Docimologie
Publié le 16/05/2020
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1 / 2 12 juin 1888 Série D-33 Fiche N• 2445
Docimologie
1.
La docimologie ou étude de la notation est une jeune science dont le principal
objet est de parvenir à une conception rationnelle des examens.
L'examen jouant en
France un rôle extrêmement important à tous les niveaux de la scolarité et déter
minant le classement et la sélection dans un nombre de plus en plus considérable
de professions, les spécialistes de psychologie pédagogique en sont venus à s'inter
roger sur la validité des critères qui président aux décisions des examinateurs.
2.
Des enquêtes systématiques ont établi qu'il se produisait des écarts considérables
dans les notes attribuées à une même copie par plusieurs professeurs, et par le même professeur après un certain intervalle de temps.
Des études poursuivies sur les moyennes de classes de même niveau ont également fait apparaître des différences
surprenantes, aussi bien dans les matières scientifiques que dans les matières
littéraires.
3.
Gaston Mialaret, professeur de pédagogie à la Faculté des lettres de Caen, a
montré qu'il ne faut pas moins de soixante-dix-huit correcteurs en français et cent
vingt-sept en philosophie pour parvenir à une moyenne stable.
Il a établi qu'une
notation orale est très différente selon que l'examinateur entend la voix du candidat ou celle d'une personne étrangère à l'épreuve.
L'acte de noter apparait ainsi soumis
à une série de variations qui proviennent de facteurs affectifs d'autant plus difficile
ment contrôlables qu'ils sont souvent inconscients.
4.
Les docimologues ont également fait ressortir l'incertitude qui pèse sur les critères des correcteurs.
qui sont le plus souvent laissés à leur libre choix.
Vont-ils se référer à une classe idéale ou à la leur? Mais comment ont-ils établi leur propre
barème? Choisissent-ils de privilégier la valeur de la pensée, la solidité des connais
sances, la composition, le style, la présentation, etc.? Autant de sources de variations
dans l'appréciation et d'écarts dans la notation qui font de l'examen un système de classement et de sélection, frappé de subjectivité.
5.
Mais s'il y a accord sur la critique, il y a divergence dans les solutions proposées
par les docimologues qui en sont encore au stade de la recherche.
Certains proposent
simplement un effort d'harmonisation des notations, qui pourrait être obtenu en four
nissant aux correcteurs des critères de jugement.
Mais ce procédé ne comporte
aucune garantie.
D'autres remplacent l'examen par le test.
Le système est pratiqué au
Québec pour l'examen de fin d'études primaires.
La correction se fait par ordinateur.
Mais on voit
mal encore comment il pourrait être généralisé au niveau des enseigne
ments secondaire et supérieur.
6.
Selon certains, le docimologue devrait moins chercher à rationaliser l'examen
qu'à le rendre Inutile.
Dès lors.
sa véritable tâche se confond avec celle du pédagogue
à qui il doit apporter, grâce aux mathématiques et à la psychologie, le moyen de
contrôler rationnellement les processus d'apprentissage.
Mais les progrès de la doci mologie sont encore freinés par l'attachement de l'opinion publique à la formule de
l'examen traditionnel.
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