Dissertation sur l'homme et l'animal
Publié le 15/11/2020
Extrait du document
«
L’homme est-il, par nature, un animal politique ?
L’analyse du sujet procède de manière progressive, en l’occurrence en trois-
quatre temps : l’être humain est un animal , puis l’être humain est par nature
un animal , ensuite l’être humain est un animal social , et enfin l’être humain est
un animal politique , mais en avançant à chaque fois un argument.
Problématiser équivaut à lancer le débat par le moyen d’une objection qui
conteste la thèse argumentée (A), et aboutit à dégager l’antithèse (non-A = Ā,
qui doit toujours être une thèse positive, c’est-à-dire une autre réponse à la
question.
Cette réponse opposée doit être argumentée, si possible de manière
interrogative ou par l’usage du conditionnel.
L’introduction se termine par le
rappel de l’opposition centrale entre A et Ā, avec leurs arguments, avant qu’une
troisième thèse ne soit évoquée, de manière suffisamment claire, à deux
moments (le plan est la seconde occasion de le faire).
Ici, la rédaction s’est
arrêtée au moment du dégagement de l’antithèse (formulée deux fois).
L’homme n’est pas un animal comme les autres, dit-on sans bien savoir ce qui le
distingue en propre des autres espèces animales.
Car, d’un autre point de vue, l’être humain
est bien un animal , sinon comme les autres, du moins comparable à d’autres espèces
animales qui partagent avec le genre humain de nombreux caractères, non seulement
physiologiques (comme les poumons ou les mamelles), mais également comportementaux :
on peut penser, par exemple, à l’instinct d’autoconservation ou à l’agressivité dont parle
Lorenz dans son Histoire naturelle du mal (1963).
C’est que, d’un point de vue descriptif,
l’homme est bien un mammifère appartenant à l’ordre des primates.
Tout comme ces
animaux, il est par nature un être vivant et, donc, mortel, il partage avec tous les animaux
vertébrés au moins trois caractéristiques : se reproduisant de manière sexuée, il est doué d’une
sensibilité lui permettant de s’orienter dans son environnement et il est capable de se mouvoir.
Ce sont, en effet, tout autant de caractères naturels que le corps animal de l’être humain a
en commun avec de nombreux autres êtres vivants.
Mais la comparaison peut être poussée au
niveau des comportements.
Tout comme les primates, les êtres humains vivent en groupes :
l’état de nature imaginé par Rousseau est une pure et simple fiction, car, sauf exception (les
anachorètes par ex.), les êtres humains ne vivent pas en solitaire.
La nature déterminant leur
comportement, les hommes n’auraient donc pas le choix de vivre ou non en groupes.
Les êtres
humains ont donc tout naturellement une vie sociale , dont l’origine peut être attribuée à un
instinct grégaire de regroupement qui se manifeste notamment lors de rassemblements
collectifs, comme celui par exemple de foules prises de panique : à la suite de Gustave Le
Bon, Freud a analysé ce phénomène dans sa Psychologie des masses (1924).
Mais, comme
l’exemple de la fuite panique d’une foule ayant perdu son chef le montre, l’animal social est
loin d’être tout naturellement un animal politique au sens où l’entend Aristote dans les
Politiques .
Car ce qui unit les citoyens dans la Cité selon le philosophe grec, c’est l’amitié : la
dignité d’agir de la vie politique est une fin naturelle de l’être humain, et non pas une origine
naturelle de son comportement.
Mais , qu’on entende le terme politique dans le sens strict que
lui donne Aristote ou dans un sens élargi qui recoupe l’idée d’un animal social , affirmer que
l’homme est un animal politique n’est-ce pas présupposer à l’origine [objection formelle] ce
qui constitue bien plutôt l’objectif de la vie sociale, à savoir : parvenir à policer de manière
contraignante les mœurs d’humains [argument de l’objection = contenu], qui ressemblent
plutôt naturellement à des bêtes sauvages ? [formulation de l’antithèse] Au lieu donc de
présupposer une faculté naturelle de l’animal humain à mener une vie politique et sociale, ne
faut-il pas au contraire partir du principe qu’il est un animal naturellement féroce qu’il.
»
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