dissertation alcools Guillaume Apollinaire: Dissertation rédigée sur le sujet « À la fin tu es las de ce monde ancien »
Publié le 28/04/2022
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«
Dissertation rédigée sur le sujet « À la fin tu es las de ce monde ancien »
Le début du XXe siècle correspond, dans le domaine culturel et littéraire en particulier, à une période où les artistes
bouleversent les codes admis et se tourne vers la nouveauté.
Parmi les écrivains français de cette époque, Guillaume Apollinaire
est considéré comme l’un des poètes français les plus importants et influents de ce mouvement de la Modernité.
Dans son œuvre
Alcools, un recueil de poèmes paru en 1913, l’auteur débute par ce vers demeuré célèbre : « À la fin tu es las de ce monde
ancien ».
Apollinaire semble y exprimer son rejet du passé et son aspiration à la modernité, plus spécialement dans le domaine
de la poésie.
On peut cependant se demander si cette déclaration caractérise en effet le recueil dans son ensemble.
Afin de
répondre à cette question, il faut tout d’abord estimer en quoi le recueil Alcools peut être considéré comme emblématique de la
modernité.
On examinera ensuite en quoi l’art de Guillaume Apollinaire, reste malgré tout un art st sacré dans la droite ligne de
la tradition poétique classique.
Enfin, on se demandera si, en fin de compte, l’ancrage dans la tradition n’est pas tout simplement
indispensable à la création moderne.
Dans son recueil Alcools, le poète offre une vision des choses qui bouleverse les codes de la tradition poétique.
On peut
donc en effet considérer que son œuvre est emblématique de la modernité de la poésie.
La modernité est d’abord perceptible dès le titre du recueil, Alcools, qui met en avant une substance qui provoque
hallucinations, instabilité et dérèglement des perceptions, et qui fait généralement l’objet d’une condamnation morale par la
société.
Si ce thème n’est pas complètement original en poésie, on peut toutefois remarque qu’Apollinaire prend la suite des
précurseurs de la modernité que sont Baudelaire (avec la section “Le vin” dans les Fleurs du mal) ou encore Rimbaud et son
Bateau ivre.
Chez Apollinaire, ce thème n’est pas simplement évoqué dans le titre, mais bien par le champ lexical associé,
comme les mots « ivresse », « boire », « verre », « grappes », « vignes » entre autres, présent dans bon nombre de poèmes
dont “Zone” et “Vendémiaire”, les deux poèmes placés au début et à la fin du recueil.
De même dans “Nuit rhénane”, où
Apollinaire se met en scène ivre près du Rhin, buvant pour oublier le chagrin d’amour causé par son rejet par Annie Playden.
Dans la “Chanson du mal-aimé”, on le retrouve, toujours sous l’influence de l’alcool et à la poursuite de son amour perdu dans
les rues mal famées de Londres.
Dans cet ensemble, la “Réponse des cosaques Zaporogues” peut être interprétée comme les
imprécations vulgaires d’un homme ivre.
Ailleurs, dans “Marizibill” l’alcool est lié à une figure féminine dégradée (une
prostituée).
Cependant, en face de cette image souvent négative de l’alcool, on peut aussi y voir une métaphore de l’aspiration à
la vie moderne.
Le titre du recueil n’était pas originellement Alcools, mais Apollinaire avait envisagé de l’intituler Eau-de-vie.
Ce
premier titre insistait sur le fait que ce liquide était source de vie.
L’alcool modifie la vision du réel, comme la poésie moderne
avec son refus des règles traditionnelles, ses irrégularités et ses images d’hallucinations.
Ainsi, “Zone” est lisible comme la
déambulation d’Apollinaire dans les rues de Paris, de retour d’une nuit arrosée, où l’alcool change le paysage de la ville en
visions presque surréalistes.
De même, “Vendémiaire” relate un voyage à travers l’Europe, chaque capitale proposant son
propre « vin », métaphore de la création poétique moderne.
Le vin le plus puissant est celui de Paris, et le titre du poème fait
référence au mois des vendanges dans le calendrier révolutionnaire, ce qui permet de comparer la poésie nouvelle à une
révolution dans le domaine de la littérature.
L’auteur montre donc qu’il n’est pas uniquement question d’alcool en lui-même mais
plutôt des effets qu’il suscite sur ceux qui le consomment, c’est-à-dire comme un moyen d’accès à une nouvelle vision du
monde.
En plus de cette thématique nouvelle de l’alcool, l’auteur multiplie les références à la modernité matérielle de son
époque.
Il évoque notamment l’environnement urbain et les nouvelles technologies.
Par exemple dans le poème « Zone », il
parle des « automobiles », des « autobus » et même des avions (il compare le Christ à un aviateur) mais aussi des « rues
industrielles ».
Il souligne qu’il apprécie la « grâce » de ces rues alors qu’elles n’ont finalement rien de gracieux par rapport à ce
qu’on attend habituellement d’un paysage.
Cela est visible par exemple avec la tour Eiffel, symbole de modernité à cette époque,
mais que beaucoup considéraient encore au début du XXe siècle comme le contraire de la beauté.
Or Apollinaire la compare à
une « bergère » qui garde les moutons, et ceux-ci peuvent renvoyer aux personnes refusant la modernité.
C’est dans « Zone »
qu’il évoque le plus de termes concernant le nouveau Paris, mais on retrouve souvent dans le recueil des références à des
moyens de transport moderne, notamment le train, par exemple avec les derniers vers d’ « Automne », dont le rythme imite
même le bruit d’un train qui roule.
L’un des autres indices de modernité est justement le thème du voyage et de l’attirance pour
l’ailleurs : le recueil emmène le lecteur en Allemagne avec la section des “Rhénanes”, en Angleterre (“La chanson du mal-aimé”),
mais aussi en Europe centrale (“Zone” et “Vendémiaire”), voire en Chine.
Ce goût pour l’exotisme se retrouve par exemple chez
Blaise Cendrars, avec la “Prose du Transsibérien” à la même époque, ce qui montre l’intérêt des poètes du XXe siècle pour la
modernité.
Enfin, si l’on prend du recul sur les thématiques fondamentales du recueil et que l’on s’intéresse à la simple forme des
poèmes, il est facile de remarquer qu’Apollinaire qu’il n’y a aucune ponctuation, contrairement à l’usage classique.
Apollinaire
n’est pas le premier a appliquer ce principe à l’écriture poétique, puisqu’on le trouvait déjà chez le poète français Stéphane
Mallarmé ou le poète belge Emile Verhaeren, qui avait d’ailleurs été l’un des introducteurs du thème de la ville et de la
technologie en poésie avec son recueil Les villes tentaculaires.
Mais Apollinaire fait œuvre de modernité en effaçant la
ponctuation de la totalité de son recueil.
Il considère en effet que le rythme du vers se suffit à lui-même, et que l’absence de
ponctuation fait naître des sens nouveaux par la rencontre des mots.
Il joue également avec la forme traditionnelle des
strophes : on trouve en effet assez peu de poèmes répondant à des formes habituelles, mais plusieurs y ressemblent, comme
“Nuit rhénane” auquel il ne manque qu’un vers pour faire un sonnet, comme si le poème n’avait jamais été achevé.
Aussi, les
poèmes sont particulièrement irréguliers entre eux pour ce qui est du nombre de vers et de strophes.
Certains poèmes tels que
“Zone”, “Réponse des Cosaques Zaporogues au sultan de Constantinople” ou encore “Palais” se développent longuement, alors
que “Chantre” semble presque une provocation puisqu’il est difficile de considérer comme un poème un tel texte constitué d’un.
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