Databac

Dom Juan Acte 5 - Scène 5 Et 6 pistes

Publié le 06/12/2021

Extrait du document

Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Dom Juan Acte 5 - Scène 5 Et 6 pistes. Ce document contient 2034 mots. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système d’échange gratuit de ressources numériques ou achetez-le pour la modique somme d’un euro symbolique. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en : Echange
Dom Juan, Acte V, scènes 5 et 6 : pistes d'analyse
inspiré de http://docremuneres.forumparfait.com/dom-juan-acte-v-scene-5-et-6-le-denouement-vt687.html :
vous pouvez aller voir à cette adresse où il y a des compléments.

Introduction
Situation : à la fin de l'acte IV, on basculait dans le surnaturel (juste après la scène avec Elvire).
L'acte V met en scène les sommations finales du destin, puis la chute de DJ aux Enfers. L'acte
s'ouvre la pseudo-conversion de DJ : après avoir menti à son père (scène 1), et avoir fait l'éloge de
l'hypocrisie (scène 2), DJ révèle sa stratégie : il utilise la religion pour masquer son immoralité.
Depuis le début de l'acte IV, DJ est empêché de souper : il a de plus en plus de mal à manger (// de
plus en plus mal à réussir ses séductions : la dernière en date remonte à l'acte II, et c'était une fuite
en avant). C'est à un repas qu'il a invité la statue de pierre (d'où le titre espagnol « el convidado de
piedra « et le sous-titre donné par Molière) ; contre toute attente, la statue accepte l'offre et retourne
l'invitation : DJ se trouve convié à un repas que le commandeur a préparé spécialement pour le
damné.
Il s'endurcit dans sa faute, jusqu'à vouloir abattre d'un coup d'épée le spectre, qui, le dernier
voudra convaincre de renoncer. Arrêté par le fantôme de la femme voilée qui semble redouble le
retour d'Elvire dans l'acte IV, revêtue elle aussi d'un voile. La femme voilée se mue en image du
Temps pour signifier que Dom Juan arrive au terme du temps qui lui a été donné.
Problème principal de cette scène : dans quelle mesure cette « chute « de DJ permet-elle de grandes
variétés dans les différentes « solutions « scéniques ? Les choix de mise en scène influencent
directement l'interprétation qu'on se fera du personnage.
1. Le spectre du temps : trop connu ou inconnu ?
1.1.

L'apparition du surnaturel : à quoi le rattacher ?
DJ voit passer un spectre devant lui : fantôme qui peut symboliser « l'esprit « de
toutes les femmes déshonorées et perdues par DJ, ou bien un envoyé surnaturel et qui
offre une dernière chance à DJ : « Dj n'a plus qu'un moment à pouvoir profiter de la
miséricorde du Ciel ; et s'il ne se repent ici, sa perte est résolue «.
Pb de mise en scène : la voix est difficilement identifiable : « Qui ose tenir ces
paroles ? Je crois connaître cette voix «. Faut-il qu'on entende, par exemple, de l'une
des comédiennes qui jouait précédemment Elvire ou l'une des paysannes ? Faut-il
« dématérialiser « cette voix, la masquer ?
Ce choix influence directement l'interprétation du personnage. Faut-il une voix
« neutre «, que le spectateur n'a pas encore entendue, et qui ferait de cette voix celle
du Destin lui-même ? Dans ce cas le fait que DJ la reconnaisse serait la révélation de
quelque chose qu'il avait gardé pour lui (et qui faisait partie de son opacité) : il était
déjà seul avec lui-même à connaître son destin, déjà condamné et semi conscient des
enjeux. Soit c'est une voix reconnaissable pour le spectateur également : auquel cas
Dj est une nouvelle fois « rattrapé « par ses erreurs, mais rattaché à quelque chose de
connu de tous.
Pas étonnant dès lors que Dj veuille « voir « ce qu'est le spectre : il s'agit de dévoiler

les apparences pour connaître la vérité ; au nom de la raison souveraine, il veut
identifier le phénomène qu'il voit : « spectre, fantôme ou diable, je veux voir ce que
c'est « Spectre = allégorie du Temps (« changement de figure «) qui s'envole.
Mais le choix d'une voix reconnaissable ou non conditionne tout le reste : il pourrait
aussi être tenté de voir si on ne cherche pas à lui jouer à un tour en se déguisant !
Moins rationaliste, plus proche de la superstition qui accrédite les mystères
extravagants de l'univers, Sganarelle, lui, croit sans la moindre retenue. Pour lui,
cette apparition est la marque de la puissance invisible de Dieu : « Ah ! Monsieur,
rendez vous à tant de preuves, et jetez-vous vite dans le repentir. « Il insiste auprès de
DJ pour qu'il évite la tragédie.
Le valet joue deux fonctions ici : il introduit un décalage comique dans ce moment
fantastique et dramatique, qui a pour effet de renforcer, par contraste, la dimension
tragique ; mais il est aussi impuissant à faire entendre raison à son maître : il sert
donc aussi de faire-valoir du personnage de DJ.
1.2.

Une mort ridicule ou héroïque ?
Par une métamorphose fantastique, le spectre revêt l'habit du Temps ; DJ se heurte
donc au Temps qu'il a méprisé. Homme du présent, du plaisir le plus immédiat, Dj
ignore le passé (il oublie ses victimes et semble ne rien regrette rien) et le futur (il ne
prend pas garde à « sauver son âme «) : le voilà obligé d'affronter la réalité d'une
mesure temporelle de ses actes.
Dans le même temps, DJ, le libertin, qui clame sa rationalité, se trouve confronté à
l'irrationnel. Grande ambiguïté de la scène. En effet, doit on y voir :
o
une démonstration d'orgueil opiniâtre de la part Dj, qui tient avant tout
à se persuader lui-même (« rien n'est capable de m'imprimer de la terreur «;
« Non, non, il ne sera pas dit, quoi qu'il arrive, que je sois capable de me
repentir «) = manifeste une fierté aveugle, pour ne pas faillir à sa réputation, à
son propre mythe : se ment-il à lui-même jusqu'au bout ?
Ou bien
o
Une vaillance « jusqu'au boutiste « qui fait de la mort de DJ une
ultime démonstration de son héroïsme (Cf acte III) ? Au cours de l'acte V, DJ
avait accepté l'artifice du masque, celui de l'hypocrisie conformiste, qu'il
attribuait à la société dans laquelle il vit... Il apparaît ici grandi par le combat
perdu de la mort, avec panache et noblesse : DJ s'élève à la hauteur de son
propre mythe. Homme de la négation absolue (à Dieu, aux usages sociaux,
aux croyances...), DJ prononce par 2 fois le non du refus (« Non, non « scène
5 et 6).

2. Le châtiment : un dénouement merveilleux.
2.1.
Un châtiment exemplaire : la constance à l'oeuvre
L'intervention de la statue du commandeur interrompt DJ dans son élan : « Arrêtez
Don Juan «.
Représentation du divin et de la loi; invité de pierre -> confère rigidité, caractère
inébranlable et inflexible ; lien avec la mort qui rigidifie le vivant.
L'inconstance et la légèreté existentielles de DJ, se heurtent à l'impassibilité de la
permanence. Dureté inébranlable de la statue : elle parle de façon ferme et
autoritaire, à l'impératif : « Arrêtez; donnez-moi la main « ; dernière sentence à la
3ème personne -> façon d'accroître la solennité de la mise en demeure + façon de
prendre à témoin le public, de lui annoncer dès le début de la pièce et de le rendre

ainsi plus exemplaire.
La statue exprime le point de vue de Dieu, dont la miséricorde n'est pas infinie. Le
christianisme affirme que toute faute peut être pardonné si elle suscite un repentir
sincère. Sinon, châtiment divin sévère.
Toutefois, encore une question de mise en scène : par trop de froideur, ne risque-t-on
pas la convention pure ? Ce châtiment n'est-il pas, précisément, trop froid pour être
réellement crédible ?
Dernière transgression, sacrilège supplémentaire commis par DJ : il accepte de
manger avec un mort, il franchit la ligne de partage entre le monde des vivants et
celui des morts. Il brave la force qui l'assaile : « Oui. Où faut-il aller?/La voilà «
Dernier repas de DJ : sorte de Cène ;
Pour la première fois, DJ respecte la parole donnée. Pour la première fois, DJ agit.
2.2.

Un dénouement spectaculaire (// Baroque) : sublime ou grotesque ?
Les éclairs symbolisent la colère de Dieu (souvent éclairs sont les attributs de Zeus)
Le corps de DJ s'embrase = cf. les représentants traditionnelles de la damnation et de
la chute aux Enfers.( Feu d'en bas, enfer imaginé comme un éternel brasier) >
dimension tragique à la mort de DJ ; public de l'époque impatient de voir ce
spectacle.
Les propos de DJ sont équivoques et jouent plusieurs fonctions :
-
Justifier la la surprise qu'il éprouve en montrant que jusqu'au dernier
moment, il se montre incrédule : « Ô Ciel ! Que sens-je ? «
-
Informer le public de la terrible souffrance que subit le héros pour
pouvoir juger de la pertinence du châtiment et s'en effrayer : « un feu
invisible me prend, je n'en puis plus «
-
Ou bien, tout au contraire, introduire une distance par rapport à ce
châtiment supposé, le mettre à distance : quelqu'un qui n'en « peut [vraiment]
plus « va-t-il vraiment prendre le dire ? Peut-on aller jusqu'à y voir une ultime
moquerie ? N'est pas un peu trop prévisible pour être crédible ?
Didascalie indique que DJ n'est plus présent = le sujet de la pièce a disparu.

3. La solitude de Sganarelle : une mise en abîme un peu gênante du spectateur...
3.1.
La disparition du « méchant homme «
Traditionnellement, le dénouement réunit tous les personnages de la pièce qui
s'achève par une réconciliation de tous les protagonistes dont le conflit est résolu, Or,
ici Sganarelle est seul.
Cf pluriel dans la tirade de Sganarelle : « Lois violées, filles séduites, familles
déshonorées, parent outragé, femme mises à mal, maris poussés à bout, tout le monde
est content « > montre qu'un multitude d'individus a été outragée par DJ, et pas
seulement les personnages de la pièce. Sganarelle exprime ainsi la cause des valeurs
humaines, classées par ordre d'importance décroissante. La disparition de DJ peut
cependant laisser un sentiment de frustration, car si le montre est puni, ses victimes
ne sont pas dédommagées.
3.2.

Un contraste bouffon
« Mes gages, mes gages « : considération de Sganarelle bassement matérielle ; cette
réplique détruit l'effet moralisateur du dénouement et crée un contraste bouffon avec

la solennité du moment. Elle relativise la nécessité du châtiment : après tout, DJ était
utile, il faisait vivre Sganarelle.
Réplique ambiguë, qui manifeste aussi l'hypocrisie de Sganarelle, qui après avoir
crié sans cesse à l'immoralité, fait passer ici son intérêt matériel avant la justice
divine. DJ a encore une dette « post-mortem « à payer... Celui qui défend le point
de vue des « honnêtes gens « est en réalité intéressé par l'argent... Cela n'a pas
échappé aux dévots qui ont fait interdire la répétition de « mes gages «.
Solitude de Sganarelle « il n'y a que moi seul de malheureux « : registre pathétique
ou bouffon ?
Phrase censurée dans plusieurs versions, considérée comme subversive. Ce qu'il y a
problablement de plus subversif, c'est précisément que la pièce ne réponde pas,
qu'elle ne tranche pas. C'est au metteur en scène de le faire (ou de jouer de cette
ambiguïté) : cette « ouverture « de l'oeuvre d'art manifeste une liberté qui va à
l'encontre d'un mode de pensée comme celui des dévots...
Conclusion :
Fin très ambiguë :
Molière a satisfait la morale traditionnelle en châtiant DJ : problème est traité
matériellement par un coup de théâtre... dénouement moral établit l'ordre social et
moral en châtiant le coupable.
Mais caractère étrangement « froid «, expéditif du châtiment. Par ce laconisme
même, on semble « achever « parce qu'il le faut, mais sans réellement mettre en
valeur la légitimité du châtiment.
Sganarelle = Molière qui a fait en sorte de s'écrire cette réplique ; « Mes gages «
pour un dramaturge = ma recette, Molière pose ainsi le problème de l'argent : est-ce
que ma pièce va faire recette ?

Liens utiles