Don Quichotte de la Manche (extrait)Chapitre VIMiguel de CervantesDe l'heureux succès qu'eut le valeureux don Quichottedans l'épouvantable et incroyable aventure des moulins à vent,et d'autres événements dignes de mémoire.
Publié le 22/05/2020
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Don Quichotte de la Manche (extrait)
Miguel de Cervantes
Chapitre VI
De l'heureux succès qu'eut le valeureux don Quichotte
dans l'épouvantable et incroyable aventure des moulins à vent,
et d'autres événements dignes de mémoire.
En ce moment-là, ils découvrirent trente à quarante moulins à vent qui se trouvaient
dans cette plaine, et dès que le chevalier les aperçut : “ La fortune, dit-il, nous guide
mieux que nous ne pourrions le souhaiter ; ami Sancho, vois-tu cette troupe de
démesurés géants ? Je prétends les combattre et leur ôter la vie.
Commençons à nous
enrichir de leurs dépouilles ; cela est de bonne guerre, et c'est servir Dieu que d'ôter une
si terrible engeance de dessus la face de la terre.
— Quels géants ? dit Sancho Pança.
— Ceux que tu vois là, dit don Quichotte, avec ces grands bras, dont quelques-uns ont
près de deux lieues de long.
— Prenez-y garde, répondit Sancho, ce que vous voyez là ce ne sont pas des géants,
mais des moulins à vent ; et ce qui vous paraît des bras, ce sont les ailes que le vent fait
tourner pour mettre la meule en mouvement.
— Il paraît bien, dit Quichotte, que tu n'es guère expert en fait d'aventures.
Ce sont des
géants ; et si tu as peur, retire-toi d'ici, et te mets quelque part en oraison ; pour moi, je
vais les attaquer, si acharné et inégal que puisse être le combat.
”
En disant cela, il piqua Rossinante, et quoique Sancho se donnât au diable pour lui
persuader que c'étaient des moulins à vent, et non pas des géants, c'étaient tellement
des géants pour notre chevalier, qu'il n'entendait même pas les cris de son écuyer ; et
plus il s'approchait des moulins, moins il se désabusait.
“ Ne fuyez pas, poltrons,
s'écriait-il à tue-tête ; lâches et viles créatures, ne fuyez pas ; c'est un seul chevalier qui
entreprend de vous combattre.
” Un peu de vent s'étant élevé au même instant, et ces
grandes ailes commençant à se mouvoir : “ Vous avez beau faire, dit le chevalier
redoublant ses cris, quand vous remueriez plus de bras que n'en avait Briarée, vous me
le paierez tout à l'heure.
” En même temps il se recommande de tout son c œur à sa
dame Dulcinée, la priant de le secourir dans un si grand péril ; et, bien couvert de son
écu, la lance en arrêt, il court de toute la force de Rossinante contre le plus proche des
moulins, et rencontre une des ailes ; de sorte que, le vent donnant avec furie, l'aile qui
tournait emporta la lance et la mit en pièces, jetant loin de là le cavalier et le cheval sur
le terrain et en très mauvais état.
Sancho accourut au grand trot de son âne, et vit que
son maître ne pouvait remuer, tant la chute avait été lourde.
“ Eh ! ventrebleu, dit Sancho, ne vous disais-je pas bien que vous prissiez garde à ce que
vous alliez faire, et que c'étaient des moulins à vent ! Et qui en pouvait douter, à moins
d'en avoir d'autres dans la tête ?.
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