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déviance.

Publié le 08/12/2021

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déviance. n.f., type de conduite qui place un individu en dehors d'un ensemble de règles
sociales établies. Issues des préoccupations des criminologues et menées initialement sur
des populations incarcérées, les analyses des déviances sont à présent surtout le fait des
sciences humaines et sociales, qui les étudient à partir d'échantillons de populations beaucoup
plus larges.

Guérir la société de ses déviances.
Les théories dominantes de la déviance, jusqu'aux années soixante, ont été
fonctionnalistes et américaines, bien qu'elles aient été inspirées par une distinction
durkheimienne : dans les sociétés modernes, certains comportements déviants sont
normaux (ou peuvent être tolérés dans l'intimité), alors que d'autres sont pathologiques
(les conduites anomiques). Selon Talcott Parsons, les rôles sociaux (définissant un rapport
entre le système de la personnalité et le système social) sont réglés par des normes qui ne
sont pas dépourvues d'ambivalence. Il peut donc s'introduire un déséquilibre entre les deux
systèmes, qui est source de comportements déviants. Mais les personnes disposent de
mécanismes de réparation de ces écarts (l'apprentissage, les mécanismes de défense) et
le système social également (la socialisation, le contrôle social). Parsons construit une
typologie des déviances selon trois composantes : la conformité (conformistes/nonconformistes), l'activité (actifs/passifs), l'orientation de l'action (vers les personnes/vers
les normes) : ainsi, le rebelle est un non-conformiste actif, dont l'action peut être dirigée
vers les personnes, à la différence de l'innovateur, dont l'action est dirigée vers les normes,
et à la différence du ritualiste, qui est un conformiste passif, dont l'action est dirigée vers
les normes, etc. Cette théorie a été critiquée, car elle n'intègre pas le changement social et
elle ne tient pas compte du coût psychique et social des mécanismes d'adaptation.

De l'étiquetage à l'État-providence.
C'est pourquoi une autre analyse des déviances, celle qu'inspire l'interactionnisme
symbolique, a dominé les années soixante-dix. Elle repose sur la théorie de l'étiquetage
(labelling) : les déviances pathologiques, même circonstancielles, provoquent une réaction
de l'entourage, qui les stigmatise sous la forme d'une étiquette plus ou moins durable
(« C'est un fugueur «). Cette étiquette est intériorisée par le déviant qui semble par la suite
vouloir s'y conformer (« Je ne serai jamais qu'un fugueur «). Dans une société où le
contrôle social devient de plus en plus puissant, ces artefacts sont particulièrement
construits par des corps professionnels spécialisés, comme ceux des travailleurs sociaux et
des psychologues, qui se comportent comme des « mafias professionnelles «. Ils ont
intérêt à se construire une clientèle permanente, et ils peuvent d'autant plus le faire qu'une
partie de la jeunesse est en quête d'identité. Cette critique des mafias professionnelles se
traduit par un changement d'attitude face à la déviance, qui cesse d'être a priori un mal à
éradiquer. Elle a profondément marqué les travailleurs sociaux, tout au long des années
soixante-dix et quatre-vingt, les conduisant souvent à remettre en cause leur pratique : le
fonctionnalisme leur avait fourni des techniques de traitement de la déviance et ils ont
découvert qu'elles ne sont pas neutres. Malgré les défauts de cette théorie, trop centrée
sur l'étude des corps professionnels, de nombreux courants contemporains ont défini leur
champ d'action à partir de ce renversement de perspective sur la déviance. C'est en liaison
avec une analyse de la naissance de l'État-providence (analyse qui n'existait pas dans le
courant interactionniste) qu'est née l'idée d'une société qui développe elle-même des
organismes sociaux pour canaliser le traitement des déviances. En France, dans la lignée
de Michel Foucault et de Robert Castel, on s'efforce de montrer comment les institutions
sociales travaillent à repérer les sources de résistance que sont les déviances, non plus
pour les traiter comme dangereuses, mais pour les intégrer comme « groupes à risques «.
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Les corrélats
criminologie
Durkheim Émile
étiquetage
fonctionnalisme - 2.SCIENCES SOCIALES
Foucault Michel
interactionnisme
Parsons Talcott

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