devoir de philo
Publié le 23/05/2020
Extrait du document
«
Peut-on être en conflit avec soi même? Ce sujet pose problème, car il suppose que nous
ne sommes pas en accord avec nous-même.
À première vue, cela semble impossible: comment
pourrait-on être en désaccord avec sa propre personne? Serais-je alors mon propre adversaire?
Mais quelles seraient les causes de ce rapport conflictuel? Nous ne sommes qu’une seule
personne, car soi-même n’est pas les autres or un conflit implique une opposition entre deux
termes.
Cela paraîtrait illogique que quelque chose en moi s’oppose à moi.
N’existerait-il alors
pas deux moi-même: un « je » qui m’est propre et un « moi », correspondant à la représentation
de ce que je pense être? Les conflits seraient-ils donc internes, liés à l’incompréhension de mon
être? Proviennent-il d’un possible décalage entre ce que je souhaite être et ce que je suis
vraiment? Sommes nous gouvernés par nos pulsions animales, l’influence de la société, ou bien
sommes-nous libres de choisir ce que nous souhaitons être? Pouvons nous suivre nos passions
ou devons nous suivre la raison? Tout ceci nous pose problème, et nous pousse à nous remettre
en question.
Pouvons-nous donc être réellement nous-mêmes? Qu’est-ce qui s’oppose, chez moi, pour
provoquer un conflit intérieur ? Est-il donc possible d’être en désaccord avec nous même?
Dans un premier temps, nous nous pencherons sur la contradiction des désirs qu’il y a en
nous et qui nous impose donc à être en conflit avec soi-même.
Cela nous amène, en second
lieu, à discuter du conflit des désirs et de la raison qui provoque le scandale de la déchirure.
I.
De la contradiction des désirs en nous au conflit avec soi-même
Lorsque, dans le Gorgias , Calliclès reproche à Socrate de « toujours dire la même
chose », celui-ci renchérit : il ne dit pas simplement la même chose, il dit toujours « le même
du même » ; c'est Calliclès au contraire qui « ne dit jamais la même chose », c'est-à-dire qui ne
cesse de se contredire.
Ce sont en effet les « meilleurs », répète inlassablement ce dernier, qui
méritent le pouvoir ; mais lorsqu'il s'agit de définir qui sont ces meilleurs, il proclame tantôt
que ce sont les plus forts, tantôt les plus habiles, tantôt les plus courageux – trois
déterminations qui à l'évidence ne se recoupent pas, puisqu'on peut avoir la force sans
l'intelligence ni le courage (telle la brute qui frappe celui qui est moins fort que lui pour le seul
plaisir de le frapper), le courage sans l'intelligence (c'est-à-dire la témérité qui ne pèse pas les
risques), l'intelligence sans la force.
Calliclès se contredit : il ne peut donc qu'avoir tort, puisque
deux propositions contradictoires ne sauraient être vraies ensemble, quel que soit par ailleurs
leur contenu.
Et plus Socrate le lui fait remarquer, plus il s'empêtre et s'emporte : celui qui se
contredit supporte rarement qu'on le contredise, c'est-à-dire qu'on lui apporte l'épreuve de la.
»
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