Dissertation "Je n'aime pas le vers, j'aime la poésie" (Victor Hugo)
Publié le 29/08/2021
Extrait du document
«
V.
Hugo - "Je n'aime pas les vers, j'aime la poésie"
Le tas de pierres, moi.
Recueil d’aphorismes et de citations – posthume, 1905
Club français du livre I, p.
915
Comment les alignements de vers, dans leur technicité, pourraient-ils rendre ce qui est
"POESIE", frémissement intérieur, vie profonde, rêverie intime, regard émerveillé sur
le monde ?
I – (ou II) La poésie et les vers semblent inséparables , liés par une
longue tradition, jamais caduque, qui semble aller à l'encontre de la
position de V.
Hugo
1) PCQ la poésie est création ou recréation d’un autre langage, à l'instar
des vers
La diction particulière imposée par le vers (e muets, diérèses, lenteur, coupes…) : une
étrangeté, une élévation, donnant lieu à une écoute particulière.
Les mots les plus
simples sont renouvelés par l'usage du vers : cela correspond à l'enjeu de la poésie.
par
exemple, Verlaine "Il pleure dans mon coeur / comme il pleut sur la ville..."
( Romances sans paroles )
Le retour rythmé des motifs, les effets de contrepoints, la rime faisant entendre les
mots dans les mots...
: le vers crée une « forme-sens » (Meschonnic), une « formule »,
une perle au fond de l’huître de Ponge.
2) PCQ, plus encore : la poésie est une célébration du langage, et cela
surtout GRÂCE au vers.
L’alexandrin valorise la syntaxe : les groupes de mots s’y répartissent
harmonieusement : « Dans le frais clair-obscur du soir charmant qui tombe
L’une pareille au cygne et l’autre à la colombe… »
Les vers permettent de multiples combinaisons, à l’intérieur de chacun ou dans leurs
regroupements ; extrême expressivité.
Lecture tabulaire autant que linéaire.
Du
Bellay, "Ces cheveux d'or..." (vers rapportés)
Infinies possibilités de combinaisons des vers, qui permet le plaisir de l'interprétation :
c'est ce que le lecteur, et l'auteur, peuvent aimer dans le vers
3) PCQ La poésie est liée à la musique (ses origines : la lyre) : la poésie =
« musicaliser » le langage.
Or ceci se fait surtout grâce au vers (!! certains
considèrent que le vers, écrit, s'oppose à la musique, orale...
non = le vers = d’abord un moyen mnémotechnique
permettant la psalmodie des aèdes – des troubadours / le vers permet la musicalité par les effets sonores et
rythmiques).
jeux de sonorités, rythmes ascendants, descendants, anaphores créant des effets de
litanies ou d’envoûtement : Baudelaire « l’invitation au voyage » dans FDM -
Harmonie du Soir ( Voici venir les temps où vibrant sur sa tige / Chaque fleur s'évapore
ainsi qu'un encensoir; / Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir...) : pantoum
(les vers 2-4 deviennent les vers 1-3 de la strophe suivante
Importance du rythme pour rendre compte du souffle, puissant adjuvant à l’expression
de la subjectivité la plus profonde.
Valéry, Le Cimetière Marin : Ce toit tranquille, où 1.
»
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