Dites dans quelle mesure la mise en scène d'une pièce de théâtre peut révéler ou atténuer son comique. Vous vous appuierez sur les textes étudiés au cours de la séquence ainsi que sur votre culture personnelle.
Publié le 09/12/2021
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_trahir le texte ? Par exemple, en jouant comiquement une pièce tragique: cette entreprise pose problème dans le cas de la tragédie, qui repose sur une tension jamais dénouée. Le metteur en scène ne risque-t-il pas de trahir l'auteur en faisant rire le spectateur? Exemple : mise en scène de Bérénice de Racine aux Amandiers en 2007 : le personnage d'Antiochus, amoureux secrètement de Bérénice mais qui reste toujours dans l'ombre (personnage aux accents pathétiques) affiche un désespoir systématique et exagéré qui le fait paraître comique. On peut se demander si cette introduction d'accents comiques enrichit le texte de Racine, et si elle ne risque pas de stériliser la dimension tragique du texte. _ou le révéler? certaines pièces de Molière présentent des accents tragiques, qui n'apparaissent pas explicitement dans le texte mais dans toute l'intrigue : ainsi L'école des femmes met en scène un vieux barbon qui enferme la jeune Agnès pour s'assurer sa fidélité, et qui sans le savoir la précipite ainsi dans les bras du jeune Horace. La forme est comique, mais le personnage du vieil homme pose des questions angoissantes sur l'aveuglement et l'impuissance de l'être humain face à ceux qui l'entourent, et sur l'affaiblissement par la vieillesse. On peut se demander si la mise en scène ne permettrait pas seule de révéler cette dimension tragique. III Faire apparaître l'interdépendance du comique et du tragique : une démarche philosophique _ Notes et contre-notes va plus loin : Ionesco recommande en effet de jouer les pièces toujours à contre-courant, dans le but de révéler l'interdépendance du comique et du tragique : la mise en scène a pour rôle de révéler le comique qui subsiste toujours sous le tragique, et inversement.
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Dans Lire le théâtre , Anne Ubersfeld souligne l'importance de la mise en scène pour révéler les potentialités du texte théâtral : la représentation est la somme de T (le texte) et T' (la mise en scène); elle précise que le texte authéâtre est troué, laisse des vides; et c'est à la représentation de combler ces vides.
La notion de genre comiquecomplexifie cette réflexion : s'il est évident que la mise en scène permet de déployer le texte, encore faut-il sedemander dans quel sens elle le déploie.
La mise en scène doit-elle s'adapter à la tonalité comique ou tragique d'untexte? Peut-on jouer de manière comique un texte qui semblait ne pas l'être? Et dans quelle mesure faire celarevient-il à trahir le texte? I Déployer une potentialité comique déjà perceptible dans le texte La question n'est pas la même selon le texte auquel on a affaire : dans le cas d'un texte évidemment comique,comme le sont ceux de Molière ou de Marivaux, on peut se demander comment la mise en scène contribue àdéployer un comique qui est déjà dans le texte : celui-ci ne se suffit-il pas à lui-même?_le rôle de la mise en scène pourrait alors consister à actualiser ce comique évident, pour nous rendre drôle ce quil'était au siècle de Molière.
Exemple : la mise en scène du Médecin volant au théâtre des Amandiers de Nanterre, en 2007.
Le cadre est une France des années 1950, et Sganarelle, censé être un pauvre paysan, habite dans unecabane en tôle au bord d'une autoroute et sous un gigantesque panneau publicitaire.
Cette représentation modernefait mieux percevoir au spectateur la dimension comique d'une action dans laquelle un quasi SDF "roule" une famillede la bonne bourgeoisie en se faisant passer pour médecin.
II Jouer à contre-courant : est-ce trahir le texte? Dans Notes et contre-notes , Ionesco souligne le pouvoir de la mise en scène sur l'atmosphère d'une pièce : "prenez une tragédie, précipitez le mouvement, vous aurez une pièce comique"._trahir le texte ? Par exemple, en jouant comiquement une pièce tragique: cette entreprise pose problème dans lecas de la tragédie, qui repose sur une tension jamais dénouée.
Le metteur en scène ne risque-t-il pas de trahirl'auteur en faisant rire le spectateur? Exemple : mise en scène de Bérénice de Racine aux Amandiers en 2007 : le personnage d'Antiochus, amoureux secrètement de Bérénice mais qui reste toujours dans l'ombre (personnage auxaccents pathétiques) affiche un désespoir systématique et exagéré qui le fait paraître comique.
On peut sedemander si cette introduction d'accents comiques enrichit le texte de Racine, et si elle ne risque pas de stériliser ladimension tragique du texte._ou le révéler? certaines pièces de Molière présentent des accents tragiques, qui n'apparaissent pas explicitementdans le texte mais dans toute l'intrigue : ainsi L'école des femmes met en scène un vieux barbon qui enferme la jeune Agnès pour s'assurer sa fidélité, et qui sans le savoir la précipite ainsi dans les bras du jeune Horace.
La formeest comique, mais le personnage du vieil homme pose des questions angoissantes sur l'aveuglement et l'impuissancede l'être humain face à ceux qui l'entourent, et sur l'affaiblissement par la vieillesse.
On peut se demander si la miseen scène ne permettrait pas seule de révéler cette dimension tragique.
III Faire apparaître l'interdépendance du comique et du tragique : une démarche philosophique _ Notes et contre-notes va plus loin : Ionesco recommande en effet de jouer les pièces toujours à contre-courant, dans le but de révéler l'interdépendance du comique et du tragique : la mise en scène a pour rôle de révéler lecomique qui subsiste toujours sous le tragique, et inversement.
Cette entreprise enrichit la définition du comique :"le comique est tragique et la tragédie de l'homme, dérisoire".
La mise en scène permet de montrer de manière cruel'ambivalence du destin de l'homme, à la fois absurde, drôle et tragique.
Cette ambivalence se retrouve dans lespièces même de Ionesco : il confie en effet avoir voulu faire avec la Cantatrice chauve une tragédie, qui a été perçue comme une comédie; puis, avec les Chaises, avoir voulu écrire une comédie qui a été trouvée "déprimante" (Notes et contre-notes ).
Pour mettre en valeur un texte comique, la mise en scène est à la fois essentielle et problématique : le metteur enscène a en effet toute latitude pour aller dans le sens du texte, ou pour le jouer volontairement de manièreinattendue.
Mais on peut se demander quelle est la légitimité de cette entreprise, ce qu'elle apporte et ce qu'elleenlève._la mise en scène peut servir un texte déjà comique, en actualisant son humour ou son ironie, ou en l'amplifiant parle jeu (clownesque ou grimaçant par exemple)_elle peut aller à contre-courant de la tonalité d'une pièce.
Mais le metteur en scène prend alors un risque : révélerle comique d'une pièce tragique peut affaiblir la puissance tragique._cette attitude est cependant vue comme un enrichissement par Ionesco : tout texte de théâtre mêle comique ettragique, en tant qu'il reflète la situation ambivalente de l'être humain.
Il importe alors de jouer sur cetteambivalence, pour que le tragique perce toujours derrière le comique.
>>> SECOND CORRIGE DE CE MEME SUJET: http://www.devoir-de-francais.com/passup-corriges-150295- 5559.html.
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