Discours de Priam devant Achille. Comment la parole joue-t-elle un rôle décisif lors de cette scène?

« Exemple de réponse rédigée : analyse du discours de Priam devant Achille. Comment la parole joue-t-elle un rôle décisif lors de cette scène ? Ce passage se caractérise par la présence très forte du pathos.

Priam développe face à Achille un discours de prière et de supplication.

L’appel à la compassion se fait par le procédé de l’impératif « Prends pitié » qui essaie désespérément de fléchir l’interlocuteur.

L’insistance de Priam sur son statut de victime participe également au pathos.

Priam développe ainsi un contraste entre un passé glorieux de bonheur et un présent funèbre marqué par la souffrance et la perte : « j’avais aussi des fils vaillants…il ne m’en reste plus aucun » .

Le ton de la plainte se retrouve dans la périphrase à valeur pathétique, par laquelle Priam se désigne lui-même : « Moi, pauvre infortunée ».

La fin du discours constitue enfin le point culminant du pathétique, en soulignant le caractère exceptionnel et profondément paradoxal de l’événement.

Le rapprochement entre le vocabulaire de l’affection « porté à mes lèvre » et celui du crime « la main du meurtrier de mon fils » crée un contraste saisissant, souligné encore par la tournure hyperbolique : « j’ai fait ce qu’aucun mortel n’a fait sur cette terre.

» Priam déploie une forme de persuasion efficace, propre à changer les dispositions hostiles d’Achille.

Il débute son discours par une apostrophe………………………………….

( =élogieuse), « divin Achille », montrant ainsi qu’il reconnait la valeur de son interlocuteur, présenté comme un héros digne de respect.

Le discours commence donc par une forme de captatio …………………………………… ( technique consistant à s’assurer, d’entrée de jeu, la sympathie de son auditoire).

La mention des « riches présents » que Priam a apportés renforce cette stratégie de captatio.

L’efficacité de l’argumentation réside également dans l’appel au sens moral.

Priam cherche à faire prendre conscience à Achille des devoirs qu’il a envers son père et envers les Dieux.

Deux impératifs rappellent ces exigences éthiques et religieuses qu’Achille se doit de respecter : « Crains et respecte les dieux ».

Enfin, l’évocation répétée du père d’Achille s’inscrit dans une stratégie très efficace de persuasion, qui doit permettre de rapprocher les deux interlocuteurs.

Priam joue sans cesse sur des analogies entre sa situation et celle du vieux père d’Achille.

L’image de celui-ci doit donc venir se superposer dans l’esprit d’Achille à celle de Priam. Cette fin de l’épopée apparaît ici exemplaire du pouvoir de la parole.

Celle-ci favorise le rétablissement d’une communauté humaine et transcende les antagonismes entre adversaires.

Elle conduit à un rapprochement entre les hommes, matérialisé par les pleurs et les gestes de respect mutuel qui suivent ce discours.

Le discours de Priam restaure ainsi un part d’humanité en Achille, en mettant fin à sa colère.

L’éloquence permet donc d’extirper les passions les plus destructrices.

La parole s’affirme ici comme remède à un enchaînement de violence et de vengeances, elle apparaît comme un mode de régulation des conflits.

Toutes les valeurs humaines semblent ici liées à cet emploi de la parole réconciliatrice. Notions à connaître : Ce discours concilie les deux usages principaux du langage : la fonction…………………………………….

( extérioriser ses sentiments) et ……………………………………….

( agir sur son interlocuteur ). »