Discours prononcé à l'Hôtel de Ville de Paris le 25 août 1944 par le général De Gaulle ?
Publié le 16/05/2020
Extrait du document
«
1.
Présenter le document.2.
Comment Paris a-t-il été libéré ?3.
Que veut dire l'auteur par « devoirs de guerre » ?4.
Pourquoi De Gaulle insiste-t-il sur le rôle des Français pendant la guerre ?
Le sujet
Un sujet sur la Libération ne saurait surprendre.
Il convient de bien connaître les événements militaires mais aussi le contexte particulierde la France en 1944.
En outre, De Gaulle est un des grands personnages historiques dont la biographie doit être maîtrisée.
Le document
Il s'agit d'un grand classique.
Ce discours oral est à la fois préparé de longue date — chacun des termes étant soigneusement pesé — eten partie improvisé.
De Gaulle ne souhaitait pas se rendre le jour même à l'Hôtel de Ville où l'attendaient les membres du CNR, mais yintervint volontiers, se laissant gagner par l'émotion qui lui fit prononcer ce très bel hommage au peuple de Paris.
1.
Présentation du document
Ce discours célèbre a été prononcé le lendemain de la libération de Paris par le général De Gaulle, en tant que chef du GouvernementProvisoire de la République Française.
Sous-secrétaire d'État-à la Guerre dans le gouvernement de Paul Reynaud en juin 1940, De Gaulleétait favorable à une capitulation qui aurait laissé le pouvoir libre de poursuivre la guerre dans l'empire colonial ou depuis le Royaume-Uni.
Il refuse l'armistice demandé par le maréchal Pétain et rejoint Londres le 18 juin, d'où il lance un appel à la Résistance sur les ondesde la BBC.
Relativement isolé audépart, il est reconnu «chef des Français libres » par Churchill, reçoit le ralliement de l'Afrique équatoriale française à la fin de l'été 1940,crée le Conseil de défense de l'Empire à Brazzaville en octobre et exerce son autorité sur les Forces Françaises libres (FFL).
C'est parl'entremise de Jean Moulin que les mouvements de résistance intérieure se rallient à lui en 1942 et qu'est créé le Conseil National de laRésistance (CNR) en mai 1943.
Après avoir coprésidé le Comité Français de Libération Nationale (CFLN) de mai à novembre 1943, il endevient le seul chef et organise à Alger un véritable État incarnant la continuité de la République, doté d'une Assemblée consultative etd'une armée de 500000 hommes.
Par une ordonnance du 3 juin 1944, le CFLN se transforme en Gouvernement Provisoire de laRépublique Française avec De Gaulle à sa tête, lequel est immédiatement reconnu par les alliés.C'est en habit de général de brigade que De Gaulle se rend d'abord au ministère de la Guerre qu'il avait quitté le 17 juin 1940, signifiantpar ce geste qu'il était dépositaire de la continuité de l'État républicain, qui se serait ainsi réfugié avec lui à Londres et réorganisé à Alger.Ce n'est qu'ensuite qu'il va à l'Hôtel de Ville, au balcon duquel il rend ce vibrant hommage au peuple de Paris qui s'est insurgé contrel'occupant allemand.
Ainsi, la légitimation populaire doit-elle consacrer la légitimité originelle dont il se réclame.
Ce discours apparaît aussicomme un discours de combat, exaltant le peuple de France à poursuivre la lutte.
2.
La libération de Paris
De Gaulle évoque d'abord l'émotion partagée de voir Paris libéré, après avoir été « outragé », « brisé » et « martyrisé » par l'occupant.Paris a d'abord été « libéré par lui-même, libéré par son peuple ».
En effet, le principe d'une insurrection a été décidé par la Résistance dela capitale après le débarquement des troupes alliées en Normandie, d'autant plus que les Américains voulaient contourner la régionparisienne, où le général von Choltitz disposait d'une centaine de chars et de 17 000 hommes.
Le soulèvement débute le 19 août 1944,surprenant l'état-major allemand.
De nombreuses positions sont rapidement acquises (préfecture de police, Hôtel de Ville, mairiesd'arrondissement, ministères...).
Toutefois, de crainte que le piège ne se referme sur eux, les insurgés négocient une trêve le 20 août.Mais elle ne fait pas l'unanimité au sein du Conseil National de la Résistance.
Aussi, pour éviter qu'une longue guérilla populairen'aboutisse à une hécatombe et n'entretienne les divisions des résistants (Bidault, Chaban-Delmas, les FTP, les FFI commandés par lecommuniste Rol-Tanguy, etc.), le général Eisenhower se résoud à faire appuyer l'insurrection par les troupes de la 2e Division Blindée dugénéral Leclerc le 22 août.
Le soulèvement reprend alors.Ainsi, Paris a aussi été libéré « avec le concours des années de la France ».
Les troupes de la 2' DB entrent le 24 au soir dans une capitalecouverte de barricades, en proie à une guerre de quartiers contre les Allemands.
Le 25 juin à 15 h 30, le général von Choltitz signe uneconvention de reddition au PC de Leclerc, en gare Montparnasse.
Les combats se poursuivent néanmoins sporadiquement jusqu'aulendemain.
Au total, l'insurrection fait 3 000 morts et 7000 blessés parmi les FFI et la population civile.En définitive, la libération de Paris été obtenue « avec l'appui et le concours de la France tout entière, de la France qui se bat, de la seuleFrance, de la vraie France, de la France éternelle », c'est-à-dire avec le concours de l'ensemble des résistances (intérieure et extérieure)réunies, la seule France légitime aux yeux du général De Gaulle, celle qui ne s'est jamais résignée à la défaite.
3.
Les «devoirs de guerre» de la France
Une fois Paris libéré, il faut encore chasser les Allemands du reste du territoire français.
En effet, « l'ennemi chancelle mais il n'est pasencore battu.
Il reste sur notre sol» précise De Gaulle.
C'est pourquoi il lui paraît indispensable que les alliés poursuivent leur progressionet que tous les Français réunis participent aux combats, en tout point du pays : la résistance intérieure, mais aussi les Forces Françaiseslibres, débarquées en Provence le 15 août (« la grande armée française d'Italie » qui « remonte rapidement la vallée du Rhône »), quidépendent du GPRF et qui sont commandées par le général de Lattre de Tassigny.La « victoire totale et complète » sur l'Allemagne ne sera obtenue que lorsque les Français et leurs alliés seront entrés « sur son territoire».
C'est une différence avec la Première Guerre mondiale, où le sol allemand n'avait pas été foulé avant que l'armistice ne soit signé, cequi avait alimenté les sentiments de vengeance et de frustration d'une population (ou, du moins, d'une partie d'entre elle) qui ne s'étaitpas avouée vaincue.
C'est donc la campagne d'Allemagne que les Français sont invités à préparer maintenant.
4.
Le rôle des Français pendant la guerre
De Gaulle insiste sur « l'unité nationale » nécessaire au « devoir de guerre » des Français.
Il veut ainsi exorciser les vieux démons de ladivision et de la résignation, qui avaient conduit à la conclusion de l'armistice, le 25 juin 1940.
Le pays y avait perdu sa dignité et pouvaitêtre considéré, du fait de la collaboration d'État qui a suivi, comme faisant partie du camp de l'Allemagne.
L'ensemble des résistances estassimilé à «la France tout entière », la 2e DB est considérée comme « l'avant-garde française », les FFL, qu'il a envoyées se battre enTunisie, en Corse et en Italie avant qu'elles ne débarquent en Provence, sont qualifiées de « grande armée française d'Italie ».
Tout levocabulaire que De Gaulle emploie vise donc à réhabiliter la France aux yeux des alliés et à la placer dans le camp des vainqueurs, enemportant l'adhésion de toutes ses composantes..
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