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DIVINISÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.

Publié le 06/12/2021

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DIVINISÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.  

I.—  Participe passé de diviniser* 

II.—  Adjectif. 

A.—  [Correspond à diviniser A]  À qui la nature divine est attribuée, que l'on reconnaît pour divinité : 

Ø 1. Le panthéisme, au contraire, c'est-à-dire la nature divinisée, à force d'inspirer de la religion pour tout, la disperse sur l'univers et ne la concentre point en nous-mêmes. 

GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, De l'Allemagne, tome 4, 1810, page 186. 

—  Spécialement.  [Correspond à diviniser A spécialement] 

1. [Correspond à diviniser A spécialement a; en parlant d'un être humain]  Qui est élevé au rang d'un dieu. Homme, ancêtre, morts, héros divinisé(s). Statue d'Hercule divinisé ( GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, De l'Allemagne, tome 2, 1810, page 71) : 

Ø 2. Hakem, personnage historique, s'était changé en personnage mythique quand les Druses avaient fait de lui un dieu. Nerval s'empare de ce mortel divinisé et transforme à son tour le personnage historique que lui fournit Silvestre de Sacy.

MARIE-JEANNE DURRY, Gérard de Nerval et le mythe,  1956, page 121. 

2. [Correspond à diviniser A spécialement b; en particulier dans la dogmatique chrétienne] 

·    [En parlant d'un être humain ou d'un attribut de la personne humaine]  Qui participe de la nature divine, qui est associé à la vie divine, qui est sanctifié : 

Ø 3. —  Et vous n'appréhendez pas, comment dirai-je, des infirmités matérielles, car enfin si vous parvenez à franchir les limites de la contemplation, vous risquez de vous ruiner à jamais le corps. L'expérience paraît démontrer, en effet, que l'âme divinisée agit sur le physique et y détermine d'incurables troubles.

GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, En route, tome 2, 1895, page 144. 

·    Spécialement, dans la religion catholique.  [En parlant de la Vierge Marie] :

Ø 4. C'était la pureté des lignes et la virginité des expressions de visage des madones de Raphaël sur le corps d'une Psyché de Phidias : la vierge chrétienne, aussi chaste, aussi pure et aussi céleste qu'il soit donné à l'extase du solitaire le plus pieux et le plus passionné pour le culte de la femme divinisée, de la rêver.

ALPHONSE DE LAMARTINE, Nouvelles Confidences,  1851, page 46. 

B.—  Par extension.  [Correspond à diviniser B; dans le domaine religieux, en parlant d'une chose abstraite]  À laquelle on donne un caractère sacré : 

Ø 5.... elle reconnut sa solitude effrayante, fondamentale, la solitude des enfants de Dieu. Et certes, elle était bien loin encore d'en avoir la connaissance abstraite, à supposer d'ailleurs qu'il soit possible de ce petit nombre d'animaux pensants qui n'apportent, en somme, au monde, que la bonne nouvelle de la douleur divinisée!...

GEORGES BERNANOS, La joie,  1829, page 605. 

C.—  Au figuré, souvent péjoratif.  [Correspond à diviniser C] 

1. [Correspond à diviniser C 1; en parlant de quelque chose]  À quoi l'on accorde une grande importance; à quoi l'on donne une valeur absolue, un caractère sacré; que l'on exalte, magnifie, vénère. Derrière les phrases libérales des dévots de la terreur, il ne faut voir que ce qui s'y cache : le succès divinisé (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND,Mémoires d'Outre-Tombe, tome 4, 1848, page 524 ). Il [Michel-Ange] a fait l'arche impérissable des temps futurs, le panthéon de la raison divinisée (ALPHONSE DE LAMARTINE, Confidences,  1849, page 146) : 

Ø 6. Que l'on mette en cause une conception de l'ordre moral, politique, social ou religieux, il ne s'agit plus de la comparer avec un modèle idéologique d'une valeur présumée absolue, dont on sait maintenant l'origine arbitraire, avec une idée divinisée de vérité ou de justice, dont on connaît qu'elle n'exprime autre chose qu'un état de sensibilité particulier et propre à un temps donné. 

JULES DE GAULTIER, Le Bovarysme,  1902, page 299. 

2. [Correspond à diviniser C 2; en parlant de quelqu'un]  Dont on fait un dieu. L'événement ici, c'est le livre de Lamennais (...) c'est en deux mots l'évangile de l'insurrection, Babeuf divinisé (ALPHONSE DE LAMARTINE, Correspondance générale.  1834, page 43 ). 

3. [Correspond à diviniser C 3; en parlant de quelque chose ou de quelqu'un]  Idéalisé : 

Ø 7. Il termina la série de passes (...) Le taurillon immobile devant lui, avec sa tête de bébé furieux et ébouriffé, il le trouva si drôle qu'il eut le geste de lui faire une petite caresse sur la joue : « Tout p'tit, va! mais oui, t'es joli! » puis s'éloigna, dans une conscience divinisée de soi-même.

HENRI DE MONTHERLANT, Les Bestiaires,  1926, page 421. 


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