Devoir Maison sur "Suis-je ce que mon passé à fait de moi ?"
Publié le 02/05/2023
Extrait du document
«
Suis-je ce que mon passé a fait de moi ?
Intro
Cette question met en cause le rapport entre le temps et la liberté de soi : d’un premier point de vue, il est
bien évident que je suis ce que mon passé a fait de moi, puisque ce que je suis repose tout entier dans ce que
j’ai été et vécu jusqu’ici ; mais, inversement, l’on pourrait arguer que mon passé est justement, par
définition, passé, derrière moi, et que, je suis au présent, détaché et différent de mon passé.
Si mon passé est
vraiment mien, alors je dois pouvoir m’en dispensé, au présent, et m’en affranchir librement, comme bon me
semble, de façon à être un « je » sujet et non plus un « moi » objet.
Mais alors, l’on pourrait se demander ce
qu’il reste de ce « moi » affranchi de tout passé, qui pourrait n’être dès lors qu’une coquille vide, une
abstraction ou même une illusion .
Ainsi, nous tâcherons de résoudre le problème posé en plusieurs parties.
Nous montrerons d’abord que le moi est bien, avant tout, le produit de son passé : son passé détermine son
présent de façon continue, et qu’il est un lien entre le présent et le passée.
Cependant, une telle conception
fragilise la distinction entre le passé et le futur, ce qui nous portera à défendre que le moi est au contraire
d’autant plus lui-même qu’il s’affranchit librement de son passé, qui n’est passé justement qu’en relais entre
les deux périodes par le moi.
Toutefois, cette position fragilise cette fois le moi lui-même, qui risque de voir
son identité réduite ; aussi, nous avancerons que le moi est libre justement en tant qu’il embrasse activement
tout son passé pour créer quelque chose de nouveau dans le présent.
Le moi se comprend avant tout par son passé, et il n’est en effet rien d’autre que le déploiement de ce
passé dans le présent.
Cette conception du moi conduit à décrire son développement comme continuité, sans
brisure entre le passé et le présent.
Nous verrons cependant que cette position est limitée, la distinction entre
le passé et le présent ce fait autant plus que le lien.
Si l’on nous demande « qui êtes-vous ? », l’on répondra par notre nom, notre profession, voire nos goûts et
expériences.
Dans tous les cas, ces réponses reposent sur des événements passés : tout ce qui me définit et
identifie semble ainsi puiser dans ma mémoire et mon passé.
Ce que je suis semble donc consister en
l’ensemble de mon passé, depuis ma naissance jusqu’à aujourd’hui.
De la sorte, mon identité ne consiste pas
seulement en ma mémoire, mais aussi en mon passé inconscient : je ne suis pas seulement tout ce dont je me
rappelle, mais ce que je suis devenue aujourd’hui, comme mon caractère, est produit par ce que j’étais dans
ma toute petite enfance, dont je n’ai aucun souvenir.
En outre, mon identité est quelque chose de simple.
L’on peut ainsi affirmer que mon identité, à travers mon passé, témoigne d’une essence toujours en
développement.
Cette position est celle que défend Leibniz : D’après le philosophe, la perception n’est rien
d’autre que la synthèse de cette multiplicité à chaque instant du présent.
Mon passé n’est ainsi rien d’autre
que l’ensemble de mes perceptions précédentes.
En outre, étant donné que chaque substance a l’ensemble de
son identité comprise dans une essence qui se déploie dans le temps, et que cette essence est la même une
fois pour toutes, il faut admettre que mon essence est déterminée de toute éternité, et que mon présent
procède de mon passé de façon nécessaire, sans que j’aie le choix de transformer cette essence.
Ainsi, si je
suis ce que mon passé a fait de moi, ma liberté est extrêmement réduite, et mon présent tout entier est produit
par mon passé, sans que le présent apporte quelque chose de nouveau.
Ainsi, comme l’écrit Leibniz, « tout
présent état d’une substance simple est naturellement une suite de son état précédent, tellement que le présent
y est gros de l’avenir ».
Ainsi, la substance simple que je suis, ou monade, peut se comprendre
comme déploiement immanquable et déterminé de son essence dans le temps, de sorte que le présent n’est
rien d’autre que le déploiement nécessaire du passé.
Cette position implique que la production de mon présent par mon passé soit parfaitement continue, sans
rupture, puisque tous les événements de mon présent sont le déploiement prévu d’avance de mon passé : si je
suis libre, ma liberté ne me permet pas d’interrompre ce déploiement nécessaire, elle ne me permet pas
d’introduire une discontinuité.
Néanmoins, l’on peut arguer que cela n’est pas suffisant pour se considérer comme libre, c’est-à-dire comme
détaché de la chaîne des causes déterminées, capable de s’en abstraire pour être soi-même le commencement
absolu d’une nouvelle chaîne d’effets.
C’est ainsi que Kant critique la position de Leibniz dans la Critique de
la Raison pratique : pour lui, la liberté selon Leibniz « ne serait au fond pas meilleure que la liberté
d’un tournebroche qui, lui aussi, une fois qu’il a été remonté, accomplit son mouvement de lui-même ».
Ce
déploiement automatique du passé vers le présent rend ainsi problématique l’attribution à l’homme d’une
forme authentique de liberté.
Plus grave, cette position compromet la distinction entre le passé et le présent : si mon présent n’est rien
d’autre que le déploiement de mon passé, L’existence même du présent simple indiquer qu’il existe une
rupture, une cassure réelle entre le passé et le présent.
Ainsi, si nous concevons strictement le moi comme nécessairement ce que mon passé a produit, sans
écart et sans nouveauté introduite par le présent, non seulement le concept de liberté est fragilisé, mais c’est
la distinction même entre le passé et le présent qui doit être remise en question.
Or, cette distinction est parmi
les choses les plus évidentes de notre expérience.
Il semble donc qu’il nous faille dépasser notre première
position, en envisageant que je puisse ne pas être ce que mon passé a fait de moi.
Le philosophe Jean-Paul Sartre dans L’Être et le néant mobilise le concept de liberté pour comprendre la
différence entre le présent le passé.
Son analyse se fonde sur une conception de la liberté comme néant, c’està-dire comme vide ou indépendance que le sujet qui dit je introduit dans les objets qu’il appréhende.
Parce
que le moi est conscient, parce qu’il est lui-même.
Comme la conscience introduit un néant dans ce qu’elle
est elle-même, elle n’est pas ce qu’elle est.
Ce néant est manifeste dans le rapport du passé au présent : je
suis, au présent, mon passé derrière le moi, toutefois, je le suis sur le mode de l’avoir-été, qui est séparé de
moi par un néant.
Comme l’écrit Sartre : « La liberté c’est l’être humain mettant son passé hors de jeu en
sécrétant son propre néant.
» Mon passé est ce que je suis sur le mode de l’en-soi, c’est-à-dire sur le mode de
l’être définitif, immuable ; mais mon présent, lui, je le suis sur le mode du pour-soi, libre et ouvert sur tous
les possibles.
La distinction même entre le passé et le présent nous permet ainsi de répondre par la négative :
je ne suis pas ce que mon passé a fait de moi, et même, je ne suis moi-même que dans la mesure où je traite
mon passé comme passé, c’est-à-dire comme quelque chose d’anéanti, que je peux reléguer et dont je peux
m’affranchir.
Cependant, notre première thèse n’est pas pour autant entièrement invalidée : certes, je ne....
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