dissertation vote et opinion publique
Publié le 18/04/2024
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Vote et opinion publique
Depuis plusieurs décennies, les démocraties occidentales font face à un phénomène
croissant : l'abstention électorale.
En France, lors des dernières élections législatives de
2022, le taux d'abstention a atteint 52,49%, soit un niveau record.
L’abstention électorale
désigne le comportement consistant pour un inscrit à ne pas participer à une élection ainsi
Le taux d’abstention mesure la part des inscrits qui ne se sont pas déplacés au bureau de
vote le jour de l’élection (nombre d’abstentionnistes/ nombre d’inscrits sur les listes).
Le
taux d'abstention, en constante augmentation depuis plusieurs années, peut également être
interprété comme une forme de désaccord avec l'opinion publique dominante.
L’opinion
publique désigne l’ensemble des idées et des manières de penser partagées par les citoyens
au sujet du pouvoir politique, des enjeux et des événements.
J.
Cagé et T.
Piketty
considèrent que le vote est une opinion et que dès lors, « les élections sont une forme de
‘recensement’ des opinions ».
On peut définir le vote par une manifestation de volonté,
individuelle ou globale, à l'occasion d'une élection ou prise de décision.
En France, pour
pouvoir voter, les citoyens doivent être âgé d’au moins 18 ans, avoir la nationalité française
et être inscrits sur les listes électorales de leur commune de résidence.
Des chercheurs ont
tenté d’expliquer le vote par l’usage de sondages.
Le sondage est une enquête statistique
visant à déterminer, à partir de l’étude d’un échantillon d’une population, les opinions ou les
préférences probables des individus la composant.
Ainsi leur émergence facilite la mesure
de l’opinion publique et la recherche d’une influence de cette dernière sur les votes.
Nous pouvons donc nous demander : Dans quelle mesure l'opinion publique
influence-t-elle le vote ?
Tout d’abord nous verrons que l’opinion publique influence le vote à travers divers
effets.
Puis, nous verrons que d’autres facteurs peuvent limiter l’influence de l’opinion
publique sur le vote.
Tout d’abord, l’opinion publique peut influencer le vote.
En effet, le poids croissant
des médias et des sondages dans la vie politique a conduit à parler d’une démocratie
d’opinion.
Bernard Manin choisit de parler de “démocratie du public” pour évoquer ce
nouvel âge de la démocratie français, qui fait, selon lui, suite au “parlementarisme” du
XIXème siècle et à la “démocratie de partis” apparue au tournant du XXème siècle.
La démocratie du public est d’abord marquée par la personnalisation de la vie politique.
Les
comportements électoraux s'expliquent moins par les caractéristiques socio-économiques
de l'électorat que par la personnalité des candidats.
Dans ce cadre, les citoyens ne
voteraient plus tant pour un parti ou un programme que pour une personne.
On peut y voir,
pour Bernard Manin, un certain retour au parlementarisme, caractérisé déjà par une
relation personnelle entre l'élu et l'électeur, à une échelle plus locale cependant.
Cette personnalisation de la vie politique va de pair avec le développement important de la
communication politique.
À la faveur des sondages, on assiste, comme aux temps du
parlementarisme, à un découplage entre expression politique et expression électorale.
De plus , les électeurs votent en connaissant les intentions de vote en faveur des
différents candidats et donc en ayant une idée de leurs chances respectives de victoire.
Dès
lors, le vote peut dépendre des préférences personnelles mais aussi de considérations
stratégiques.
La mesure de l’opinion publique modifie alors cette même opinion.
Les effets des sondages sur les électeurs ont été questionnés par Simon en 1954.
Il montre 2 effets : L’effet bandwagon est un comportement électoral qui consiste à
voter pour le candidat en tête selon les sondages : c'est un effet de ralliement.
L’effet underdog, est un comportement électoral non opportuniste qui consiste à
suivre le perdant, l’outsider présumé des sondages : c’est un effet de mobilisation.
Le
problème de ces effets est le côté tautologique.
Un troisième effet est distingué : le vote utile, c’est-à-dire que l’électeur va soutenir
un parti qui n’est pas forcément son premier choix pour éviter la victoire d’un autre
candidat.
Par exemple, à l'élection présidentielle de 2022, Jean Luc Mélenchon a été servi
par une stratégie de vote utile.
Alors qu’il recueille longtemps moins de 10% des intentions
de vote, celle-ci progresse à partir du mois de février et le leader de la France insoumise
réalise finalement un score de 21,95% des suffrages, manquant la qualification au second
tour de 1,2 points.
Un nombre non négligeable d’électeurs proches du Parti communiste,
des verts ou des socialistes a pu être convaincu par une campagne dynamique, mais aussi se
rallier à la seule candidature à gauche en mesure de supplanter celle du Rassemblement
national.
Enfin, l’effet des sondages d’opinion se fait aussi sentir en termes de prise de
décision politique.
L'effet d'amorçage désigne l'idée que la répétition de sondages ou de
prises de paroles médiatiques sur un sujet donné peut amener les citoyens à considérer que
ce sujet est important.
Sans modifier ce qu'ils pensent, cela les amène à davantage se
positionner en fonction de ce critère.
Ainsi, on considère souvent que la place donnée à la
thématique de l'insécurité en 2002 a pu desservir Lionel Jospin, le candidat du Parti....
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