Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi leshommesJean-Jacques RousseauLe premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gensassez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile.
Publié le 22/05/2020
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1 / 2 Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les
hommes
Jean-Jacques Rousseau
Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens
assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile.
Que de crimes, de
guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargnés au genre
humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables :
Gardez-vous d'écouter cet imposteur ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits
sont à tous, et que la terre n'est à personne.
Mais il y a grande apparence, qu'alors les
choses en étaient déjà venues au point de ne pouvoir plus durer comme elles étaient ;
car cette idée de propriété, dépendant de beaucoup d'idées antérieures qui n'ont pu
naître que successivement, ne se forma pas tout d'un coup dans l'esprit humain.
Il fallut
faire bien des progrès, acquérir bien de l'industrie et des lumières, les transmettre et les
augmenter d'âge en âge, avant que d'arriver à ce dernier terme de l'état de nature.
Reprenons donc les choses de plus haut et tâchons de rassembler sous un seul point de
vue cette lente succession d'événements et de connaissances, dans leur ordre le plus
naturel.
Le premier sentiment de l'homme fut celui de son existence, son premier soin celui de
sa conservation.
Les productions de la terre lui fournissaient tous les secours
nécessaires, l'instinct le porta à en faire usage.
La faim, d'autres appétits lui faisant
éprouver tour à tour diverses manières d'exister, il y en eut une qui l'invita à perpétuer
son espèce ; et ce penchant aveugle, dépourvu de tout sentiment du c œur, ne produisait
qu'un acte purement animal.
Le besoin satisfait, les deux sexes ne se reconnaissaient
plus, et l'enfant même n'était plus rien à la mère sitôt qu'il pouvait se passer d'elle.
Telle fut la condition de l'homme naissant ; telle fut la vie d'un animal borné d'abord
aux pures sensations, et profitant à peine des dons que lui offrait la nature, loin de
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- « Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : « Ceci est à moi » et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. » Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes. Commentez cette citation ?
- Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : « Ceci est à moi » et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes. Commentez cette citation.
- « Vous oubliez que les fruits sont a tous, et que la terre n'est à personne. » Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes. Commentez cette citation ?
- « Qu'on admire tant qu'on voudra la société humaine, il n'en sera pas moins vrai qu'elle porte naturellement les hommes à s'entre-haïr, à proportion que les intérêts se croisent, à se rendre mutuellement des services apparents et à se faire, en ejfet, tous les maux imaginables. »J.-J. Rousseau (note 9 du Discours sur l'inégalité). ®
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