Dissertation sur les "Cahiers de Douai"
Publié le 25/02/2024
Extrait du document
«
Alors qu’il n’a que 16 ans et qu’il se rebelle contre la société dans laquelle
il vit, Arthur Rimbaud écrivit, après avoir fugué deux fois, une série de quinze
puis sept poèmes rassemblés dans les « Cahiers de Douai », aussi appelé
« Recueil Demeny », qu’il adressa à Paul Demeny afin de les faire éditer.
Une
envie d’émancipation naît et croît chez le poète adolescent.
Ce désir de liberté se
retrouvera à travers chacun de ses poèmes de plusieurs façons novatrices.
Nous
pouvons alors nous demander en quoi la création littéraire est-elle libératrice
pour Rimbaud dans les « Cahiers de Douai » ? Nous aborderons dans une
première partie son émancipation stylistique, et dans une seconde partie nous
verrons les différents sujets sociétaux de son époque qu’il critique avec vigueur.
Tout d’abord, la création littéraire de Rimbaud se manifeste par une
importante liberté stylistique dans ses poèmes des « Cahiers de Douai ».
En
effet, dans plusieurs de ses poèmes, le jeune poète n’emploie pas l’alexandrin, le
vers de douze syllabes qu’imposent les règles classiques.
Par exemple, dans
« Première soirée », Rimbaud utilise à chaque strophe l’octosyllabe et se
démarque de la poésie classique : « Assise sur ma grande chaise // Mi-nue, elle
joignait les mains.
» Il n’hésite pas aussi à écrire des poésies en vers libres
comme « Les réparties de Nina », montrant sa nette émancipation pour l’époque.
Ce poème est organisé en 29 strophes composées elles-mêmes d’une alternance
de 4 vers en octosyllabe et en tétrasyllabe.
Ce format de poème est tout à fait
atypique et emblématique de son souhait de se libérer des convenances.
De plus, l’adolescent se permet aussi de ne pas
respecter les usages concernant l’écriture de sonnets.
En effet, dans « Ma
bohème », à la deuxième strophe, il n’utilise pas les rimes qu’il a employées dans
sa première strophe (-vées et -éal), mais plutôt de nouvelles rimes (-ou et ourse).
Il va encore plus loin en cassant complètement la versification du poème
« Rêvé pour l’hiver », où les deux premiers quatrains sont constitués
d’alexandrins et d’hexasyllabes en alternance.
Il ne respecte pas non plus ici les
rimes qui sont croisées au lieu d’être embrassées.
Il va même tutoyer la jeune
fille dont il parle, ce qui est très familier et inconvenant.
Il se permet même de faire le néologisme du verbe
« Robinsonne », dans « Roman », construit à partir du nom du personnage du
roman Robinson Crusoé : « Le cœur fou Robinsonne à travers les romans ».
Il
copie ici ses prédécesseurs comme Victor Hugo qui avait créé la ville de
« Jérimadeth » dans son poème « Booz endormi ».
Enfin, Rimbaud a aussi incorporé des éléments d'argot et de
langage familier dans ses poèmes, contrastant fortement avec le langage élevé
et raffiné de la poésie classique, comme dans « A la musique » : « Les gros
bureaux bouffis traînent leurs grosses dames » ou encore « Tous les bourgeois
poussifs qu’étranglent les chaleurs ».
L’adolescent fait preuve d’irrévérence en
utilisant la satire et l’ironie afin de renforcer la puissance de sa dénonciation des
travers de la société.
La satire est un genre littéraire qui vise à critiquer ou à
ridiculiser les comportements absurdes ou les défauts de la société ou....
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