DM. (noté sur 20 points) - Plaisirs de la narration : l’art du romancier
Publié le 08/02/2024
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DM.
(noté sur 20 points) - Plaisirs de la narration : l’art du romancier
Consigne : lisez attentivement ce document.
Il comporte un certain nombre d’analyses pour
mieux vous faire comprendre les particularités de la narration dans le roman Manon Lescaut.
Au fil de votre lecture, vous trouverez des activités numérotées (en rouge).
C’est elles qui
seront évaluées.
Vous rendrez votre travail sur copie, mercredi 24 janvier.
Il suffira juste de numéroter les
activités et de rédiger vos éléments de réponses.
I.
Un système narratif intrigant qui retient l’intérêt et la curiosité des lecteurs
La narration n’est pas assurée de manière classique par un narrateur unique qui s’efface de son récit.
A) Le relais des narrateurs
La narration est partagée entre deux narrateurs, ce qui la rend plus dynamique.
1) Deux narrateurs principaux, deux narrations déséquilibrées
Narrateur 1 = marquis de Renoncour.
Son « JE » est celui du témoin.
Il est en effet témoin du désespoir
de DG à Passy.
Il est ensuite celui qui recueille directement les paroles de DG.
Il est l’auteur de l’avis inaugural (p.16-19) et le narrateur du récit cadre qui tient sur 6 pages (p.21-27) +
bref retour au récit cadre p.118 (fin 1ère partie)
NB.
Par « récit cadre », il faut comprendre celui qui encadre le récit de D.G.
Narrateur 2 = le chevalier des Grieux (à partir de la p.27).
Son « JE » est celui du personnage qui vit les
aventures, mêlé à celui du narrateur qui les rapporte rétrospectivement.
Récit encadré qui s’étend sur
tout le roman (p.27-195)
2) Des narrateurs secondaires qui apportent précisions et dynamisme au récit
D’autres narrateurs relaient encore Des Grieux au fil de son récit, le temps de comptes-rendus, nouvelles
et révélations qui complètent les blancs d’une narration subjective et dynamisent le récit.
ACTIVITE 1 : lisez les encadrés suivants et précisez pour chacun d’eux (A – B – C – D -) qui raconte ces
propos.
PUIS résumez en quelques mots de quoi il est question dans ces extraits.
A- Moi, ajouta …………………………., qui ai pénétré tout d’un
B- Je ne m’arrêtai point là, continua-t-il.
J’y retournai le
coup de quel avantage cela pouvait être pour vous, je lui ai
lendemain, pour apprendre d’elle-même ce que vous étiez
fait entendre adroitement que Manon avait essuyé des
devenu ; elle me quitta brusquement, lorsqu’elle
pertes considérables, et j’ai tellement piqué sa générosité,
m’entendit parler de vous, et je fus obligé de revenir en
qu’il a commencé par lui faire un présent de deux cents
pistoles.
Je lui ai dit que cela était honnête pour le présent, province sans aucun autre éclaircissement.
J’y appris
mais que l’avenir amènerait à ma sœur de grands besoins ; votre aventure et la consternation extrême qu’elle vous a
qu’elle s’était chargée d’ailleurs du soin d’un jeune frère, qui causée, mais je n’ai pas voulu vous voir sans être assuré
de vous trouver plus tranquille.
Partie I, p.48-49.
nous était resté sur les bras après la mort de nos père et
mère, et que s’il la croyait digne de son estime, il ne la
laisserait pas souffrir dans ce pauvre enfant, qu’elle regardait
comme la moitié d’elle-même.
Ce récit n’a pas manqué de
l’attendrir.
Il s’est engagé à louer une maison commode,
pour vous et pour Manon, car c’est vous-même qui êtes ce
pauvre petit frère orphelin (…).
Partie I, p.76-77.
C- Je vous avoue, continua-t-elle, que j’ai été frappée de cette
D - (…) il m’assassina cruellement par le plus
magnificence.
J’ai fait réflexion que ce serait dommage de nous priver
horrible de tous les récits (…) Ha, ha, ha,
tout d’un coup de tant de biens, en me contentant d’emporter les dix
s’écria-t-il en riant de toute sa force, cela est
mille francs et les bijoux ; que c’était une fortune toute faite pour vous
excellent ! Tu es une jolie dupe, et j’aime à te
et moi, et que nous pourrions vivre agréablement aux dépens de G…
voir dans ces sentiments-là.
C’est grand
M… Au lieu de lui proposer la Comédie, je me suis mis dans la tête de
dommage, mon pauvre Chevalier, de te faire
le sonder sur votre sujet, pour pressentir quelles facilités nous aurions
entrer dans l’ordre de Malte, puisque tu as tant
à nous voir, en supposant l’exécution de mon système.
Je l’ai trouvé
de disposition à faire un mari patient et
d’un caractère fort traitable.
(…) Il a voulu savoir de quelle manière je
commode (…) Tu sauras donc, reprit ………….
croyais que vous prendriez mon départ, surtout lorsque vous viendriez
………………….., puisque tu l’ignores, que Monsieur
à savoir que j’étais entre ses mains.
Je lui ai répondu que la date de
B… a gagné le cœur de ta princesse, car il se
notre amour était déjà si ancienne qu’il avait et le temps de se refroidir
moque de moi, de prétendre me persuader que
un peu ; que vous n’étiez pas d’ailleurs fort à votre aise, et que vous ne
c’est par un zèle désintéressé pour mon service
regarderiez peut-être pas ma perte comme un grand malheur, parce
qu’il a voulu te l’enlever.
C’est bien d’un homme
qu’elle vous déchargerait d’un fardeau qui vous pesait sur les bras.
(…)
tel que lui, de qui d’ailleurs je ne suis pas
Il m’a interrompue, pour me protester qu’il vous rendrait tous les
connu, qu’il faut attendre des sentiments si
services qui dépendraient de lui ; et que si vous vouliez même vous
nobles.
Il a su d’elle que tu es mon fils, et pour
embarquer dans un autre amour, il vous procurerait une jolie
se délivrer de tes importunités, il m’a écrit le
maîtresse, qu’il avait quittée pour s’attacher à moi (…) C’est dans cette
lieu de ta demeure et le désordre où tu vivais,
vue que je lui ai proposé de vous envoyer cette nouvelle maîtresse dès
en me faisant entendre qu’il fallait main-forte
le soir même, afin d’avoir une occasion de vous écrire ; j’étais obligée
pour s’assurer de toi.
Il s’est offert de me
d’avoir recours à cette adresse, parce que je ne pouvais espérer qu’il
faciliter les moyens de te saisir au collet, et c’est
me laissât libre un moment.
(…) Je lui ai dit encore qu’il était à propos
par sa direction et celle de ta maîtresse même
de vous écrire un mot, pour vous avertir de cet échange, que vous
que ton frère a trouvé le moyen de te prendre
auriez peine à comprendre sans cela.
Il y a consenti ; mais j’ai été
sans vert.
Félicite-toi maintenant de la durée de
obligée d’écrire en sa présence, et je me suis bien gardée de
ton triomphe.
Tu sais vaincre assez rapidement,
m’expliquer trop ouvertement dans ma lettre (…) La jeune fille est
Chevalier, mais tu ne sais pas conserver tes
venue, je l’ai trouvée jolie et, comme je ne doutais point que mon
conquêtes.
Partie I, p.43-44.
absence ne vous causât de la peine, c’était sincèrement que je
souhaitais qu’elle pût servir à vous désennuyer quelques moments, car
la fidélité que je souhaite de vous est celle du cœur.
(…) Partie II,
B) Un narrateur principal difficile à saisir : complexité d’un JE partagé entre naïveté et
expérience
La narration de Des Grieux, qui est aussi le personnage principal du récit, interpelle par les ambiguïtés
du narrateur.
1) Dualité (= double facette) entre Le JE du personnage naïf et le JE du narrateur expérimenté
→ Le JE du personnage, jeune et naïf = le JE de l’histoire (= des événements)
→ Le JE qui raconte l’histoire après coup, qui a gagné en expérience = le JE de l’énonciation (= de la
narration)
On remarque souvent ce décalage entre les deux JE, notamment avec l’emploi récurrent du verbe
« croire » (un modalisateur) qui suppose une erreur de jugement commise par le jeune naïf, avec lequel
le narrateur expérimenté a pris de la distance.
Exemples :
- P.51 : « je me croyais absolument délivré des faiblesses de l’amour » : après deux ans loin de
Manon, le jeune Des Grieux revenu dans le rang de la morale chrétienne achève brillamment son année
au séminaire de Saint-Sulpice => L’expression « je me croyais » signale la distance prise par le « JE » du
narrateur expérimenté sur l’erreur dans laquelle le « JE » naïf se trouve alors : il croit être guéri alors
qu’il est sur le point de rechuter.
Activité 2 : pour les deux extraits suivants, commentez ce que sous-entend l’emploi de ce modalisateur,
ce que le lecteur peut en déduire.
A.
- P.60 : « je crus faire plaisir à Manon » : à Chaillot, le couple est surpris par la visite de
Lescaut qui se montre d’abord menaçant avec sa sœur avant de se raviser et de lui présenter des excuses.
Des Grieux lui offre alors poliment l’hospitalité pour faire plaisir à Manon =>
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B.
- P.126 : « Je me croyais si heureux, avec l’amitié de M.
de T…....
»
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