Discutez la forme de Mallarmé: Ce n'est point avec des idées qu'on fait des vers... c'est avec des mots.
Publié le 17/05/2020
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Discutez la forme de Mallarmé: "Ce n'est point avec des idées qu'on fait des vers...
c'est avec des mots."
Mallarmé est un poète français, initiateur d’un renouveau de la poésie du XIXème siècle.Le mot poésie vient d'un verbe grec qui signifie « produire », « créer ».
Ainsi le poète exploite la langue pour inventer et créer un art qui mêle sonorités, rythmes etmots pour évoquer des images, suggérer des sensations ou des émotions.
C’est dans cet esprit que Mallarmé, dans son œuvre Variété dit : « Ce n’est point avec desidées qu’on fait des vers… c’est avec des mots.
»Une idée donne pour définition l’élaboration originale de la pensée, une conception neuve de quelque chose, une trouvaille.Il s’agira donc de discuter la formule de Mallarmé autour d’un plan dialectique.
Dans un premier temps, il nous faudra déterminer l’aspect esthétique de la poésiedans sa construction concrète, dans son rapport directe avec les mots pour comprendre le point de vue de Mallarmé.Ensuite, il nous faudra développer la poésie en tant que moyen d’expression des pensées et des sentiments, au-delà du mot.Afin de lier ce qui aura été développé auparavant, nous tenterons, en synthèse, de montrer que l’écriture se met au service de la pensée, que les idées et les mots sontcomplémentaires.
Tout comme Baudelaire, Rimbaud, Verlaine ou encore Valéry qui disait « Nul ne s’était risquer à représenter le mystère de toute chose par le mystère du langage »,Mallarmé appartient donc au symbolisme qui oscille entre des formes capables à la fois d'évoquer une réalité supérieure et d'inviter le lecteur à un véritabledéchiffrement : d'abord voué à créer des impressions, notamment par l'harmonie musicale des mots.En effet, le mot est pour la poésie et le vers un matériau essentiel, majeur selon Mallarmé.
Il est « pluriel », polyvalent, puisqu’il offre une multitude de possibilitésconcernant le sens et le son.
Baudelaire, de cet avis, disait dans son œuvre Les Fleurs du Mal, considéré comme un ancêtre du symbolisme la chose suivante: « Lesparfums, les couleurs et les sons se répondent.
»C’est la succession de mots qui construit le vers, qui fabrique la rime.
Il est un « outil » comme l’écrit Tardieu dans son poème Outils posés sur une table.
Il estcomme le décor au théâtre, le déguisement, le vêtement du poème, comme la palette de couleur du peintre.
Il doit plaire, attirer, séduire, toucher et Mallarmé disait àce sujet : « Peindre non la chose, mais son effet.
»Le poète apprivoise les mots comme les mots se servent du poète.
Ils sont complémentaires, complices et vont jusqu’à former « un couple heureux » selon Bosquetdans Un jour après la vie.Les mots ont même droit à une personnification.
En effet, Queneau, dans La Chair chaude des mots propose ceci au lecteur : « Et sens leur cœur qui bat comme celuidu chien », pour laisser vivre les mots et leur impact.
Evidemment, la poésie ne se résume pas à uniquement à choisir une liste de mots que l’on va additionner pour former un vers, puis un poème.
La poésie, à touteépoque, est utilisée par les poètes comme moyens de communication, de transmission, de revendication.La poésie engagée est une poésie d’idées revendiquées.
Victor Hugo la représente parfaitement et s’oppose Mallarmé en ces termes : «Les mots manquent auxémotions ».
Il est un intellectuel engagé socialement et politiquement.
La poésie est pour lui un « messager » de ses idées.
Il écrit par exemple deux romans où ilprésente son dégoût de la peine de mort : Le Dernier Jour d’un condamné et Claude Gueux.
Ici donc, c’est l’envie d’exprimer un ressenti, une opinion qui amènepoète à poser des mots sur ses convictions, afin de les partager.La poésie se veut également lyrique, et l’inspiration est ici aussi importante que les mots, puisqu’elle va puiser dans les sentiments profonds, dans l’amour, dans lesrêves, les désirs, l’éphémère.
Elle parle de la mort, de la vie, de la nature, du rapport à l’autre, de la condition humaine.
Adepte de cette poésie, Victor Hugo s’entoured’autres poètes comme Lamartine, Apollinaire, Alfred de Musset, Aragon qui poseront des mots sur des émotions difficiles à relater et c’est de ce désir brûlantd’exprimer ce qui se cache à l’intérieur de leurs pensées, de leurs âmes que naît leurs poèmes : « Et ma vie pour tes yeux lentement s’empoisonne » (Apollinaire, Lescolchiques)
Les émotions ont besoins des mots pour tenter d’êtres expliquées, et les mots prennent vies grâce aux sentiments qu’ils représentent.
Idées et mots, des rôles définisqui ne formeront plus qu’un.
Unis pour plus de force.Il est donc possible de dire que l’écriture se met au service de la pensée.
Même si les mots sont l’outil, la forme, il n’empêche pas moins que l’idée constitue le fond,et qu’elle va venir renforcer les mots, autant que les mots choisis renforcent l’idée.Pour les Parnassiens l’art n'a pas à être utile ou vertueux et son seul but est la beauté.
C'est la théorie de « l'art pour l'art » de Théophile Gautier.
Pourtant, quedeviendraient tant de pensées, si les mots ne les figeaient pas sur papier ? Doit-on réduire la poésie comme seul élément de beauté ? N’est ce pas interdire aux poèteslyriques de s’exprimer comme bon leur semble, alors que les vers sont un moyen d’immortaliser une pensée ?
« Ce n’est point avec des idées qu’on fait des vers… c’est avec des mots.
» cette formule de Mallarmé aura permis l’analyse séparée d’une part du pouvoir des motsdans un poème, d’autre part de ce que doit contenir ou non la poésie, en l’occurrence l’expression des sentiments.Aujourd’hui, il peut probable d’envisager une poésie sans fond, bien que la maîtrise de la langue soit un art à elle seule.En effet, c’est la complémentarité de ces deux éléments que nous avons tenter de mettre en évidence autour de ce sujet..
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