DESCARTES: vie et système philosophique

« DESCARTES (1596-1650) L'enfance et l'adolescence de RENÉ DESCARTES, gentilhomme poitevin, sont extrêmement studieuses : huit annéeschez les jésuites de La Flèche, puis une formation de juriste.

Il devient ensuite officier dans l'armée hollandaise, etpendant une dizaine d'années, il mène une vie d'aventures.

Mêlé aux événements de la guerre de Trente ans, « cegrand capitaine de l'esprit», comme l'appelle Paul Valéry, parcourt l'Allemagne, la Hollande, la Suisse et l'Italie.Pendant l'hiver de 1619, au cours d'une longue méditation dans un poêle (une chambre chauffée par un poêle), ildécouvre le principe de sa méthode.

A Paris, où Il séjourne de 1626 à 1628, il a déjà la réputation d'un espritéminent.

Il se décide alors à suivre sa vocation de philosophe et, pour travailler en paix, il se retire en Hollande, où ilvivra vingt ans.

En 1649, cédant aux instances de Christine de Suède, il se rend à Stockholm.

Ses entretiens avecla reine ont lieu à, cinq heures du matin, par un hiver glacial.

Il prend froid et meurt d'une pneumonie. PRINCIPALES ŒUVRESDiscours de la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences (1637).Méditations sur la philosophie première, dans lesquelles l'existence de Dieu et l'immortalité de l'âme sont démontrées(publiées d'abord en latin en 1641, puis traduites en 1647).Principes de la philosophie (publiés d'abord en latin en 1644, puis traduits en 1647).

Ils contiennent l'essentiel de laphysique de Descartes.Traité des passions de l'âme (1649). LA DOCTRINE DE DESCARTES Il pense que la raison existe chez tous les hommes, qu'elle est apte à découvrir la vérité non seulement dans ledomaine de la science et de la philosophie,mais dans celui de la morale.

Il suit une méthode prudente, qui consiste à progresser pas à pas, en déduisant lespropositions les unes des autres.

Toutefois, il fait également appel à l'intuition, particulièrement pour sadémonstration de l'existence de Dieu, qu'il fonde sur le sentiment que nous avons de la perfection.Le monde lui apparaît constitué de deux substances, la pensée et la matière.

Chez l'être humain, ces deuxsubstances sont associées, et l'âme peut agir sur le corps.

Partout ailleurs, y compris chez l'animal, il n'y a que lamatière.

Celle-ci est soumise à des lois; des rapports, des proportions que l'on peut découvrir a priori.

En morale,Descartes fait confiance à notre libre-arbitre, qui « nous rend en quelque façon semblables à Dieu en nous faisantmaîtres de nous-mêmes, pourvu que nous ne perdions point par lâcheté les droits qu'il nous donne ».Le système dé Descartes est une protestation contre le scepticisme, l'affirmation et la démonstration qu'un ordreharmonieux règne dans l'univers, « le contraire exactement de l'existentialisme moderne » (A.

Adam) DESCARTES ET LE CLASSICISME La pensée cartésienne n'a pas eu d'action directe sur la formation du classicisme, et les écrivains classiques luidoivent peu.

Sans doute, l'idée que les règles peuvent se déduire de quelques propositions évidentes estproprement cartésienne.

D'autre part, Boileau comme Descartes admet l'existence d'une raison universelle, dont lesprincipes sont valables pour tous les hommes.

Mais sur certains grands classiques tels que Molière ou Racine,l'influence de Descartes fut à peu près nulle.D'ailleurs la grande vogue du cartésianisme se situe après I 66o, c'est-à-dire à une époque où la doctrine classiqueest déjà constituée.

Il existe alors une sorte de parti cartésien, qui se recrute surtout dans les salons mondains etla bourgeoisie de robe.

Sous l'action de la mode, certaines notions de la physique cartésienne deviennent familièresau public cultivé : les tourbillons (mouvements circulatoires de la matière), les esprits animaux (éléments subtils dusang qui établissent la Raison entre l'âme et le corps), les animaux machines. DESCARTES ET « LES PHILOSOPHES » A la fin du XVIIe siècle, lorsque le mouvement libertin reprend vigueur, il s'appuie sur la doctrine de Descartes.Pourtant, Descartes est l'undes penseurs les plus profondément religieux de son siècle.

L'existence de Dieu s'impose à lui avec la force d'uneévidence.

Mais trop indifférent au christianisme historique, il s'élève à la notion d'un Dieu abstrait, dans lequel on nereconnaît plus le Dieu de l'Église.

Ce philosophe si ennemi du scepticisme a les audaces d'un esprit fort.

C'estpourquoi Bayle, Fontenelle et leurs continuateurs utilisent le rationalisme cartésien comme une arme contre lareligion révélée.. »