hommes. Les sur-hommes ont un supplément d’âme, une fougue étincelante qui ne demande qu’à se déployer, quelque chose à accomplir pour le bien-être global.

Ces surhommes, dans la conduite de leur destin, sont amenés à transgresser les règles morales établies tant par les hommes que par les Dieux.

Justice humaine et justice divines sont des freins pour ces sur-hommes.

Ces derniers doivent les dépasser, quitte à commettre.... »

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